Il faut oublier

Chapitre 16 :: Amnésie

Le nettoyeur se réveilla avec un mal de crâne atroce, ayant du mal à ouvrir les yeux, il fit des efforts considérables pour se lever. Assis, il essaya de remettre les idées en place.



Quelque bribes de la veille au soir lui revenaient, mais rien de précis. Il devait aller prendre sa mixture habituelle spéciale gueule de bois... D’un pas lent, il descendit, il entendit du bruit dans la cuisine, signe que Kaori était là.



La nettoyeuse préparait le petit déjeuner silencieusement au rythme de la radio, le silence était trop oppressant...



Ryo entra dans la cuisine.



- Bonjour, se contenta-t-il d’adresser à Kaori.

- Bonjour Ryo !

Celui-ci, comme à son habitude, se prépara sa mixture. Il s’assit et la but en faisant sa grimace habituelle.



Kaori déposa son assiette et s’assit en face de lui. Elle fut interpelée par la radio, elle avait entendu « entrepôt » shinjuku, elle se leva et augmenta le son.



« …..la police s’est rendue immédiatement sur place,pour constater qu'un effroyable carnage avait eu lieu. Un règlement de compte est sans aucun doute à l’origine de cette tuerie…Il y avait très longtemps que la police n’avait pas vu un massacre aussi sanglant….."



Kaori se retourna et regarda Ryo, celui-ci sentait le regard interrogateur de sa partenaire. Faisant comme ci de rien n'était, il prit sa tasse de café et but tranquillement.



La nettoyeuse eut un pincement au cœur…Elle savait au plus profond d’elle-même que Ryo y était pour quelque chose.



Toujours dans ses pensées, elle s’installa devant lui et entreprit de manger son petit déjeuner. Elle en était sûre, elle connaissait l'origine de sa peur d’hier, du froid qui avait envahi tout son corps... Ce n’était pas Ryo qu’elle avait entendu rentrer hier... Non, ce n’était pas l’homme qu’elle aimait…C’était l’Ange de la mort qui avait resurgit !



Kaori fit tomber sa cuillère dans son assiette. Le nettoyeur qui savait pertinemment que Kaori était en train de recoller les morceaux du puzzle, se leva et éteignit la radio.



Il s’assit à nouveau en lui adressant un sourire.



Kaori, ne voulant pas entrer dans les détails de la veille et voyant que Ryo n’avait pas totalement retrouvé ses souvenirs, n’insista pas. Elle voulut changer de sujet :



- Au fait, Ryo, grande nouvellle…



Le nettoyeur la regarda à nouveau :



- Qui y a-t-il ?



- J’ai accepté de défiler pour Eriko la semaine prochaine ! lui dit-elle.



Le japonais la fixa et afficha un air surpris :



- Depuis quand tu t’intéresses à la mode ? Tu m’as toujours dit que tu détestais cela !



- Euh et bien, c’est pour changer... Je me dis que c’est une expérience comme une autre et vu le cachet qu'Eriko me propose, je ne peux pas refuser !



Ryo continua à l’observer

- Bien... Si cela te fait plaisir….J'espère que j’aurai droit à des entrées !

- Heu... Oui oui, ça ne devrait pas poser de problèmes...



Là encore, il ne la reconnaissait plus... En temps normal il aurait été hors de question pour elle qu’il assiste à un défilé..

Ryo fut tiré de ses pensée par Kaori qui s’était levée brusquement et se dirigeait vers un placard, elle s’était accroupie et cherchait frénétiquement quelque chose dedans.

Ne voyant pratiquement plus sa partenaire, qui y était entrée presque entièrement, il lui demanda :



- Tu cherches quelque chose ?

- Oui…Le toasteur…….



Surpris de sa réponse, il répéta :

- Le toasteur ?

Toujours prise par sa recherche, elle lui dit :

- Oui oui le toasteur...



Ryo se gratta la tête

- Kaori , depuis quand tu as une envie frénétique de toasts ?

Celle-ci trop occupée à chercher, poussa un cri de joie :

- Ha ! Le voilàààà !!!



Sans attendre, elle mit du pain dedans et se rassit. Elle avait très faim ce matin !

Le nettoyeur la regarda manger avec stupéfaction, d’habitude c’était lui qui mangeait à ne plus pouvoir respirer !

Le toasteur recracha le pain grillé, Kaori se releva pour récupérer ses tartines.



Le nettoyeur inclina la tête et continua à l’observer. Elle avait mis un pantacourt noir avec un débardeur noir qui, à chaque mouvements, laissaient le nettoyeur libre de détailler ses courbes parfaites…Ce corps qui n’était plus une terre inconnue pour lui…



Celui-ci ressentit un frisson qu’il dut rapidement refréner, mais il fut attiré par un petit détail et ne put s’empêcher de le dire à Kaori :



- Euh, dis moi Kaori, si tu souhaites défiler, tu devrais faire attention à ta ligne ! Je trouve que tu as légèrement grossi...



Sur ce, il prit le journal du matin et commença sa lecture.



Kaori se retourna vivement à la remarque de Ryo, elle devint toute rouge. Ryo prit cela comme signe de colère de sa partenaire alors que ça n'était pas le cas : Kaori était gênée... Et un peu embarrassée qu’il ait pu remarquer cela.



Elle prit son toast et se mit à le manger tout en enfilant sa veste

- Ne t’inquiètes pas pour moi Ryo ….



Elle allait partir, mais fit demi-tour :



- Peux-tu passer au tableau des messages ce matin ? Je n’aurai pas le temps d’y aller...



Le nettoyeur acquiesca de la tête.

Chapitre 17 : Ce n'est qu'un au revoir.


La nettoyeuse se dépêcha pour aller retrouver Eriko à sa boutique, elle avait du travail en perspective. Voulant oublier ce qui s’était passé la veille au soir, elle accéléra le pas.

De son côté, Ryo était resté assis dans la cuisine les yeux rivés sur son journal, il ne lisait pas vraiment... Il avait comme un mauvais pressentiment, il sentait que Kaori lui échappait jour après jour. Décidant de chasser ses idées noires, il alla consulter le tableau des messages.


Comme d'habitude, il s y rendit à pied et se rendit compte que certaines personnes, qu'il reconnaissait et qui faisaient partie du milieu, changeaient de trottoir à sa vue.
La nouvelle s’était répandue dans toute la ville, le carnage de la veille n’avait pas laissé de marbre le milieu.

D’un air amusé, il arriva au panneau qui était vide. Il soupira car il aurait aimé avoir un client...

Il allait repartir quand quelqu’un l’interpella :

- Hé Ryo !!!!! s’écria Mick

A sa voix, Ryo se tourna vers lui. Mick s’approcha pour saluer son ami, après lui avoir serré la main, Mick le dévisagea. Il prit une mine totalement stupide et lui dit :
- Toi t’as encore fait des folies de ton corps toute la nuit !!!

Ryo sourit mais le cœur n'y était pas...

-Comme ça faisait un moment qu’on ne s’est pas vus je te paye un verre !

Se laissant entrainer par la bonne humeur de Mick, Ryo accepta et ils se partirent en direction des cabarets.

La journée se déroula tranquillement

Eriko et Kaori peaufinaient le défilé, il était près de 16 heures lorsqu’elles décidèrent d’arrêter. Pour terminer la journée, les filles décidèrent d’aller au Cat’s.

Les deux nettoyeurs, qui avaient passé leur journée à faire la chasse aux miss Mokkori, se dirigèrent vers le Cat’s, cela faisait un moment qu’ils n’avaient pas vu Falcon. Les deux nettoyeurs furent accueillis par leur plateau habituel, après quoi ils s’installèrent confortablement.

Falcon, qui était au courant de la tuerie de l’entrepôt, savait pertinemment que Ryo en était la cause. Lorsque Ryo entra dans le café, il ressentit cette aura noire qui se dégageait de lui, elle commençait à reprendre le dessus, c'était évident... Mais comme à son habitude, il ne fit aucun commentaire sur le sujet.

Le japonais ne voulait pas se faire broyer par cette colère, qui menaçait de redevenir maitre de lui, cela lui était impossible. Au fur et à mesure de la journée, ses souvenirs de la veille refaisaient surface.

Il se voyait frapper, hurler à la porte de Kaori. Il voulait que tout soit irréel...Mais il en doutait, sa mémoire ne le trahissait jamais.

Il fut tiré de ses pensées par l’arrivée de deux nouveaux clients qui n’étaient autre que Kaori et Eriko.

Comme une fusée, Mick fonça en direction de Kaori, cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vue.
La nettoyeuse allait sortir sa massue, mais une main retint celle-ci,Mick et Kaori regardèrent en l’air et virent Falcon tenant la massue d’une main. Celui-ci déclara :

- Il faudrait peut être éviter les accidents non ?

Kaori prit automatiquement cette phrase pour elle, rabaissant sa massue, elle se sentait honteuse d’avoir oublié. Bien que personne n’ait vraiment compris le sens de la phrase, la joie reprit le dessus, cela faisait si longtemps que la bande d’amis ne s’était pas réunie...

Eriko regarda discrètement Ryo, il n’avait plus rien à voir avec l’homme qu’elle avait vu la veille, il était souriant et sortait des idioties à tout va.

Une fois les verres remplis, Eriko leva son verre et regarda en direction de Kaori :

- A Kaori, qui a accepté de défiler pour ma collection ! déclara-t-elle tout émue.

Miki, qui n’était pas au courant, fut emballée par la nouvelle, tandis que Mick se mettait à baver... Tous levèrent leurs verres. Ryo leva également le sien et rajouta :
- A Kaori !

Le cœur de Kaori se serra, elle savait que c'était peut être leur dernière réunion ensemble. Elle profita au maximum de ses amis, bien que cela n'était pas prévu, une fête s’improvisa. Les derniers jours se passèrent dans le calme, Kaori gérait au mieux ses maux de grossesse tout en s’attelant au défilé.



Le grand jour était enfin arrivé.


La nettoyeuse scruta son visage dans le miroir de la salle de bain…Elle se regardait sous toutes les coutures. Elle devait assurer pendant trois jours…Trois jours et toute sa vie serait chamboulée.

Elle avait le cœur lourd; rien qu’à l’idée de quitter Ryo, les larmes apparaissaient.
De son coté, Ryo s’était plus ou moins bien tenu, l’ange de la mort s’était tu jusqu’à présent. Saeko n’avait soufflé mot de l’attitude de Ryo. Il était contrarié…Contrarié de voir son ange faire ce boulot, il entrait dans une colère noire rien qu'à l’idée que des hommes puissent la scruter. Il hésitait à se rendre à ce défilé, il avait peur... Peur de lui-même et de ce qu’il pourrait faire s’il surprenait des regards un peu trop insistants sur son ange.

D’un pas mal assuré, Kaori arriva à destination : elle passa par l’entrée principale… Lorsqu’elle vit l’espace réservé pour le défilé, elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle n’aimait pas ce qu’elle allait faire... Beaucoup de femmes auraient aimé être à sa place mais pas elle, ce n’était pas sa nature. Soupirant, elle alla du côté réservé aux mannequins.

L’enfilage de la première robe se fit dans le silence. Eriko apportait les dernières retouches ; alors que Kaori regardait son reflet dans le miroir, sa meilleure amie sentit son mal être :
- Pas trop stressée ?
- Un peu…
- Tu es sûre Kaori ?
- Oui, oui, ne t’inquiètes pas, çà ira, lui dit elle.

Toute la bande était présente, Kazu avait attaché Mick à son siège par de solides cordes, Miki et Falcon patientaient à côté.
A cet instant, Falcon se mit à douter de ce qu’il apprêtait à faire, peut être devrait-il parler à Ryo ? Il constata d'ailleurs que celui-ci n'était pas présent…Du moins à la vue de la troupe d’amis, car il s’était décidé à venir et s'était posté en retrait, au fond de la salle.

L’effervescence régnait dans les coulisses, entre les mannequins qui courraient après le dernier accessoire et les couturières à la recherche de matériel pour les dernières retouches.

Seule une seule femme paraissait paisible : Kaori Makimura, elle était prête et s’avançait vers l’entrée des mannequins. Eriko lui donnait la main, elle était nerveuse pour Kaori, le visage impassible de celle-ci la perturbait.

La salle plongea dans le noir. Un projecteur s’alluma et éclaira la scène.
Eriko se retourna vers Kaori et lui souffla :
- Ça va être à toi.
Le visage fermé, Kaori s’avança doucement…Elle entendit les applaudissements du public.
D'une manière dont elle seule avait le secret, elle changea totalement d’expression pour arborer une mine joyeuse et un sourire magnifique.
Elle monta sur la scène…C’était parti !

Ce fut les trois jours les plus longs de sa vie pour Kaori, elle devait sans cesse porter un masque, voulant montrer une mine radieuse, elle dépérissait intérieurement.

Les défilés furent un succès. Beaucoup de personnalités harcelèrent Eriko afin de savoir qui était ce mannequin inconnu qui sublimait tous les modèles qu'elle portait.
Comme convenu, Eriko lui remis son chèque qu'elle prit sans grande joie : le moment était venu de se séparer.

La fin d’après midi venue, Kaori rassembla les quelques affaires qu’elle voulait garder avec elle. Elle ne pouvait prendre que le contenu d'un petit sac pour ne pas attirer l’attention de qui se soit. Son partenaire venait de sortir avec Mick comme d'habitude...

Depuis la fameuse soirée, Kaori et Ryo n'avaient jamais reparlé de ce qui avait pu se passer. Elle se doutait que Ryo réglait à sa manière des affaires douteuses depuis quelques temps. Mais trop fatiguée, elle ne voulait plus polémiquer avec lui.

