Voici une interview donné au magasine Animeland en avril 2000. Il revient sur ce qui l'a conduit au doublage et à l'interprétation. L'entretien revient également sur l'aventure "Nicky Larson" et sur le doublage tant décrié.
[Q: Animeland] Vincent, bonjour! Comment êtes-vous devenu comédien?
[R: Vincent Ropion] J'ai commencé très tôt, à l'âge de onze ans. Je peux dire que c'est vraiment grâce à ma mère, qu'aujourd'hui, je fais ce métier. Elle baignait déjà dans le milieu du spectacle, car elle était danseuse, et elle m'a proposé de faire de la figuration dans des films, pour voir si ça me plairait. J'ai débuté, en tant que figurant dans Les aventures de Rabbi Jacob, puis, j'ai rencontré des comédiens qui m'ont envoyé vers une audition théâtrale de la Comédie Française pour jouer Jous, dans Athalie de RACINE. J'ai été retenu et j'ai alors commencé à jouer au théâtre. A partie de là, j'ai enchaîné, toujours en tant qu'enfant, des pièces et des tournages. Adolescent, j'ai commencé à prendre des cours, car j'en avais besoin malgré mes premières expériences, puis, j'ai recommencé à tourner et à jouer au théâtre.
[Q: Animeland] Comment êtes-vous venu au doublage?
[R: Vincent Ropion] C'est toujours grâce à ma mère qui voulait que j'essaie tous les domaines du métier de comédien. Je faisais déjà beaucoup de publicité radio, et j'ai fait des essais dans différents studios. Mon premier doublage a été sur les films de Tarzan qui étaient redoublés, à l'époque, où je faisais le petit Boy, on était en 1976, et j'avais treize ans.
[Q: Animeland] Et votre premier dessin animé?
[R: Vincent Ropion] Le plus ancien fut Candy où je doublais Anthony. Je garde de nombreux souvenirs de ces moments, mais en revanche, je ne supporte pas ma voix quand je la réécoute aujourd'hui. J'avais quatorze ans et j'avais une épouvantable voix de canard... A la même époque, j'ai aussi été en guest dans des épisodes de Goldorak.
[Q: Animeland] Quel est votre meilleur souvenir en doublage?
[R: Vincent Ropion] En dehors de très beaux longs métrages que j'ai pu doubler, il y a aussi tous les "manga" que l'on faisait à une époque, entre 1989 et 1992. Même si au départ, nous étions un peu surpris par cette nouvelle forme de dessins animés, qui était un peu spéciale et que nous ne connaissions pas, nous nous amusions énormément à les faire.
[Q: Animeland] Justement, celui vous concernant qui intéresse le plus nos lecteurs est Nicky Larson. Parlez-nous de ce doublage ...
[R: Vincent Ropion] Pour ce genre de série, nous ne faisions jamais d'essai, mais dès le début, j'ai cerné le personnage, qui avait un côté sérieux de détective et un autre plus délirant. Pour ma part, je ne voulais pas en faire un personnage trop sérieux, et comme tout était démesuré et fou, je pouvais faire n'importe quoi. Il y avait aussi une multitude de scènes coupées, que nous ne doublions pas, car elles étaient jugées un peu trop "érotiques". Parfois, nous transformions les épisodes pour que l'histoire soit adaptée aux enfants. C'est ainsi que nous avons inventé "la massue", ou "les restaurants végétariens" pour les fois où il allait à l'hôtel. Nous nous lâchions complètement et c'était vraiment très amusant.
[Q: Animeland] Il ne faut tout de même que vous sachiez que beaucoup de fans critiquent le doublage de Nicky Larson, justement à cause de ces détournements de dialogues.
[R: Vincent Ropion] A cause des "boulettes" aussi, non? C'est vrai que nous avions un directeur de plateau qui s'en donnait à coeur joie et les méchants étaient systématiquement tournés en dérision. Cela dit, moi, ça me faisait rire ! Il y a avait un cinquième degré ...
[Q: Animeland] Il y a aussi des fans qui adorent ces répliques, qui sont devenues cultes ! En fait, le public est assez partagé ...
[R: Vincent Ropion] C'était pareil sur le Collège fou fou fou ou Ranma 1/2! Au début, on essaye toujours d'être assez fidèle, mais après, quand on connaît bien la série, c'est vrai que l'on commence à déraper et on fait parfois un peu n'importe quoi. Un comédien dit une bêtise qu'on trouve amusante, que l'on garde, et ainsi de suite ... D'un autre côté, il y a, dans ce genre de doublage, une spontanéité, une certaine dynamique et une bonne humeur qui rendent le doublage plus vivant. L'idéal, c'est évidemment d'avoir le temps de faire les choses correctement. On prend ce temps pour un dessin animé japonais qui sort en 35 mm, au cinéma, mais pas pour toutes ces séries-là, qui étaient enregistrées vraiment très rapidement.
[Q: Animeland] J'ai l'impression que depuis quelques années, on vous entend beaucoup moins. Subissez-vous, comme plusieurs comédiens, les représailles de la grêve du doublage qui a eu lieu, il y a quelques années?
[R: Vincent Ropion] Oui, c'est vrai que j'ai souffert de cette grêve et les sociétés pour lesquelles je travaille actuellement ne font souvent pas beaucoup de dessins animés. En revanche, je double beaucoup plus de films cinéma qu'à l'époque des Nicky Larson.
[Q: Animeland] Chaque année, nous organisons l'Anime Grand Prix Français, qui récompense les meilleurs dessins animés. Savez-vous que depuis six ans, vous remportez régulièrement la première place dans la catégorie "Meilleure voix"?
[R: Vincent Ropion] Toujours? C'est incroyable! En effet, on m'avait parlé de ces résultats, mais je croyais que c'était juste une année, il y a longtemps; j'en suis très flatté. Je vais aussi demander à être augmenté (rires!) ...