D’un pas assuré, elle se dirigea vers la chambre du nettoyeur, elle posa délicatement le petit écrin contenant sa bague et le disque de Hide. Elle voulait lui offrir ces objet si symboliques, qui les avaient liés toutes ces années de « vie commune ». Elle regarda la pièce une dernière fois, s’attarda sur la fenêtre où Ryo aimait se poster pour observer la ville pendant des heures , sa pile de magazines qui était à deux doigts de s effondrer, elle avança et retourna de l’autre coté de la pièce en évitant de s’attarder sur lit de Ryo.

Trop de souvenirs remontaient en elle..

Ces dernières années défilèrent sous ses yeux, leur affaires, leur disputes, tous leurs moments de bonheur refirent surface dans sa mémoire. Les yeux embués de larmes, elle sortit de l’immeuble aux briques rouges.

Elle se retourna et dit :

- Adieu Ryo…


Elle s'éloigna d'un pas assuré, sans se retourner.

chapitre 18 La fuite.

Après avoir fait de multiples changements dans le métro afin de brouiller les pistes, la nettoyeuse arriva à destination. Tout était calme à la nuit tombante, elle avança d'un peu hésitant vers le parc. Son cœur était lourd, sa respiration saccadée à cause du stress, de la fatigue et de la tristesse.

En avançant, elle pu apercevoir une petite lumière près du lac, le foyer rougeoyant d'une cigarette trahissait la présence d'une personne.

Falcon était là...

Elle alla rapidement à sa rencontre.

De son coté Falcon avait senti la présence de Kaori, celui-ci se retourna dans sa direction.

La nettoyeuse, les larmes aux yeux, lui dit :

-Bonsoir Falcon...

Percevant le tremblement dans sa voix, il sentit que la nettoyeuse était secouée par ce qui était en train de passer
.
- Tu peux encore changer d'avis...

Kaori répondit négativement :
- Il est trop tard... Allons-y.

Falcon ne se le fit pas dire deux fois, il se dirigea vers une voiture qui ne lui appartenait pas, il l'avait choisie afin de ne pas se faire repérer.

La nettoyeuse s'installa dans le silence.

La voiture partit à l'opposé de Shinjuku. Kaori ne put se retenir d'avantage, elle éclata en sanglots lorsqu'ils dépassèrent le panneau Shinjuku.

Épuisée par ses pleurs, Kaori sombra dans un sommeil agité. Elle rêva de Ryo, ce furent des rêves confus, sans sens réel... Elle fut réveillée par un mouvement brusque de la voiture, paniquée, elle regarda autour d'elle ; son cœur s'emballa le temps qu’elle reprenne réellement conscience. L'étau se resserra sur son cœur, elle partait loin de tous ceux qu'elle aimait... Elle glissa un regard en direction du conducteur.

Durant tout le voyage, Falcon était plongé dans ses pensées, il était stressé intérieurement . Sa mission était délicate, il le savait. Il y avait la petite, mais également une future vie qui ne demandait qu'à éclore.

La nuit rendait l'ambiance dans l'habitacle encore plus pesante .
La nettoyeuse pensa à Ryo...Quand allait t-il découvrir son absence? Pas avant le lendemain matin sans doute, trop pris dans ses beuveries nocturnes. Et Miki ? Kaori brisa le silence en demandant à Falcon :

- Et Miki ?... Elle ne va pas trouver cela étrange que tu partes comme çà en pleine nuit ?

- Non...Simple mission…Elle ne pose jamais de questions concernant cela.

Kaori soupira…Elle regarda à nouveau par la fenêtre, le paysage défilait sous ses yeux, sans vraiment accrocher son regard.


Shinjuku.

Les deux acolytes déambulèrent à travers la ville, en direction de chez eux. Riant aux éclats, ils avaient passé une excellente soirée à leur manière. Arrivés devant leurs logements respectifs, ils se séparèrent en se saluant.
Alors que Ryo s’apprêtait à rentrer, il ressentit quelque chose. Celui-ci leva la tête…Tout était éteint dans l’appartement, bien qu’en général Kaori ne l’attendait plus, quel chose le perturbait.

Il ouvrit précipitamment la porte et monta directement en direction de la chambre de Kaori…Il ressentait un froid, un vide en lui. Instinctivement, il l’appela :

- Kaori !!!!!!!

Ouvrant brutalement sa porte, Ryo s’immobilisa : elle n’était pas là. Ses yeux s’agrandirent à la vue de son lit vide. Il avança….Bien que la plupart de ses affaires soient encore là, il ressentait comme un vide étrange…

Pris d’un élan de panique, il se mit à courir dans tout l’appartement, rien !
Sa colère refit surface... Le nettoyeur passa devant sa chambre et s'arrêta net. Il ouvrit sa porte, sa chambre était plongée dans le noir…Il avança doucement, comme si c’était la première fois qu’il rentrait dans cette pièce. Son regard s'arrêta sur un objet qui n’était pas censé être là...

Le silence fut brisé par le bruit de ses pas, d’un geste lent il se saisit de l’écrin, l’ouvrit et découvrit la bague de Kaori. Comme pour une relique précieuse, il passa sa main dessus.
Le cœur du nettoyeur s’accéléra, il vit également le disque de la chanson préférée de Hide. En voulant le prendre, il fit tomber une feuille par terre.
Se baissant, il la ramassa et l'ouvrit d’un geste fébrile...

Chapitre 19 :: La lettre de Sugar.


Ryo sans lire effleura l’écriture de Kaori, qu'il reconnaîtrait parmi des milliers…Elle était unique. Ses yeux d’ébène se posèrent enfin sur le contenu….

Ryo,

Je ne souhaitais pas partir sans te laisser ce dernier message. Cette lettre peut te surprendre...

Mais sait-on ? Peut-être pas ?

Quelques braises échappées des cendres de notre amour si loin déjà…

T’en souviens tu? Nous étions fous de nous !

Ma raison renonce, mais pas ma mémoire…
Tendre nuit …J'y pense et j'y repense.
Tombe mon soir, soir des aux revoir.…
Ten souviens tu ?
Nous vivions du temps, de son air
Arrogants comme sont les amants
J’avais l'orgueil ordinaire du "nous deux c'est différent"
Tout me semblait normal, notre vie serait un bal
Les jolies danses sont rares, je l ’ai appris plus tard
Le temps sur nos visages va être soumis à tous les orages
Je voudrais un jour te revoir et pas par hasard …
Sûr il y aura des fantômes et des décors à réveiller
Qui seront tes reines, tes royaumes ? Mais je ne veux que savoir même si c'est dérisoire …
juste savoir :

Avons-nous bien vécu la même histoire ?
L'âge est un dernier long voyage, un quai de gare et l'on s'en va
Il ne faut prendre en ses bagages que ce qui vraiment compta
Et te dire merci...De ces perles de vie et certaines blessures au goût de Victoire
Et tes gestes, y reboire...Tes parfums, ton regard
Ce doux miroir où je voudrais tant nous revoir

Ton Sugar boy.











Pour la première fois de sa vie, les yeux de Ryo eurent un effet qui leur était jusqu’alors inconnu : des larmes jaillirent.



Celui-ci, surpris par cette réaction qu’il ne connaissait pas, posa sa main sur ces larmes. Il les regarda longtemps. Il pleurait…Le grand Ryo Seaba pleurait !



Il ferma les yeux….Il avait compris….Il venait de perdre la dernière chance que la vie lui avait accordée : Kaori….



Hide lui avait confié son souffle de vie…Comme la flamme olympique que les sportifs se transmettent…Il venait d’éteindre cette flamme qui était son issue de secours du monde noir dans lequel il vivait.



Ryo se releva. Sa pire crainte était arrivée : son ange était parti.





Il passa sa main sur son visage… ne sachant pas comment réagir. Il se dirigea vers la fenêtre où seule la pleine lune donnait un peu de lumière à la pièce.

Il resta ainsi à observer la ville sans bouger. D’un mouvement brusque et rageur, il sortit de sa chambre et se mit à accélérer le pas. Il dévala les escaliers, d’un geste il reprit ses clés de voiture.



Tout en roulant, Ryo repassait en boucle la lettre de Kaori, sa vie avec elle, leurs péripéties, leur joie, ces perles de vies…Il serra son volant.





Lui non plus, il ne regrettait rien…Pour la première fois de sa vie, il aimait. Loin des histoires d’une seule nuit, la nuit passée avec son ange, l’avait fait renaitre. Il avait tout à apprendre de l’amour. Mais il y avait toujours cette petite voix intérieure qui le torturait l’incitant à refuser cet amour.

Ce soir là, il avait succombé. Depuis des années, il repoussait cette éventualité. Vivre avec elle, jour après jour, sans pouvoir la toucher, lui était devenu insupportable.

Le succès de leur mission, leur avait fait pousser des ailes. Heureux, fiers, le duo city hunter s’était autorisé une parenthèse de normalité. Pourquoi y a t-il fallu que ce rêve soit aussi vite brisé ? Il avait pris cela comme un signe...Et Kaori l’avait accepté.



Il savait qu’en faisant marche arrière, ils allaient au-delà de nombreux soucis. Vivre ensemble comme ci rien n’était allait être difficile. Il pensait qu’ils réussiraient à passer le cap. Mais peut être, que cette fois ci, il s’agissait là d’une demande de trop.



NON ! Il ne voulait plus retomber dans la noirceur de son ancienne vie, sans Kaori...Il voulait VIVRE.

Le silence la nuit fut rompu par des grincement de pneus d’une mini rouge qui parcourait la ville.

Chapitre 20 :: Iwaki (いわき市; -shi)


La voiture roula pendant un moment, la nuit faisait place à l’aube naissante…



Kaori était dans un état second, elle n’avait posé aucune question sur leur destination. Elle se laissait guider par Falcon ; à partir de ce jour, un lien spécial allait les unir.



A l’entrée d’une ville, elle fut attirée par un arbre qui se détachait du décor : il s’agissait d’un pin (symbole de la ville). Son regard se dirigea vers le panneau indicateur : Iwaki….



Falcon décida d’en dire d’avantage :



- Tu seras tranquille ici…Nous ne sommes pas très loin de Tokyo.

La nettoyeuse le regarda attentivement.



Celui-ci reprit ses explications :



- Je viendrai régulièrement voir si tout va bien jusqu’à ton accouchement.



Elle lui demanda:



- Tu m'as trouvé un logement ?



Falcon acquiesça de la tête :



- C’est un appartement, il appartient à une personne que je connais bien...

.

- Qui est cette personne ? demanda la nettoyeuse.



- Madame Tsukasa, répondit Falcon.



- Madame Tsukasa ?



La nettoyeuse était surprise que Falcon connaisse des femmes en dehors d'elle, leurs amies et Miki ; ce qui la surprenait le plus c'était qu'il demande de l’aide à la gente féminine !



- Ne te fies pas aux apparences. Cette personne veillera bien sur toi durant les mois à venir.



De plus en plus surprise, Kaori attendait la suite. Falcon lui dit :



C’est une ancienne mercenaire qui s’est retirée du milieu...



- Une ancienne nettoyeuse ?



- Oui…Elle a veillé à te fournir des nouveaux papiers et à te donner une nouvelle identité. Comme tu dois être suivie médicalement, les dossiers pourraient permettre à certaines personnes de te retrouver...



Kaori ressentit un certain soulagement : elle ne serait pas totalement seule.



- Merci Falcon…Merci pour tout ce que tu fais... Je ne sais pas comment te remercier.



- En veillant bien sur toi et ton bébé, vous devez rester vivants… Et que tu...



Celui-ci s'arrêta avant la fin de sa phrase.



Kaori savait très bien ce qu’il aurait voulu dire, Falcon était torturé par sa faute : quelque part il mentait à sa femme... et à son meilleur ami.



- Tu crois... Tu crois que j’ai tort de partir Falcon ?



Le nettoyeur ne savait plus vraiment ce qu’il devait en penser.



- Le fait que tu souhaites une existence différente pour ton enfant est tout à fait normal…Ce qui me dérange, c’est le contexte dans lequel il va naître et les non-dits...



Kaori soupira :



- Tu sais Falcon, en partant, j'ai redonné sa liberté à Ryo. Je sais que depuis que je suis apparue dans sa vie, la sienne a été chamboulée… Ça l'a affecté au point qu'il a commis des erreurs lors de plusieurs missions... Et tout çà à cause de moi ! Je ne veux pas qu’il se fasse tuer par ma faute un jour.



- La dernière mission s’est très bien déroulée, si mes souvenirs sont bons, déclara Falcon..



Celle-ci ne répondit pas.



Le nettoyeur ajouta :



- Tu oublies quand même une chose... C'est que d’une manière ou d’une autre, tu seras toujours liée à lui désormais.



Le nettoyeur fit un mouvement de la tête en direction du ventre de Kaori :



- Un jour cet enfant demandera à connaître son père..



- Je lui dirai, je ne lui cacherai jamais la vérité, dit elle dans un souffle.



Elle ajouta :



- Aujourd’hui, je veux seulement qu’il vienne au monde en sécurité, c’est tout ce qui compte.



Le nettoyeur se tut. C’était une situation difficile, il comprenait la démarche de Kaori, mais il se demandait si c’était LA solution idéale… Y avait-il une solution idéale dans leur cas ?



Ryo et Kaori auraient toujours une vie particulière, guidée par des je t’aime, moi non plus.

Ryo faisait un pas en avant, pour mieux reculer ensuite ; cela faisait des années qu’ils jouaient à ce petit jeu.



Le fait que Kaori arrête tout çà n’était peut être pas une mauvaise chose...



La voiture s’arrêta devant un immeuble de haut standing, mais tout de même discret. Celui-ci était entouré d’un jardin et d’un portail en métal, il y avait une caméra de télésurveillance au-dessus du porche.



Falcon sortit et se mit à parler dans l’appareil. La grande porte s’ouvrit afin de laisser passer le véhicule, le nettoyeur reprit sa place dans la voiture et redémarra.



C’était tout simplement magnifique. La nettoyeuse regardait autour d’elle, le jardin japonais donnait un coté apaisant à l'ensemble. On était loin des tumultes de la vie à Shinjuku ! Kaori sortit de la voiture et regarda l’immeuble qui se présentait devant elle.



Falcon la devança.



- Viens, se contenta t-il de lui dire.



La nettoyeuse le suivit.



Après avoir composé un autre code, la porte d’entrée de l’immeuble s’ouvrit.



Une femme vint à leur rencontre, il s’agissait d’une dame d’une 40aine d’années. Celle-ci adressa un sourire rassurant à Kaori, elle regarda Falcon.



- Je vous attendais.



- Voici la petite, lui répondit-il.



La femme se dirigea vers Kaori. Elle fut touchée par celle-ci, elle voyait en elle un petit oiseau paniqué et perdu. Elle était jeune...



- Permettez-moi de me présenter, madame Tsukasa.



- Enchantée madame, lui dit Kaori avec un petit sourire



- Ne vous inquiétez pas, vous serez bien ici..



- Je n’en doute pas…



Après avoir informé Kaori de toute les mesures qu'elle avait prises afin que celle-ci puisse vivre tranquillement à l’abri des regards indiscret, Madame Tsukasa les dirigea vers l’appartement qui lui était destiné.



Kaori entra dans un appartement lumineux. Spacieux, il possédait un magnifique balcon, qui lui aussi était grand. Elle fit le tour de l’appartement, il était parfait pour la vie qu’elle allait mener…



L’heure de partir pour Falcon était arrivée. Contre toute attente, Kaori se jeta dans ses bras et se mit à pleurer. Falcon d’abord surpris par cet élan, mit sa main sur son épaule.



- Je reviendrai.



Arrivé au portail, Falcon adressa à Madame Tsukasa :



- Veille bien sur la petite.



- Ne t’inquiète pas Falcon, elle est en sécurité ici.



C’est sur cette dernière phrase qu'il prit le chemin du retour.



Il devait désormais à se préparer à une nouvelle épreuve : faire face à sa femme... Et à Ryo.

Chapitre 21 :: Stupeur générale.


Ryo avait fait le tour de ville la rage au cœur. Il l’avait cherchée désespérément, il était allé dans tous les bars où se trouvaient ses indics. Mais rien…. Kaori s’était simplement volatilisée.



Dans un élan de colère, il cria devant un indic en tapant du poing sur la table :



- Mais ce n’est pas possible de disparaitre comme ca !



Il sortit son magnum et le dirigea vers le crâne du malheureux.



- Réfléchis bien…D’habitude, tu as une mémoire plus fructueuse !



L’indic prit peur à la vue de cette arme pointée sur lui :



- Hé Saeba, je te promets, je l’ai pas vue ta partenaire !



Ryo prit alors son portable et commença à appeler toutes ses connaissances. Il fit chou blanc…Rien de concret n'avait été remarqué... Pourquoi ?



Pourquoi partir comme ca ? En laissant la plupart de ses affaires, sa voiture….Juste cette lettre qui lui avait retourné le cœur...Elle était pourtant tellement vraie… Quelque chose ne collait pas...



Le japonais revint sur ses pas, il partit voir quelqu’un qui pourrait sûrement l’aider : Mick.



Le silence régnait dans la chambre quand des coups violents à la porte d’entrée retentirent, par réflexe, l’américain se saisit de son arme.



Kazue avait sursauté et poussé un cri de frayeur en entendait le fracas. Mick se dirigea vers l’entrée, il ne percevait pas d’ondes négatives. Il sentit tout de suite l’aura de Ryo, il paniqua : quelque chose était arrivé à Kaori ! Il ouvrit précipitamment la porte et vit un Ryo qu'il ne reconnaissait pas.



Ne voulant rien laisser paraître, il lui lança :



- Bon sang Seaba, qu’est-ce qui se passe, t’as vu l’heure !



- Elle est partie Angel…Elle est partie…….. répondit le japonais dans un état second.



Mick, qui assimilait l’information transmise par son acolyte, était comme paralysé :



- Comment ca, elle est partie ?



Pris d’un élan de colère, le japonais le saisit par le col de son tee shirt et hurla :



- T’as besoin d’un deuxième cerveau Angel ??? Kaori est partie ! Elle s'est volatilisée !



Voulant se défaire de Ryo, Mick lui dit :



- Calme-toi Ryo bon sang, calme-toi !!!!!



Prenant conscience de la violence de son comportement, Ryo le lâcha brusquement. Mick lui dit :



- Attend-moi deux secondes, j’arrive...





Mick alla s’habiller rapidement et ressortit.



- On va la retrouver … affirma Mick.



Ils prirent la voiture de Ryo et refirent le tour de ville. Devant le mutisme et le manque d’information de Ryo, Mick lui demanda :



- Vous vous êtes disputés dernièrement ?



- Non….



- Tu n’as rien remarqué d’inhabituel dans son comportement ?



Ryo hésita à répondre car il savait pertinemment que rien n’allait plus avec Kaori. Mais il ne se voyait pas raconter sa vie sentimentale à l'américain.



- Non, j’ai rien remarqué



Un peu septique quant aux réponses du japonais, Mick conclut l’inverse de ce que Ryo avait répondu. Il secoua la tête et lui dit :



- Tu es une tête de mule Ryo...



Ils passèrent tous les quartiers au peigne fin, à l’affût du moindre indice. Ce n’est que vers 10 heures qu'ils décidèrent de retourner à l’appartement. Ryo s’affala sur un fauteuil, il était découragé, aucune trace de son ange...



De son coté Mick aussi était peiné et inquiet, il voulait savoir ce qui avait décidé Kaori à quitter Ryo. Il connaissait l'étendue de l’amour qu’elle lui portait, si elle était partie, c’est qu’elle avait une bonne raison. Il fixa le japonais.

Celui-ci était abattu, repensant au contenu de la lettre de Kaori, il ne se rendait pas compte que son ami l’observait.



Celui ci lui dit doucement :



- Ryo…Si tu souhaites vraiment qu’on la retrouve, il faudrait que tu me dises vraiment ce qui a pu pousser Kaori à partir.



Voyant que Ryo ne répondait pas, Mick insista :



- Kaori est très importante pour moi…Tu le sais Ryo… J’ai toujours veillé sur elle moi aussi, en attendant que tu te décides enfin à lui offrir le bonheur qui lui est dû. Si elle est partie, c’est que tu as du faire quelque chose de grave...



D’un geste brusque, Ryo releva la tête et hurla :



- Sors d’ici Angel, tu ne comprends rien !



IL se leva, et continua de hurler :



- Tous autant que vous êtes, vous comprendrez jamais rien !



Peu impressionné par le mouvement de colère de Ryo, Mick voulait le faire réagir :



- Ne t’en prends pas à moi Ryo, je n'y suis pour rien !



Le japonais s'arrêta, Mick avait raison, il n'y était pour rien. Tout comme Kaori... Elle n’avait fait que subir sa lâcheté, il lui faisait payer l’amour qu’il éprouvait pour elle... Jour après jour... Des remarques, des insultes, il n’avait trouvé que cette solution pour essayer de l’éloigner de lui.



- Laisse-moi Mick… Stp, j’ai besoin de réfléchir…



Mick s’apprêta à partir quand Ryo lui dit merci dans un souffle.





De son coté, Falcon avait décidé de ne pas rentrer toute de suite, il avait dit à sa femme qu’il ne serait là qu’en début d’après midi. Il prit son téléphone et composa le numéro de sa femme afin de l’avertir de son retour. Il avait la crainte que ses amis ne fassent le rapprochement entre son absence et la disparition de Kaori. Étant minutieux, il avait tout prévu.



A cet instant, Falcon se détesta lui-même, pourquoi avait-il accepté ? Il connaissait la réponse : pour le petit…



Kaori l’avait toujours touché, depuis leur première rencontre. Il avait été surpris en apprenant qu’elle était la nouvelle partenaire de Ryo, elle n’avait rien à voir avec son monde. Mais bien vite, il s’était rendu compte que Ryo l’aimait et la protégeait à sa manière, elle était devenue son étincelle de vie.

Peut être voulait-il vivre avec elle ce qui se rapprochait d'une vie normale, pour cela, ils avaient créé leur petit monde. Mais tout ca n’était qu’illusion, la réalité devait les rattraper un jour ou l’autre… Et ce jour était arrivé.



Il ne voulait pas savoir pourquoi Ryo et Kaori avaient, encore une fois, fait marche arrière dans leur relation malgré le fait qu'ils aient dépassé le stade de l’amour platonique, cela les regardait...



Mais aujourd’hui il n’était plus seulement question de ces deux indécis : il y avait une troisième vie en jeu et il avait pris parti pour cette dernière.

Chapitre 22 :: Envie de vivre


Le japonais alla là où il se rendait seul dans les moments difficiles : le cimetière où reposait Hideyuki Makimura.

Il avait tellement vécu de péripéties avec lui… Cet homme, qui était devenu son meilleur ami, lui avait ouvert les yeux sur la vie... La vraie…



- Pourquoi Hide ? Pourquoi me l’avoir confiée ?



Après certain temps, le nettoyeur sortit du cimetière et continua ses recherches à travers la banlieue de Tokyo, élargissant son périmètre.



Après une journée infructueuse, il se rendit au Cat’s malgré lui. Il était perdu… Malgré tout, il ne devait pas perdre pied.

En entrant dans le café, il constata que toute la bande d’amis était là. Tout les regards se posèrent sur le nettoyeur, il put y lire de l'inquiétude, des interrogations et l'espoir de recevoir une bonne nouvelle ou une explication.



Il s'assit au comptoir, regarda Miki et lui dit :



- Un whisky s’il te plait.



Sans un mot celle-ci s’exécuta, les yeux rougis. Ne sachant pas vraiment comment réagir, le nettoyeur posa son regard sur Falcon et lui lança :



- T’étais où Falcon ? J’ai essayé de te joindre plusieurs fois depuis quelques jours…



On y était... Falcon savait très bien que Ryo se rendrait compte de quelque chose. Il n y avait rien dire, Ryo avait un sens de l'observation très développé et une capacité d’analyse hors norme.



- J’étais en déplacement pendant trois jours.



Ryo le regarda un peu perplexe. Après quelques hésitations, il lui demanda :



- Tu n’as aucune info à me communiquer ?



Falcon répondit négativement de la tête.



Saeko déclara qu’elle mettrait un nombre important d’indics sur l'affaire, afin de la retrouver. Comme la conversation était engagée, Eriko et Miki en profitèrent pour poser mille et une questions à Ryo, qui n’était pas en mesure d'apporter la moindre réponse. Agacé par cet interrogatoire et ces pleurs intempestifs, il se leva et partit.



Sur le pas de la porte, il se retourna en direction de Falcon et lui dit :



- Tête de poulpe, si tu as la moindre information... Appelle moi..



Le nettoyeur continua ses recherches, il vivait désormais pour çà : retrouver son ange. Toujours fidèle à lui-même, il ne montrait aucun signe de faiblesse ou de tristesse à ses amis. Il souffrait. Ses recherches étaient aussi discrètes que sa tristesse.



Il passait la plupart de ses nuits sur le toit de son appartement. Il fumait en regardant les étoiles, appelant une réponse de tout son cœur, mais le firmament restait muet...

Chapitre 23 :: A l’aube d’une nouvelle vie sur terre….


Les mois passèrent douloureusement pour toute la bande d’amis.



Ryo continuait ses recherches, en dehors de celles-ci, le nettoyeur essayait de combattre sa colère et ses démons du passé, qui menaçaient de resurgir. Il s’accrochait à Kaori malgré son absence.



Celui-ci avait comme le pressentiment que son ange n’était pas loin...



Il ne savait pas comment l’expliquer mais il le sentait. Un élément lui avait échappé, il n’était pas loin…



En tant que nettoyeur à l’instinct de survie surdéveloppé, un instinct sauvage le poussait à remuer terre et ciel pour la retrouver…



Malgré le fait que certains pouvaient lui dire de la laisser, qu'elle avait décidé de le quitter ou qu’il serait plus raisonnable d’accepter la situation, il ne pouvait pas, il ne devait pas.



Kaori avait beaucoup changé avant son départ. Peut-être était-elle malade ? Peut-être ne voulait-elle pas lui annoncer de peur qu’il ne la rejette ? Combien de fois lui avait-il dit qu’elle était un « boulet » ?



Pourquoi ne pas lui avoir simplement fait part de sa volonté de le quitter, sans pour autant s’enfuir ?



Pour toutes ces questions, il lui était impossible d’abandonner...



Mick l’aidait dans ce sens. Il avait été affecté par le départ si précipité de Kaori. Il était blessé : pourquoi n’était-elle pas venu le voir lui ?... Elle s’était toujours confiée à lui...



Or, depuis un moment, elle ne venait plus aussi souvent se confier sur ses états d’âmes, elle s’était murée dans un silence dont il ignorait la cause.



Il aurait tellement aimé la voir heureuse… Que Ryo se décide à l’aimer comme il se doit...



Combien de fois avait-il aidé Ryo à retourner chez lui ? Celui-ci s’était tellement enivré ces derniers temps, qu’il lui faisait de la peine. Il était son ami et il ne pouvait pas le laisser… Bien qu’il lui en veuille pour le départ de Kaori, il était touché par la détresse de Ryo.



Un soir, alors qu’il l’aidait à se coucher, Ryo, qui parlait et disait des choses complètement incohérentes, s’adressa à Mick sans vraiment prendre conscience de sa présence :



- Tout est de ma faute... J’aurais dû être plus fort... Tu entends ?



Se laissant tomber sur son oreiller, il dit dans un souffle :

- J’ai sali la pureté de mon ange avec mes mains de tueurs… C’est fini aujourd’hui Angel...





Il se mit à rire pour une raison inconnue. Prenant son magnum sur sa poitrine, il ferma les yeux.



Mick, qui assistait à cette confession à demi-mot, était perdu devant ce flot de sentiments contradictoires qui assaillait le Japonais.



L’américain pris la veste de Ryo pour la poser sur une chaise, une enveloppe tomba par terre, hésitant un moment, celui-ci la prit. Il regarda Ryo qui s’était assoupi. Poussé par une curiosité irrépressible, il ouvrit l’enveloppe, prenant la précaution de le faire dans le silence. Il déplia la lettre et reconnut tout de suite l’écriture de Kaori.



Ryo,



Je ne souhaitais pas partir sans te laisser ce dernier message. Cette lettre peut te surprendre



Mais sait-on ? Peut-être pas ?



…………………



Le nettoyeur comprenait plus ou moins la situation désormais... Il posa un regard désolé sur son frère d’arme et d’un pas lent, il laissa son ami se reposer.



En passant devant la porte de Kaori, il essaya de l’ouvrir, elle était fermée à double tour. Il soupira…Il voulait tellement aider Ryo …





A Iwaki l’ambiance n’était pas plus gaie, mais elle était moins agitée.





Mme Tsukasa avait guidé Kaori durant toute sa grossesse, qui arrivait à son terme. Un lien spécial était né entre elles… Elles étaient toute les deux des anciennes nettoyeuses. Madame Tsukasa, prénommée Kimiko, faisait en sorte d’égayer la vie de cette petite.



Elle ne connaissait pas son passé en détails, mais elle ne le souhaitait pas non plus...

Si Kaori souhaitait lui en parler, elle prêterait une oreille attentive, mais si elle ne le souhaitait pas, elle ne l’obligerait pas non plus.



Kaori avait toujours cette tristesse dans les yeux, mais elle continuait d'avancer… Bientôt son enfant serait à ses côtés... Elle avait des nouvelles de ses amis par l’intermédiaire de Falcon, qui venait régulièrement la voir.



Celui-ci se contentait de prendre des nouvelles d'elle et du bébé. Il demandait des informations à Kimiko sur leur journée, pour savoir si aucun élément perturbateur ne pouvait jouer les troubles fêtes.



Par une matinée comme les autres, Madame Tsukasa avertit Kaori qu’elle serait absente pour la journée, peut-être même plus. .. Devant prendre l’avion pour la côte est du Japon, elle demanda à Kaori de ne pas bouger de la journée.





La journée se déroulait sans heurts, la nettoyeuse, dont seul le ventre rebondit trahissait la grossesse, décida de s’accorder une journée de farniente. Elle se mit à lire le journal sur son balcon, sous la douce chaleur du soleil. Elle attendait la venue de Falcon pour la fin de journée. C’était toujours avec une certaine impatience qu’elle l’attendait : il ramenait avec lui les nouvelles de Shinjuku.





Falcon l'avait informé que Ryo l’avait cherchée sans relâche. Son cœur se serra, parfois il lui arrivait d’espérer qu’il ne la retrouve. Revenant à la raison, elle effaça cette pensée.



Elle fut tirée de ses songes par une douleur au ventre qu’elle commençait à connaitre : une contraction.



Peu inquiétée par celle-ci, Kaori reprit le fil de sa lecture.

Une deuxième se fit sentir, Kaori reposa son journal et regarda l’heure : 17 heures…



Kimiko ne devait pas tarder. Elle se leva pour regarder le parc, après un quart d’heure de tranquillité, une troisième contraction apparut. Kaori s’appuya sur une chaise à proximité et s’écria avec le sourire :



- Waouhh ! Celle la, elle est puissante !



Son portable sonna, Kaori alla le chercher et décrocha. Des parasites sur la ligne l’empêchaient de bien entendre son interlocutrice, elle avait cependant reconnu la voix de Kimiko :



« Avion….Retardée…Orage…De retour demain »



Ayant à peu près compris le message, Kaori décida d’aller prendre un bain, quand une nouvelle contraction la fit se figer et lui fit échapper un cri de douleur.



Ne voulant pas céder à la panique, elle se dirigea vers la salle de bains. Un bain était la meilleure solution pour diminuer les douleurs, le médecin l’avait prévenue que cela allait arriver vers la fin.





Le bain ne lui fit aucun effet, bien au contraire, les douleurs devenaient telles qu’elle ne pouvait plus rester debout.



Un coup de tonnerre fit vibrer les vitres, la nettoyeuse, exaspérée, s'écria :



- Il manquait plus que ca, de l’orage maintenant !





La lumière commençait à décliner…Et l’orage, plus que menaçant, commençait à tout recouvrir...



Kaori s’allongea et se parla à elle-même :



- Du calme Kaori... Du calme... Pas de quoi paniquer hein ?!! C’est juste des petites contractions qui vont bientôt partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir !!!!



Kaori se plia de douleur, elle prit son téléphone pour joindre son médecin. Elle décrocha et composa le numéro. Elle fixa l’appareil et le lança à travers la pièce… Aucune tonalité !!!!





Prise de panique et sous l’emprise d’une nouvelle contraction, elle cria :

- Ho non ! Pas maintenant, s’il te plait !…



Tout se mélangeait dans sa tête, les douleurs la mettaient dans un état second, le tonnerre, la pluie amplifiaient sa panique. Elle ne put prononcer dans sa douleur qu’un seul nom, soulageant un temps soit peu son mal :



- RYO !!!!

Chapitre 24 :: Nouvelle mission pour Falcon


Dans un sursaut, Ryo se releva. Il somnolait mais était persuadé d’avoir entendu cri… Couvert de sueur, il se leva précipitamment. Il était comme perdu... Il sentait que son ange avait besoin de lui. Mais il ne savait pas quoi faire...



Le silence régnait dans l’appartement, malgré cela Ryo sentait une ambiance oppressante, il avait besoin d’oxygène... Il ouvrit brutalement la fenêtre, en inspirant le plus possible, il regarda au loin. Si au moins il savait où elle était partie !…………..





Iwaki,



Le tonnerre grondait, des bourrasques de vent de plus en plus fortes avaient poussé tout le monde à rentrer chez soi. Seule, une voiture poursuivait son chemin tant bien que mal à travers les rues désertes.



Falcon essayait de conduire malgré les conditions, la pluie torrentielle et le vent rendaient sa progression difficile. Il arriva tant bien que mal devant la résidence, sachant que Madame Tsuzaka était absente, il avait récupéré les codes d’accès et la clé.



Le voiture se gara devant l’immeuble où habitait désormais Kaori, sa perception hors du commun le tint aux aguets, quelque chose le dérangeait... Il fut pris de panique, accélérant le pas, il marcha de plus en vite. Il prit l’escalier et se mit à courir.



Un cri déchira le silence. Le sang de Falcon ne fit qu’un tour, n’écoutant que son instinct, il défonça la porte tout en tenant son arme à la main, prêt à tirer.





Il fut accueilli par la pénombre du salon, illuminé régulièrement par les éclairs.



- Kaori !!! cria t-il.



La nettoyeuse supportait de moins en moins les douleurs qui se faisaient de plus en plus insoutenables, l’absence de lumière la rendait encore plus nerveuse. Elle voulu se redresser dans son lit mais l’étau qui lui déchirait le ventre la fit se rallonger brutalement..



Elle commençait à avoir les larmes aux yeux… Pourquoi ? Pourquoi rien ne lui arrivait comme tout le monde ? Pourquoi devait-elle vivre une vie différente des gens ordinaires ? Même mettre son enfant au monde allait faire partie des péripéties hors du commun ! Elle était déboussolée, perdue, seule…



Elle appelait Ryo, Hide, elle aurait voulu qu'ils soient présents dans ce moment si douloureux à vivre seule..





Un moment de calme lui permit de reprendre un peu sa respiration, elle devait se reprendre. Aujourd’hui, elle allait mettre au monde son enfant… Leur enfant... Pour cette raison, elle devait être forte.





Une nouvelle vague de douleur se propagea dans tout son corps, elle ne put réprimander un hurlement de douleur… Elle sentit un liquide chaud couler le long de ses jambes, son cœur s’emballa : elle allait réellement accoucher ! Jusqu à présent, elle espérait que cela soit une fausse alerte mais non, son enfant avait décidé que c’était aujourd’hui qu’il naîtrait et pas un autre !



Prise dans la tourmente, elle entendit le fracas de l'explosion de la porte du salon, suivi d’une voix qui l’appelait :



- Kaori !!! Une lueur d'espoir refit son apparition dans les yeux de Kaori.



- FALCON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!



Une nouvelle contraction la tortura d’avantage…Les minutes étaient comptées, elle le savait.



Le nettoyeur se dirigea vers les plaintes de Kaori, il ne comprenait pas ce qui se passait mais il sentait une atmosphère vraiment étrange.



Celui-ci hésita à ouvrir la porte de la chambre de Kaori, mais il se décida quand il l'entendit hurler son nom.



Il ouvrit la porte brutalement, pensant toujours trouver un intrus, mais ce qu'il découvrit n’avait rien à voir avec ce qu’il avait imaginé...







Bien que ses yeux n’aient plus leurs premières fonctions, il devina que la nettoyeuse était allongée sur son lit. Un nouveau cri mêlé à au tonnerre le fit sursauter, paniqué il lui dit :





- Kaori ! Mais qu'est-ce que tu as ??



Entre deux souffles Kaori lui dit :





- Aide-moi une dernière fois Falcon, je t’en supplie, je…

Elle arrêta de parler, pour essayer de gérer une nouvelle contraction. Sa respiration devenait haletante, la sueur envahissait son visage défait par la fatigue et la douleur.



Au même moment, Falcon restait inerte. Quand soudain… Sa tête devint rouge écarlate, il venait de comprendre ce qui se passait sous ses yeux. Il saisit le téléphone par terre afin d’appeler le médecin, Kaori toujours sous l’emprise de la douleur, lui hurla :



- FALCON ! J’AI DÉJÀ ESSAYE D APPELER ! Y A PAS DE TONALITÉ, PAS D'ÉLECTRICITÉ !!! ET IL EST TROP TARD MAINTENANT !!!





Kaori laissa retomber sa tête sur son oreiller..



Le nettoyeur commença à courir partout dans la pièce...



- MAIS KAORI J'AI JAMAIS FAIT ÇA DE MA VIE !!! JE PEUX PAS MOI !!!



Falcon était tellement mal à l'aise que de la fumée sortait de ses oreilles...





- FALCOOOOOOOOON ! Y A VRAIMENT... PLUS... LE CHOIX LA !!! lui dit elle d’une voix haletante.



Le nettoyeur était complètement perdu ! Quelle situation gênante ! Heureusement qu’il ne pouvait plus « voir », aujourd’hui c'était un atout pour lui !



Kaori était désespérée… Essayant de gérer au mieux sa respiration pour contrôler sa douleur, elle expirait à intervalles réguliers…





Essayant de se ressaisir lui aussi, Falcon arrêta de courir à travers la chambre. Il était ancien mercenaire, il devait savoir se contrôler et affronter n’importe quelle situation !

Celui-ci s’assit en tailleur en plein milieu de la chambre...



Kaori redressa la tête et vit celui-ci en pleine

concentration...



Submergée par la douleur, elle lui hurla :

- Mais Falcon, qu’est que tu fabriques ??!!! Aide-moi je t’en prie !!



Celui-ci se releva, il prit un bandeau militaire qu'il noua sur son front, à la manière des guerriers et releva ses manches. Il était prêt ! D’un air convaincu, il se dirigea vers le lit et lui dit :



- Que dois-je faire ?



Kaori, qui continuait de souffler s'arrêta et le regarda, rouge écarlate, elle lui cria :



- Ben quoi ?! Dans une situation pareille qu’est-ce qu’on fait à ton avis ???? On tricote un pull ???!!



Falcon, toujours stoïque, lui dit :



- Ah bon ??



Hors d’elle, elle fulminait :



- FALCOOOON ! Je plaisantais !!! Non mais quel empoté !!!!!!



Falcon, surpris par le comportement virulent de Kaori, ne comprenait plus rien. Essayant de garder son calme, Kaori lui dit :



- Va chercher de l’eau chaude, des serviettes et tout ce que tu peux trouver qui pourrait être utile dans la salle de bains !!!



Falcon, toujours immobile, se retourna et pris la direction de la salle de bains, dépassant le salon, il s'arrêta. Il avait eu une idée, il n’avait pas le choix....



Il tâta sa poche à la recherche de son portable et composa un numéro... Chaque sonnerie lui glaçait le sang : « Faites qu’il soit là !!! ». Quelqu’un décrocha et dit :



- J’espère que c’est une belle blonde qui vient de me réveiller au beau milieu de la nuit !



Agacé par ce comportement lubrique, Falcon hurla dans son portable :





- DOC, ferme là et écoute moi !



L’interlocuteur se tut et répondit :





- Falcon c’est toi ? Tu as des soucis ?



Falcon, qui essayait de couvrir les cris provenant de la chambre de Kaori, lui dit :



- Oui ! Il faudrait que tu me guides...Et que tu te ramènes à Iwaki le plus vite possible !



Le doc, à moitié réveillé, se redressa en entendant la demande de Falcon :



- Te guider ? Venir à IWAKI ??? Mais c’est quoi ce délire Falcon ????



- PAS LE TEMPS DE DISCUTER DOC !!!!



Le doc allait répliquer lorsqu’il entendit le cri déchirant d’une femme qui semblait provenir de derrière Falcon. Reprenant son sérieux, il lui dit :



- Bon ok, explique moi…





Le nettoyeur ne savait pas comment formuler sa phrase pour annoncer ce qui se passait :



- Hé bien…Euh…



Il fut coupé par un hurlement de Kaori :



- Falcon !!!!!!!!!!!!!!!! Mais qu’est-ce que tu fais ???? Dépêche-toi bon sang !!



Le doc ne comprenait plus rien à la situation... Ne voulant plus perdre une minute de plus, le nettoyeur lui dit de but en blanc



- Une femme va accoucher d’une minute à l’autre !! Guide-moi !



Le doc était remué... Mettant de côté son esprit pervers, il sentait la détresse de Falcon. C’est vrai qu'un accouchement ne faisait pas partie des fonctions d’un nettoyeur ! Tout en s’habillant, le doc lui dit :



- Bon, écoute moi... Tu vas faire tout ce que je te dis... J’arrive ! Rappelle-moi quand tu vois que la situation commence à dégénérer… Mais vu le temps, je ne serai pas là avant au moins deux heures... Donc il va falloir que tu gères mon vieux ! Allez, courage…



Falcon était tellement gêné qu'il en avait les larmes aux yeux, il allait raccrocher quand il entendit le doc lui poser une dernière question :



- Elle est jolie au moins la future maman ?



Dans un élan de colère, Falcon raccrocha son portable. Il alla chercher ce qu’il pouvait dans la salle de bain et retourna auprès de Kaori. Celle-ci appliquait conscience ment ce qu’on lui avait appris durant sa grossesse et quand elle vit Falcon revenir, elle ne put se contenir plus longtemps...



Bien que la situation ne soit d’apparence pas drôle, Kaori éclata de rire devant l’accoutrement de Falcon : celui-ci était revêtu de son ensemble de plongée sous marine, d'un masque et d'un bandeau militaire, prêt à entrer en action !



- Ben quoi ??? lui lança t-il.



Le fou rire de Kaori fut vite interrompu par un nouveau hurlement, elle attrapa son oreiller et le serra fortement. Toutes ses pensées se dirigèrent vers l’homme qu’elle aimait, elle essayait de tirer de la force de son souvenir pour mettre au monde son cadeau.



On y était… L’enfant du plus grand nettoyeur du monde allait naître...



Falcon rappela le Doc, qui s’était mis en route pour Iwaki.

Chapitre 25 :: Hideyuki


Kaori mit toute son énergie dans un ultime effort. Un dernier cri... Un silence... Puis de nouveaux cris, mais ceux-là émanaient d'une nouvelle personne.

Ces cris nouveaux, eurent pour effet, ou était-ce une simple coïncidence, d'arrêter la pluie. Tout redevint calme… L’orage était passé, une nouvelle journée s’annonçait.



Une voiture folle se dirigeait vers Iwaki. Le doc remit un coup d’accélérateur, malgré la pluie. Bien qu'il fasse souvent l’imbécile, il était professionnel. Certes, il évoluait dans le monde des nettoyeurs , mais il exerçait parallèlement son métier de médecin.

D’abord surpris par l’appel de Falcon, il avait vite compris que si celui-ci l'avait sollicité, c’est que l’affaire était importante. Ne côtoyant que rarement Falcon, ou lors de repas organisés par Miki pour réunir tout le groupe d’amis, il était perplexe. Il regarda l’heure, serra les dents et marmonna:

- Iwaki….Il aurait pas choisir une ville plus proche ?

Son portable retentit une seconde fois. Il garda un œil sur la route tout en décrochant :



- Oui…..



Le silence régna dans la voiture, puis il dit :
- Ok….Bon….Parfait…Tout se présente bien... T’as de la chance, tu ne devras pas faire grand-chose, ajouta-t-il en pouffant de rire.


Un cri de mécontentement le fit écarter l’appareil de son oreille :

- Calme-toi Falcon, on peut quand même plaisanter non ?

Reprenant son sérieux, il continua :



- Prend-le…Ben oui Falcon !…



Il entendit une voix féminine pousser un dernier cri, puis les pleurs d’un nouveau-né. Le doc sourit :
- J’arrive Falcon….
Celui-ci raccrocha et donna un nouveau coup d’accélérateur.

La nettoyeuse laissa à nouveau tomber sa tête sur son oreiller. Ça y est…il était là ! Son visage était recouvert de sueur, ses traits étaient marqués par la bataille qu’elle venait de mener. Cependant, toutes les marques de souffrance disparurent lorsqu’elle entendit les cris de son enfant. Fixant le plafond, elle sourit…

Falcon, qui avait fait preuve d'un self-control hors du commun malgré la situation, prit nerveusement ce petit être hurlant. Le nettoyeur était tout simplement dans un état second, le seul réflexe qu’il eut fut de le déposer sur Kaori.

Pris d’un étourdissement, il s’accroupit puis s’assit par terre ; il venait de mener à bien la mission la plus dure et la plus troublante de toute sa vie.

Les cris de ce petit être se turent lorsque Falcon le déposa sur Kaori. La nettoyeuse, chamboulée, posa ses yeux sur cette nouvelle vie si attendue… A la vue de cet être parfait, elle pleura... Non plus de tristesse mais de joie. Elle le contempla en passant sa main sur ce petit dos si fragile, elle l’embrassa sur la tête et se mit à le caresser pour le rassurer. Un nouveau sourire fit son apparition sur le visage de Kaori…Elle brisa le silence qui s’était installé pour informer Falcon :

- C’est un garçon !!!

Falcon essaya de se redresser avec beaucoup de mal, il était chamboulé par tout ce qu'il venait de vivre. Il se dirigea vers la fenêtre et sentit que c'était l'aube...

Il soupira, malgré la tension, le stress, et la peur, un nouveau sentiment était apparu dans son cœur : la satisfaction. Il reprit petit à petit ses esprits et, voulant rester concentré jusqu’au bout, il dit à Kaori :

- Le doc va arriver…
La nettoyeuse allait répliquer, mais elle n’en eut pas le temps.

- Il le fallait Kaori, je n’avais pas d’autre solution…Et..Malgré son côté pervers, il est médecin... Il ne dira rien, c'est un professionnel.

Elle ne chercha pas à débattre, fatiguée, épuisée et heureuse, elle reprit la contemplation de son fils.

Falcon se retourna et s’approcha à nouveau de Kaori, voulant tout de même satisfaire sa curiosité, le nettoyeur lui demanda :

- Tu as pensé à un prénom ?



Kaori leva les yeux vers Falcon et lui dit doucement :

- Oui…Il s’appellera Hideyuki…

Falcon sourit…

- Beau prénom..


Une sonnette retentit. Le nettoyeur se dirigea rapidement vers l’interphone, il appuya sur un bouton.



Le doc, qui était arrivé, fut surpris du standing de l’immeuble : assez classe, mais surtout bien protégé, il fronça les sourcils en se demandant qui pouvait bien être la maman. N’ayant pas le temps d’approfondir sa réflexion, il se dirigea rapidement vers l’appartement que Falcon lui avait indiqué.



Arrivé à l’entrée, il n’eut pas le temps de toquer à la porte, celle-ci s‘ouvrit toute de suite.



Doc fit deux pas en arrière, il découvrit un Falcon blanc comme un linge. Réprimant un fou rire, le doc s’approcha de lui et lui tapota l’épaule :


- Je sais Falcon…Je sais… Courage... Tu vas t’en remettre…
Le doc allait rentrer quand Falcon lui dit:



- Attend Doc, il faut que je te dise quelque chose avant que tu y ailles...

Surpris, le doc fixa le nettoyeur, qui ajouta :



- Quand tu rentreras, ne pose pas de questions... Et promet-moi une chose...

De plus en plus surpris, le doc lui dit:

- Oui laquelle ?

Le nettoyeur replaça correctement ses lunettes :

- Garde cette petite escapade à Iwaki pour toi..

Le doc, ne comprenant pas vraiment le sens de cette promesse acquiesça :

- D’accord... Si cela te semble nécessaire.

Les deux hommes entrèrent dans l’appartement, le doc éteignit son portable en arrivant à proximité de la chambre. Il entra doucement et découvrit une scène qu'il n'aurait jamais cru vivre : il s’immobilisa en reconnaissant la femme qui venait de mener le plus grand combat de sa vie...

- Kao…. Kaori ?

La nettoyeuse posa son regard sur le doc, elle était tellement épuisée, qu’elle lui adressa seulement un mince sourire.

Malgré sa promesse, le doc se retourna vers Falcon et lui lança :

- Mais qu’est ce que ça signifie Falcon ????

Le nettoyeur, excédé, lui mit un coup sur la tête :
- Je t’avais dit de ne pas poser de questions ! Fais ton boulot !!!

Le doc passa sa main sur la bosse qui apparaissait au sommet de son crâne et se dirigea vers Kaori.
Complètement abasourdi par la découverte qu'il venait de faire, le doc ouvrit sa sacoche nerveusement. Fouillant dans son sac, il faisait des efforts surhumains pour ne pas poser de questions.
Pendant qu'il marmonnait tout seul dans son sac, Kaori ne put s’empêcher de sourire... Elle pensa :

- Pauvre doc... On le tire du lit en pleine nuit, on le fait venir jusqu'à Iwaki. Et le comble, c'est qu'il ne comprend pas la situation !

Elle allait lui parler quand elle vit Falcon l’encourager à se taire. Ecoutant celui-ci, elle ne dit rien.

Le doc prit doucement le bébé, d’un geste précis il coupa le cordon ombilical. En manipulant le nouveau-né, il ne put s'empêcher de l'observer.

Bien que tous les nouveaux-nés se ressemblent, certains traits ne trompent pas... En plaçant son stéthoscope sur le thorax du bébé pour écouter son cœur, il approfondit son analyse.



Ces traits…Ces traits du visage, ces yeux, cela lui disait quelque chose… L'enfant n'avait pas les traits de sa mère…Il chercha dans sa mémoire… Soudain, la révélation eut sur lui l'effet d'une décharge électrique, s'arrêtant brusquement, il l'observa attentivement.


Comment ne s'en était-il pas rendu compte tout suite, en voyant ce petit visage ? Il se retourna en direction de la nettoyeuse, celle-ci, trop gênée, détourna le regard.


Reprenant son travail, le Doc sourit, bien sûr qu’il connaissait ces traits ! La ressemblance était frappante avec celui qu’il considérait un peu comme son fils. Comment se faisait-il qu'il n'ait pas fait tout de suite le rapprochement ?


Comme il voulait tenir sa promesse, il ne posa pas plus de questions, car il connaissait déjà une partie des réponses.

Il examina ensuite Kaori sans un mot. Après avoir effectué tous les examens en silence, le Doc se permit de rompre le calme ambiant :



- Parfait…Tout va bien pour le bébé et la maman ! Dit-il en adressant un sourire à Kaori.



Il continua, en observant la chambre peu appropriée à un accouchement :



- Ma pauvre, ça n’a pas du être facile, hein ?!…Il te faut beaucoup de repos Kaori, je te prescris du fer.



Il se retourna ensuite vers Falcon :



- Pas besoin de fiche de soin, je le ferais parvenir par un collègue de la ville voisine. Il doit avoir ça en stock.



Ne voulant pas s’éterniser d’avantage, il prit la direction de la sortie. A la porte d’entrée, Falcon lui dit :



- Essaye de passer par les routes secondaires... On ne sait jamais…



Le Doc s’apprêtait à poser une question mais il se retint, il hocha simplement la tête. Il allait partir quand Falcon lui adressa un « merci » à sa manière.

Chapitre 26 :: La décision de Falcon


Ryo sortit de chez lui, la journée était à peine naissante, mais il était déjà sur le qui vive. Il fallait dire que, depuis quelques temps, il n’allait pas de main morte avec les vermines qui venaient le narguer.



En temps normal, il leur aurait juste fait très peur, préférant recourir à l'intimidation, mais aujourd’hui, pour un simple regard de travers, il leur faisaient mordre la poussière...



Il avait entendu des rumeurs peu rassurantes sur le fait qu’une nouvelle branche de l’Union Teope se formait : celle-ci se développait discrètement en Corée, sur ordre des têtes dirigeantes toujours situées en Amérique du sud. Voulant reprendre la main sur le marché japonais, ils préparaient leur retour soigneusement, de manière souterraine.



Ryo, marchant doucement, ne put réprimander un frisson, l’orage avait été violent, ce qui expliquait la fraicheur et l'humidité du matin. Il pensait à Kaori, elle détestait l’orage... Combien de fois avait-elle trouvé un prétexte (qu'il savait bidon) pour rester à ses côté durant ces orages ? Il avait alors le loisir de sentir chacun de ses frissons dès qu'un coup de tonnerre retentissait...



Le nettoyeur se sentait bizarre, sa nuit avait été agitée, entrecoupée de réveils brutaux. Il accéléra le pas, il avait du travail en perspective aujourd’hui.





Iwaki.



Kaori, toujours blottie contre son nouvel amour, s’était assoupie. La nuit avait été dure, son corps ne demandait qu'à se reposer...



Falcon était resté devant la fenêtre sans bouger…Il resta ainsi pendant une heure sans rien dire, sa mission était désormais accomplie. Il se retourna vers le lit, sentant que Kaori se réveillait, il se décida à partir :

- Je vais rentrer Kaori... Miki doit être morte d’inquiétude. J’appellerai d’une cabine téléphonique dans la journée pour savoir comment vous allez.



Celui-ci partit le cœur apaisé, il était étrangement bien. Qui aurait cru ? Oui, qui aurait cru qu’un jour il aurait dû mettre au monde un enfant ? Et pas n’importe lequel ! L’enfant de son ancien ennemi...



Il soupira…La vie réservait de bien étranges surprises impensables !



Celui-ci roula très vite afin de rentrer le plus rapidement possible, il s’attendait au flot de questions de la part de Miki. Bien qu'il ait besoin de prendre de recul par rapport à ce qu’il avait dû mener à bien cette nuit, il devait s’ y préparer.





Le Cat’s.



Miki essuyait nerveusement un verre, elle était inquiète… Il était rare que son mari parte et ne revienne pas de la nuit, s’il devait s’absenter, il prévenait toujours.



Elle allait prendre le téléphone quand la sonnette de la porte d’entrée retentit, elle se retourna et poussa un cri de joie, n’écoutant que son cœur, elle se jeta dans les bras de Falcon.



- Falcon !!! J’ai eu si peur !! lui cria-t-elle tout en nichant sa tête contre son torse.



Reprenant ses esprits, sa colère prit le dessus :



- Mais où était tu ??? J’étais folle d’inquiétude ! Pas un appel, rien ! Je me suis rongé les sangs !



Elle était en colère, cette conduite ne ressemblait pas à son mari, il avait intérêt d'avoir une bonne explication !



- Pardonne-moi Miki, je n’ai pas pu faire autrement…En parlant, il se dirigeait vers la porte, espérant pouvoir monter dormir. D’habitude, ses explications suffisaient à sa femme, aussi simples soit elles. Mais pas aujourd’hui...



- Ah non Falcon ! NON !! Tu ne vas pas t’en sortir aussi facilement aujourd’hui ! Serrant les poings, Miki courut pour rattraper son mari.



- Je n’ai jamais posé de questions Falcon, je t’ai toujours fait confiance, me contentant de tes réponses, aussi fumeuses soient-elles !



Elle fit une pause et reprit :



- Mais aujourd’hui c’est fini Falcon !!!! Tu crois que je n’ai pas remarqué ton petit jeu ????



Falcon n’aimait pas la tournure que prenaient les paroles de sa femme :



- Quel jeu ????



L’ancienne mercenaire était hors d’elle :



- Falcon par pitié !! Parle moi je t’en prie ! Tu crois que je n’ai pas remarqué tes absences répétées depuis quelques mois ???



Celui-ci se retourna :



- Tu sais que l'ambiance est tendue dans le milieu en ce moment...



- ARRETE FALCON ! Arrête, ne me prend pas pour une idiote !!

Miki commençait à avoir les larmes aux yeux, elle attendait une réponse.



Dans un soupir, Falcon lui dit :



- Ne va pas t’imaginer n'importe quoi Miki…J'ai fait ce que je devais faire...



Sur ce, il partit d'un pas lourd, laissant Miki seule dans le café.



S’allongeant sur son lit, il poussa un long soupir. Qu’allait-il faire maintenant ? Miki avait la puce à l’oreille… Bien qu’il soit convaincu que Miki ne ferait pas le rapprochement avec Kaori, elle serait désormais méfiante...



Il pensa à la nettoyeuse, qu’allait-elle décider maintenant ? Partir à l’étranger sans laisser de traces ou rester ?



Il repensa à ce petit Hideyuki, encore loin de pouvoir imaginer toute les péripéties qui avaient eu lieu avant sa venue au monde. Même sa naissance avait été rocambolesque !... Mais il était là désormais.



La conscience d'Umi n’était pas encore totalement soulagée, quelque chose le dérangeait… Il reprit dans ses mains le papier des codes d’accès de la résidence. Il réfléchit longtemps en triturant le bout de papier....



Et si c’était ça la solution ?

Chapitre 27 :: Les doutes de Miki


Umi décida de dormir quelques heures, son sommeil fut agité par toutes ses questions sans réponse. Réveillé en sursaut, il décida de retourner aider sa femme ; cela ne devait pas être évident pour elle... Il devait la soutenir à sa manière, mais sans parler.

Il s’assit et soupira, c’était décidé...

Il se leva et se dirigea vers le café, il allait aider sa femme.
Lorsqu’il franchit la porte menant au café, il sentait que Miki était fébrile, à cause du nombre important de clients à servir. Il se dirigea vers le comptoir et enfila un tablier, sous le regard discret de sa femme. Il entreprit de faire un peu de rangement afin de la soulager, Miki ne put réprimer un sourire.

Lorsque, plus tôt, Falcon était parti se coucher sans s'expliquer, Miki était dépitée. Beaucoup de questions la tourmentaient...

Mais ensuite, elle s'était calmée en se disant qu'elle ne devait pas douter de Faclon et imaginer quoi que ce soit de malsain à propos de ses déplacements. Elle n’avait pas le droit même d’y songer !


Elle avait senti son mari préoccupé... Le départ de Kaori l’avait affecté lui aussi, mais il ne le montrait pas de la même manière : combien de fois, l’avait elle vu se retirer, s’isoler sur le balcon, pendant des heures ?

Pour toutes ces raisons, elle décida de ne pas poursuivre cette discussion. Lorsqu’elle vit son mari revenir et l’aider, elle ressentit de la joie. Elle était encore perdue depuis le départ de son amie, elle avait besoin de lui.

Bizarrement, la nettoyeuse n’en voulait pas à Kaori… Au contraire, elle culpabilisait...Elle avait vu Kaori changer, son état physique l’avait inquiétée…

Elle n'avait rien fait de concret pour l'aider, elle s'était habituée à la mélancolie de Kaori et le fait que Kaori et Ryo se déchirent sans arrêt était devenu « normal » pour elle.
A cette constatation, elle frissonna. Le malaise de Kaori, la sensation de gène qui s’était installée entre eux, l’absence de Kaori durant les missions, le fait que Kaori accepte de défiler alors qu’elle avait toujours refusé, ses sautes d’humeur...

Tout cela aurait dû l’alerter ! Sa meilleure amie allait mal et elle n’avait pas été assez présente...
Elle repensa également à l’altercation qui avait eu lieu entre Ryo et Eriko :

bien qu’Eriko n’ait pas été tendre en paroles, la réaction de Ryo l’avait pétrifiée…


Ryo…Lui aussi avait beaucoup changé, peu de temps avant le départ de Kaori elle avait senti qu’il n’était plus le même.
Il faisait encore le pitre, mais plus de la même manière, comme pour ne pas attirer l’attention sur le revirement de sa personnalité. Il tenait toujours son rôle, mais le cœur n’y était pas.

Elle avait entendu la rumeur qui circulait dans le milieu : l’ange de la mort avait refait surface !

Au début, il était impensable qu’il s’agisse de Ryo pour elle, impossible, mais les doutes avaient effrité sa certitude. Une aura noire émanait de lui lorsqu’il entrait dans le café, une atmosphère pesante envahissait alors la pièce. Elle suffoquait presque à cause de ce magnétisme malsain qu’il dégageait...

Mais elle savait une chose, il aimait Kaori. Bien qu’il ne veuille l’avouer, il l’aimait et sa fichue fierté lui avait joué des tours cette fois-ci.
Lors du défilé de Kaori, il était absent. Enfin... Caché au regard de la plupart des gens, car il était bien là, tapis dans l’ombre, afin de pouvoir mieux l’observer ; c’était comme ça.
Mais aujourd’hui allait-il se laisser glisser dans l’ombre et redevenir l’ange de la mort ? Cherchait-il Kaori ?

Toutes ces questions sans réponse la firent soupirer. Elle essaya de diriger toutes ses pensées vers son travail afin d’oublier un tant soit peu ses remords et ses inquiétudes.

La journée s’était déroulée dans le calme, les clients avaient été nombreux et, comme à son habitude, le couple avait travaillé dans une ambiance harmonieuse.

Falcon regarda l’heure : 19h, il était temps de rentrer. Le couple rangea le café afin de partir et le nettoyeur ferma le rideau de fer. Miki, qui était sur le point de rentrer chez eux, fut interrompue par la voix de son mari :



- Miki, rentre, je dois aller voir quelqu’un…


Miki se retourna vers son mari le regard rempli de questions et d’inquiétude… Elle allait poser la question quand il l’interrompit :

- Je vais voir Ryo.

Chapitre 28 :: Premier échange


La nettoyeuse alternait entre des périodes de sommeil et de veille. Après le départ de Falcon, Kaori s’était retrouvée en tête à tête avec son bébé, la nouvelle maman essayait de remettre ses idées en place : la nuit avait été riche en émotions !



En repensant à Falcon, elle ne put s’empêcher de sourire... Le pauvre, cela avait du être éprouvant pour lui ! Son cœur s’accéléra car elle était heureuse ; oui, elle était heureuse... Falcon l’avait aidée et, ceci, depuis le début de leur partenariat qu’elle avait plus ou moins forcé.

Le nettoyeur avait accepté de l’aider malgré les réserves qu’il pouvait émettre sur ses choix, il l’avait épaulée malgré tout. D’une nature assez froide, il n’avait jamais montré un signe de désaccord. Ses venues étaient régulières, rythmées par des questions très précises, mais cela s’arrêtait là. C’était Falcon, simplement fidèle à lui-même et grâce à lui Hide était là !



Elle reporta son attention sur ce petit être qui dormait entre ses bras, elle écarta doucement la couverture qu’il l’emmitouflait et caressa sa petite joue rose.

Dieu qu’il était beau !…Elle regarda avec émerveillement chacun de ses traits, prenant le temps d’observer chaque détail. Pas de doute, il ressemblerait à son père !

Elle prit sa main minuscule et ne put empêcher ses larmes couler. Il était là, malgré tout… La vie avait pris le dessus, elle avait été plus forte que tout ! Elle avait beau vivre en compagnie de la mort à chaque minute, elle avait choisi la vie…

Son fils allait être sa nouvelle mission, il devait vivre…Vivre… Malgré le fait que son père ait pu ôter des vies, prisonnier d’un monde où la mort prend toute la place. Aujourd’hui, une partie de lui allait vivre dans un monde de lumière et de joie.

La nettoyeuse se sentait plus forte que jamais. Elle allait se battre pour lui, de toutes ses tripes, viscéralement. Elle lui donnerait tout les enseignements qu’elle pourrait lui transmettre afin qu’il vive une vie heureuse…



Son cœur se serra malgré tout : Ryo ne savait même pas qu’il avait donné la vie... Les doutes envahirent à nouveau son esprit.

Un petit cri la fit reporter son attention sur Hide. Il était réveillé et ses grand yeux noirs l’observaient.Cet échange fut un moment unique et, alors que le petit Hide fixait sa maman, un dialogue silencieux s’installa dans une atmosphère des plus douces. Le cœur de Kaori fondit à la vue de ses yeux : oui, il était magnifique !

Ravivée d’un nouveau feu, la nettoyeuse se fit la promesse qu’elle lui donnerait tout ce qu’elle pourrait.

- Oui mon amour, je te donnerai une vie heureuse en te guidant vers le droit chemin….



Elle lui parlait… La fixant toujours du regard, Hide était absorbé par cette femme à qui il faisait une confiance aveugle. Il était le fruit de son amour immense pour Ryo et, pour çà, il était sa plus belle récompense... Elle pensait déjà à tout ce qu’elle pourrait lui dire lorsqu’il grandirait. Sa vie...



Je lui dirai qu'il est né de l'amour

Que chaque nuit s'efface au nouveau jour

Qu'il sera grand mais qu'il a bien le temps

Oh dieu qu'il a bien le temps….



Kaori regarda par la fenêtre, son cœur se mis à frissonner face au magnifique spectacle qui se jouait devant ses yeux : un nouveau jour se levait…



Et que la vie l'appelle que le monde l'attend

Que la terre est si belle et le ciel est si grand

Qu'il est beau, que je l'aime, qu'il est ma vie, ma joie

Qu'il est un parmi des millions d'humains

Mais bien l'unique pour moi



Elle reporta son attention sur son fils et continua à explorer ses pensées :



Je lui dirai qu'ici bas tout s'apprend

Le bien le mal et même le bonheur

Qu'il ne perde jamais ses yeux d'enfant

Devant trop de malheurs et de laideur

Qu'il regarde avec son cœur



Je lui dirai d'être sage et prudent

D'aller frôler les glaces et les feux

Qu'il goûte à tout mais sans jamais dépendre

Que trop peut être pire que trop peu

Oh bien pire que trop peu



Elle se mit à pleurer en se rendant compte que son fils revenait de loin… Cette nouvelle vie faisait partie des miracles du milieu de noirceur dans lequel vivait City Hunter...



Et que la vie l'appelle que le monde l'attend

Que la terre est si belle et le ciel est si grand

Qu'il est beau, que je l'aime, qu'il est ma vie, ma joie

Qu'il est un parmi des millions d'humains

Mais bien l'unique pour moi



Elle caressa à nouveau sa petite tête et sourit en pensant à ses nouvelles résolutions.



Je lui dirai les chansons les poèmes

Qu'il n'y a pas d'amour sans histoire

Que le bonheur est un grain que l'on sème

Qu'amour et santé ne s'achètent pas

Et qu'on n'est riche que de ça



Je lui dirai qu'un jour une autre femme

Viendra l'aimer et qu'il l'aimera

Que j'en mourrai de bonheur et de larmes

Mais que je serai là pas après pas

Que c'est la vie et ses loi



Et que la vie l'appelle que le monde l'attend

Que la terre est si belle et le ciel est si grand



Qu'il est beau, que je l'aime, qu'il est ma vie, ma joie

Qu'il est un parmi des millions d'humains

Mais bien l'unique pour moi …………….



Qu'il est beau que je l'aime

Qu'au-delà du mystère

Il est ma plus belle raison de vivre

Ma réponse à l'infini



Elle le prit délicatement, le rapprochant d’avantage de son cœur et ferma les yeux. Pour toutes ces raisons, elle savait qu’aujourd’hui, c’était son destin. Être la maman d’Hideyuki, fils du grand Ryo Saeba, dont le nom faisait partie intégrante de l’histoire du Japon. Certes, jamais aucun livre ne le mentionnerait, mais elle aura au moins eu la chance de vivre à ses côtés.



Le fil de ses pensées fut interrompu par la porte d’entrée qui s’ouvrit brusquement. Une voie féminine brisa le silence :



-Kaori ???



Cette voix était remplie d’inquiétude, des pas précipités se dirigèrent vers sa chambre. Kimiko ouvrit la porte, elle découvrit la jeune femme allongée, son bébé entre les bras. N’écoutant que son cœur, elle se dirigea vers elle :



- Pardonne moi Kaori, je n’aurais pas du partir !!! J’ai recu un coup de fil de Falcon ! Oh mon Dieu ! J’ai passé toute la nuit à l’aéroport afin de prendre le premier avion pour rentrer !



Elle se baissa pour se mettre à la hauteur du lit. Kaori lui sourit, son visage était tellement serein que cela rassura tout de suite l’ancienne mercenaire. D’une voix douce et posée Kaori lui dit :



- Ne t’inquiète plus…Tout s’est bien passé…



L’ancienne mercenaire, lui fit un baiser sur le front et baissa son regard sur ce petit bébé tellement attendu.



Kaori fit en sorte qu’elle puisse enfin admirer cette petite merveille, Madame Tsukasa fut émue…Elle était d’une nature assez discrète et ne montrait ses sentiments que rarement. Mais, comment le cœur d’une femme ne peut-il pas se réjouir à la vue d’une vie qui vient d’éclore ?



Kimiko redirigea son attention sur Kaori, comme si une transmission de pensée avait eu lieu, Kaori ferma les yeux et lui dit :



- Il s’appelle Hideyuki…Hideyuki Seaba…

Chapitre 29 :: L'adresse


Shinjuku



Un homme se faufilait à travers la ville à vive allure, arrivant à proximité de l’immeuble aux briques rouges, il freina brusquement.



Après s’être engouffrée dans le garage, la voiture s’arrêta brutalement.



Restant quelques minutes derrière son volant, le nettoyeur regardait devant lui…Les yeux vides, il prit une cigarette d’un geste mécanique, la porta à sa bouche et commença à fumer, les yeux toujours dans le vague...



Une fois la cigarette terminée, il se décida enfin à sortir de la voiture. Il monta doucement. D’une main recouverte de sang séché, il ouvrit la porte d’entrée. Il découvrit un appartement plongé dans le noir et le silence, comme à l’accoutumée depuis des mois. Il balaya d’un regard circulaire ce salon, tellement empli de vie par le passé...



Il se dirigea vers le bar et se servit un verre. Après l’avoir bu d’une traite, il le fit voltiger à travers la pièce. Encore un verre de cassé…Peu importe…



Il prit la direction de la salle du bain, habitude désormais ancrée dans sa vie. Il monta doucement l’escalier en repensant à sa journée, il était satisfait : il avait bien avancé. Détruisant tout sur son passage, il avait fait payer le prix fort à tous ces voyous.



Le nettoyeur serra les poings afin de contenir sa colère. Cette colère qui lui montait jusque dans le cœur, comme un étau qui se resserrait sur lui-même, il devait agir pour ne pas devenir fou...





Après avoir réglé le compte de plusieurs malfrats de pacotille, il avait fait le tour de tout ses indics. Mais rien ….Toujours rien…Aucune trace…Il avait écumé toutes les gares, puis l’aéroport, mais rien. Elle avait tout laissé, même sa carte bleue qui aurait pu la trahir, mais elle avait pris le soin de ne rien emporter. Cependant, il restait persuadé qu’elle était toujours au Japon.



Tout en montant, il soupira de désespoir.



Il entra dans la salle de bain... C’était toujours le même rituel : douche et, ensuite laver ses vêtements souillés de sang, se revêtir de linge pur et propre, monter sur le toit afin de fumer une autre cigarette et penser... Toujours penser.



Peut être allait-il se détendre plus tard en allant se promener dans son quartier favori ? Il n’en avait même plus le gout… A vrai dire, même les jeunes demoiselles à demi nues des cabarets l’énervaient. Oui, il les détestait et se détestait lui-même pour ce qu’il était… Ou ce qu’il était redevenu…



Il prit une bouffé de sa cigarette et recracha la fumée en direction du ciel…Combien de fois avait-il pu regarder ce ciel ? Il connaissait l’emplacement de chaque étoile par cœur…



Il secoua la tête pour refouler toute les pensées qui affluaient en lui. D’un coup, il sentit une aura se rapprocher, une aura qu’il connaissait bien. Il ne s’agissait pas d’une aura négative.



Il ne put réprimander un sourire de satisfaction. Malgré sa situation désastreuse, il avait une ouïe et une perception hors du commun.



La porte en métal s’ouvrit, Ryo ne se retourna pas. Des pas se dirigèrent vers lui, le nettoyeur, qui n’avait toujours esquissé aucun geste, dit à l’invité surprise :



- Que me vaut cette visite…Falcon ?



Falcon, avait frappé plusieurs fois à la porte d’entrée mais il n’avait reçu aucune réponse. Il savait cependant que Ryo était là, il avait alors pris l’initiative d’entrer. Il savait que Ryo percevrait sa venue bien avant qu’il ne le rejoigne sur le toit.



Il se tenait là, immobile, devant le japonais. Ryo se décida enfin à se retourner pour faire face à son ami. Un long silence suivit la question... N’obtenant pas de réponse, Ryo se détourna de sa contemplation de la ville.



Falcon était en paix avec lui même et sa conscience, ce qu’il s’apprêtait à faire était un jeu à quitte ou double… Mais il restait toujours immobile…



Il sentait la nervosité de Ryo à la manière dont il fumait sa cigarette, le japonais ne supportait pas la manière qu’avait tête de poulpe de l’analyser. Oui, il détestait ça…Qu’est-ce qu’il avait à la fin ?



Ryo repartit à la recherche d’une nouvelle cigarette, d’une main tremblante, il fouilla dans sa poche. Voulant absolument en finir, il dit de but en blanc :



- Tu as des infos pour moi tête de poulpe ?



Falcon esquissa un sourire... S’approchant de Ryo, il s’accouda contre la barrière et répondit seulement :



- « Oui »... D’une voix ferme.



Ryo ne bougea pas… Et se contenta de répondre :



- C’est pas trop tôt..Ça devenait long...



Falcon ne savait pas si un double sens se cachait dans ces phrases, mais il était sûr désormais qu’il ne pouvait pas faire marche arrière. D’un geste rapide, Falcon prit un papier dans sa poche et le tendit à Ryo.



D’abord surpris, Ryo s’apprêta à le prendre, quand Falcon recula la feuille.



- Avant que je te donne ce papier, tu dois te mettre dans le crâne que c’est pas pour toi que je fais çà...



Perplexe, le japonais ne comprenait où son ami voulait en venir. Hochant de la tête pour montrer son acceptation, Ryo tendit la main à nouveau afin de récupérer ce bout de papier, qui avait l’air d’avoir beaucoup d’importance pour Falcon.



D’abord hésitant, Falcon lui tendit, Ryo prit délicatement le papier. Il le regarda et, après un silence, leva la tête en direction de Falcon :



- Iwaki ?



Falcon hocha de la tête, Ryo reprit la lecture et lui demanda :



- Et ces chiffres, c’est quoi ?



- C’est les codes de l’entrée….



De plus en plus surpris, Ryo répéta :



- Des codes d’entrée…



Il ne savait plus quoi penser... Il avait dans les mains l’adresse à laquelle il retrouverait Kaori.



Ne voulant pas perdre le contrôle de la situation, Falcon prit la parole d’un ton ferme :



- Ne me pose pas la question de savoir le pourquoi du comment…Elle est là bas..Mais, écoute-moi bien Ryo... Si tu décides de pas y aller…Soit…Mais si tu décides de t’y rendre… Il faudra que tu prennes tes responsabilités... Tu seras désormais le seul responsable de ce qui suivra…et de la sécurité de la petite…Ma mission est terminée aujourd’hui… A toi de décider ce que tu souhaites maintenant…



Le japonais fixait Falcon intensément... Il ne comprenait pas tout... Il essayait de comprendre les données que Falcon lui livrait aujourd’hui... Mais, une seule question s’imposait à lui :



- Pourquoi maintenant Falcon ?....



Falcon se retourna afin de partir..



- Si tu décides d’y aller tu comprendras… Je te demande juste d’être discret… Tu as les codes pour entrer, pas besoin de tout mettre à feux et à sang…



C’est sur ces paroles que l’ancien mercenaire quitta les lieux. Laissant le nettoyeur numéro 1 du Japon face à son destin.

Chapitre 30:Dilemme

Falcon sortit rapidement de l’immeuble aux briques rouges, il soupira de soulagement : depuis 6 mois il était oppressé …



Il n’avait pas trahi Kaori dans la mesure où il laissait Ryo prendre sa propre décision, c’était son devoir. Il ne pouvait pas ne pas dire, ne serait-ce qu’à demi mot, où se situait Kaori.



Il avait juste donné un coup de pouce au destin, en espérant que celui-ci soit plus clément pour City Hunter.


Le japonais n’avait toujours pas bougé du toit. Il lisait et relisait l’adresse sous ses yeux. Pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui ? 6 longs mois... De silence, de questions sans réponse..

Il avait toujours eu un doute : lorsqu’il était retourné au Cat’s après que Kaori soit partie, il avait senti le trouble en Falcon. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus, mais quelque chose clochait. Mettant cela sur le compte du départ précipité de Kaori, il n’avait pas fait vraiment le rapprochement, ou ne voulait-il pas y songer ?



Si Falcon était impliqué d’une manière ou d’une autre dans le départ de Kaori, c’est qu’il y avait quelque chose qui l’avait poussé dans ce sens.




Vu l’adresse et les codes, elle devait être en sécurité, cela ne faisait aucun doute. Était-elle tellement en danger que cela avait nécessité son départ ? Cela lui paraissait peu probable. Aucune menace n’avait été prononcée contre elle, et vu qu’il avait cherché la moindre information qui pouvait la concerner, il en aurait eu connaissance.

Tout tourbillonnait dans son esprit : devait-il y aller ? Ou la laisser ? Elle devait avoir un minimum refait sa vie là bas. Sa venue pourrait briser la nouvelle vie qu’elle construisait, mais pourquoi avoir coupé les ponts avec tout le monde ? Même Miki et Eriko... Cela n’avait aucun sens !

De quoi avait-elle eu peur ? Pourquoi se cacher ? Se cachait-elle de lui ?


Cela devait surement être çà. Elle avait peur de lui. Il avait changé et elle s’en était rendu compte.

Surtout celle nuit là où, pris par l’alcool et la frustration, il avait hurlé devant sa porte et avait eu des gestes déplacés. Peut être était-ce cela qui l’avait poussée à partir loin de lui ?

Il ne pouvait pas s’empêcher de repenser à tout ce qui avait pu se passer. Il avait été faible tout simplement, mais dieu qu’il avait été heureux ! Ses gestes délicats, sa douceur, son innocence sa pureté qu’elle lui avait offerte ! Et du revers de la main, il avait encore tout balayé. Pourquoi d’ailleurs ? La peur ? Sûrement.Oui, il avait eu peur

Après une nuit au paradis, l’enfer l’avait vite repris.

Il savait qu’un jour ses sens ne seraient plus en alerte à cause d’elle. Il se détestait et comme pour se punir, il avait fait marche arrière. Bizarrement, Kaori avait accepté.

Pourquoi ? Parce qu’elle le connaissait mieux qui conque.

Le nettoyeur mis un coup de poing dans la balustrade, il était tourmenté. Ne sachant pas quoi faire à cet instant. Perdu, il était perdu…

Le vent lui rappela qu’il était dehors sur le toit et que la nuit était déjà bien avancée. Il décida de descendre dormir, la nuit portait conseil à ce qu’il parait Il allait essayer

Sa nuit fut agitée : il rêvait de Kaori, de Falcon, de ses anciens ennemis. Chaque nuit était une épreuve pour lui, car ses souvenirs remontaient à la surface et il revoyait les morts, le sang. Tout ce à quoi il ne voulait plus penser.
Se levant brusquement pour évacuer ces cauchemars, il alla se mettre de l’eau sur le visage. Sa colère intérieure remontait encore et encore,Prête à reprendre du service, à l’affut du malfrat qui aura l’audace de défier…

Il repartit dans sa chambre et regarda l’heure : 5h. Il était trop tard ou trop tôt... Les rats avaient du déserter les quartiers, pour laisser la place aux « gens normaux ».
Il soupira en reprenant le bout de papier et relut encore l’adresse. « Sugar » pensa t-il.
Ce n’est qu’à 9h30 qu’il sortit de chez lui.


Il allait partir finir un travail en court, qui restait inachevé. D’un pas décidé, il rejoignit sa voiture. La voiture sortit à vive allure de l’immeuble et partit en direction du port.

Aux abords du port, un bolide de couleur rouge vif attendait, une femme adossée contre sa portière passait des coups de fils. Voyant Ryo arriver, elle abrégea sa conversation.Le nettoyeur sortit de son véhicule et alla à sa rencontre. Saeko ne put s’empêcher d’être surprise de le voir ainsi : les traits durs, la mâchoire fermée.Cela ne présageait rien de bon.
Après des salutations rapides, le nettoyeur engagea tout de suite la conversation sur le travail. Surprise que celui-ci n'esquisse pas le moindre geste déplacé, elle l’informa tout de suite des dernières infos récoltées par les policiers infiltrés.
Le nettoyeur écoutait attentivement en regardant le va et vient des bateaux, les mains dans les poches. Après que Saeko ait terminé son exposé, il dit simplement :


- Bien…C’est maintenant que je suis censé intervenir...

Il se retourna et prit le chemin de sa voiture. Toujours surprise par l’attitude de son ami, Saeko ne put s’empêcher de le questionner :

- Ryo es-tu sûr d’aller bien ?

Ryo s’immobilisa, sans se retourner :


- Oui, tout va bien…C’est juste que j’aimerais terminer cette affaire qui traîne en longueur… Ça m’agace prodigieusement !

Le nettoyeur ne voulait pas s’attarder davantage, voyant que Saeko était prête à entamer le dialogue, il hâta son départ. La journée du nettoyeur fut remplie, il savait qu’il devait se dépêcher. Il fut efficace : il se retrouva devant l’escroc en question.
Après l’avoir suivi et s’être infiltré pour recueillir des preuves plus probantes sur son rôle dans le trafique et l’organisation, il pouvait enfin faire tomber le masque et lui donner une correction!

Il se tenait immobile, pointant son magnum sur le misérable qui tremblait de tous ses membres ; l’homme savait qu’il avait en face de lui l’Ange de la mort en personne, et qu’il allait passer à l’action.Il se savait perdu, fermant les yeux, attendant la sentence, il entendit le cran de sécurité s’enlever. Il serra les dents, attendant sa mort proche.



Ryo était là, prêt à lui régler son compte, il allait tirer quand il fut pris d’une hésitation. Toujours immobile, il regarda l’homme devant lui qui se préparait à mourir et, contre toute attente, il ne tira pas.

- Je suis d’une humeur clémente aujourd’hui, tu as beaucoup de chance !

Joignant le geste à la parole, il prit son portable tout en surveillant le malheureux et appela directement Saeko :

- Tu peux venir récupérer ta marchandise sur le quai E, quartier ouest.

Le malfrat ouvrit les yeux, il tremblait de tous ses membres en voyant le nettoyeur s’approcher de lui. Ses yeux étaient sombres, glaçants. D’un coup, Ryo l'assomma. Il entreprit de le ligoter fermement, puis se leva et laissa l’homme aux mains de la Justice.
Le nettoyeur mis ses mains dans ses poche et reprit sa marche d’une manière nonchalante.

Arrivé à la hauteur de son véhicule, il prit une cigarette et s’installa au volant. Satisfait de lui-même, il était bien aujourd’hui, il allait pouvoir rentrer chez lui sans une goutte de sang sur les mains. Sur cette pensée, il redémarra la Mini et prit la direction de son domicile.

Il donnait des coups d’œil rapides dans le rétro et se rendit compte que la route était quasiment vide, ce qui rendait son retour facile. Il était fatigué, il avait besoin de se reposer, c’était évident, il soupira…



Il s’apprêtait à tourner à gauche quand il braqua brusquement et dévia son chemin sur la voie de droite :Il prit la route qui menait à Iwaki.

Chapitre 31 :: Invité surprise (1/2)



Il serra d’avantage le volant parce-qu’il avait peur de ce qu’il allait découvrir.Peut-être que Kaori avait refait sa vie avec quelqu’un ? Cette idée lui fit l’effet d’un coup de poignard alors, pour se concentrer d’avantage sur la route, il alluma la radio d’un geste nerveux.
Cette route lui parut être la plus longue qu’il ait eu à parcourir et c’est avec curiosité qu’il entra dans cette ville qui lui était totalement inconnue.
Il s’agissait d’une ville normale sans grande faste, rien à voir avec Tokyo ou le quartier de Shinjuku

Le nettoyeur observa la ville où son ange avait retrouvé refuge. Il ressentit une angoisse qui devenait de plus en plus difficile à gérer : il allait enfin savoir.



Il reprit le papier et regarda avec attention les différents panneaux. Prenant la précaution de ne pas trop s’attarder, il essaya de se repérer rapidement pour éviter qu’on le voie trop trainer. Il se devait d’assurer sa sécurité et celle de son ange et, pour cela, il devait être discret.

La Mini s’enfonça d’avantage dans la ville, arrivée à un croisement, elle tourna à droite. Le nettoyeur se retrouva dans un quartier bon chic bon genre, d’aspect assez classe, qui paraissait calme. Il en fut soulagé : Kaori était loin de ces quartiers malfamés.
Son cœur s’accéléra lorsqu’il passa devant l’entrée indiquée sur le papier si précieux, ne voulant pas attirer l’attention, il passa sans s’arrêter.
La nuit avait pris possession de la ville, il décida alors de se garer beaucoup plus loin et de marcher.
En passant devant l’immeuble, il constata que la résidence était sous bonne surveillance. Heureusement qu’Umi lui avait donné les codes, car il se voyait mal tout détruire afin de parler avec Kaori. Il sourit malgré lui: Fichue fierté! Il arrêta le moteur de sa voiture et resta là pendant un long moment.Perdant toute notion du temps, il resta là, dans le noir, à quelques mètres du nouveau logement et de la nouvelle vie de Kaori. Ses doutes ressurgirent : peut-être allait-il tout briser en allant la voir ?

Il s’apprêta à redémarrer son moteur mais il suspendit son geste : il devait savoir!



Prenant une grande inspiration, il sortit discrètement de sa voiture.A ce moment précis, il aurait bien aimé griller une cigarette, mais cela aurait pu le trahir et risquer de le faire repérer. Il avança discrètement tout en restant aux aguets, seul un chien hurlant témoignait d’une forme de vie dans le quartier, qui était trop calme pour lui. Il se faufila et arriva à proximité de l’immeuble. Il prit le temps d’observer le bâtiment : la résidence était ceinturée par de grands murs blancs et munie d’un grand portail noir électrique.Il aurait pu entrer directement comme s’il résidait dans l’immeuble, mais il n’en fit rien. Il devait se montrer discret, ne sachant pas ce qu’il l’attendait.
S’assurant qu’il n’était pas surveillé et ne percevant aucune aura meurtrière, il décida de se diriger vers le portail. D’un geste fébrile, il composa le code qu’il avait eu le temps d’apprendre par cœur à force de lire et relire le papier. Le portail s’était à peine ouvert qu’il se faufila entre les portes et se précipita derrière un buisson se trouvant sur sa droite.

Il pu observer l’immeuble qui se dressait devant lui: Qu’allait-il faire ? Entrer directement ?
Falcon lui avait également donné le code de l’interphone, mais il ne pouvait pas monter et frapper à la porte de Kaori lui paraissait complètement absurde, vu la situation! Il fit le tour de l’immeuble, qui était composé de seulement deux étages et doté pour beaucoup de balcons. Il était facile d’escalader, mais pour cela, il devait trouver LE balcon.

Il soupira et regarda le ciel pour y trouver la réponse quand soudain, une lumière jaillit d’une fenêtre. Le nettoyeur se cacha derrière un arbre imposant proche de lui, il entendit une porte coulissante s’ouvrir tout doucement.Le cœur du nettoyeur s’accéléra à la vue de la silhouette… Elle était là ! Elle ouvrait la porte et se mettait à son balcon !



La nettoyeuse avait eu une journée calme, reposante, qui lui avait permis de prendre le temps de faire connaissance avec Hide. Elle avait adoré le prendre dans ses bras et l’admirer pendant des heures, seules les allées et venues de Kimiko venaient l’interrompre. Elle déposa délicatement son ange dans son couffin et retourna dans le salon. Elle s’assit et alluma la télé, mais très vite elle s’aperçut qu’elle n’écoutait pas du tout. La naissance d’Hide prenait toute ses pensées ; cependant, un nouveau doute s’immisçait en elle : qu’allait-elle faire maintenant, partir ?
Elle secoua la tête, tout était encore trop frais pour qu’elle puisse avoir les idées claires.Seul un doute subsistait : Ryo... Devait-il savoir avant son éventuel départ pour New York ? Maintenant qu’Hideyuki était là, ses idées et ses convictions étaient ébranlées.
Voulant évacuer son mal être, elle sortit prendre l’air. En ouvrant doucement la porte du balcon, elle enfila son gros gilet de laine blanc. Il faisait frais dehors, mais cela allait faire du bien. Elle s’approcha de la barrière et y appuya les avant bras, elle inspira, cela lui faisait du bien et la détendait…
Son regard fut attiré par quelque chose, d’un mouvement brusque elle tourna la tête mais elle ne vit rien, cela devait surement être un chat.Elle resta un moment là, puis fut tirée de ses pensée par une voix qu’elle connaissait désormais très bien... Elle lui dit :

- J’arrive mon chéri


En rentrant dans le salon, elle fit coulisser la porte du balcon pour la fermer, mais comme elle y avait mit un peu trop de force, celle-ci buta et se réouvrit légèrement.

De son côté, le nettoyeur l'observait. Son cœur s'était réveillé de la léthargie dans l’aquelle il s’était enfoncé depuis 6 mois. Elle était magnifique.Malgré la pénombre, son gilet blanc la mettait en valeur et il ne put s’empêcher de repenser aux défilés de Tokyo. Elle avait été tout simplement resplendissante, montrant qu’elle n’avait rien à envier aux mannequins de métier. Ce fameux jour il avait été partagé : il était ravi de la voir, mais également en colère En colère que son corps soit à la vue de la gente masculine venue pour se rincer l’œil. Ses mèches rebelles étaient balayées par la brise, elle était superbe..Elle faisait toujours autant battre son cœur.

Soudainement, il vit la nettoyeuse parler et repartir à l’intérieur, elle n'était pas seule. Il serra les dents. D’un geste brusque il se mit près du mur, il décida de monter pour ne pas se noyer dans des idées préconçues. Ce n’était pas haut, en deux ou trois mouvements il parviendrait au balcon. Il attendit patiemment dans l’ombre.

Kaori alla directement vers Hideyuki qui s’était réveillé. Elle le prit délicatement dans ses bras et s’occupa de lui, ne se lassant pas de l’admirer.
Après lui avoir donné à manger et l’avoir rassuré, elle le remit dans son couffin. Sentant la fatigue la gagner, elle décida de se coucher. Elle éteignit la lumière afin de ne pas gêner son bébé et entreprit de se déshabiller quand elle s’arrêta dans son élan. Elle sentait quelque chose...

Chapitre 32: Invité surprise (2/2)



Une présence! Elle sentait une présence qui se rapprochait. Elle ferma les yeux et appliqua ce que Ryo lui avait appris : détecter une aura, la définir. Elle se concentra, sa respiration s’accéléra, elle jeta un regard vers Hideyuki, qui dormait à poings fermés.
L’aura n’était pas négative, mais cela n’empêchait pas pour autant que sa présence en ces lieux était secrète. Elle prit son arme, ne voulant prendre aucun risque, mais surtout pour protéger son fils. Elle se faufila dans le salon et se tapit dans l’ombre à coté de la porte fenêtre où les rideaux la cachaient. Elle attendait.Elle était folle de rage.L’instinct maternel lui faisait oublier toute la peur qu’elle pouvait avoir à cet instant!
Le nettoyeur monta avec précaution. Doué d’une agilité incroyable, il monta les deux étages avec rapidité et mis pied sur le balcon. Tout était éteint dans l’appartement mais il sentait la présence de son ange.Il hésita encore à entrer, mais maintenant qu’il était là, il ne pouvait plus reculer!

Il constata que la porte n’était pas totalement fermée, cela allait lui faciliter les choses. Comme un félin, il se dirigea vers l’ouverture et fit coulisser la porte d’un geste lent, pour éviter de faire du bruit.

Le cœur de Kaori s’accéléra. Elle le sentait cogner d’affolement dans sa poitrine. Elle vit la porte s’ouvrir doucement. Elle attendit que l’intrus entre dans l’appartement. Elle était dans un état second, n’écoutant que son instinct, elle braqua son arme sur cet étranger.Le nettoyeur, qui s’apprêtait à entrer, sentit une arme braquée sur lui. Il entendit un déclic, bruit qu’il connaissait par cœur : celui du cran de sécurité. Il n’avait rien senti, aurait-il failli à son instinct ?

La nettoyeuse alluma brusquement la lumière et se planta devant le nettoyeur, l’arme pointée sur son torse. A cet instant elle ne se reconnaissait pas elle-même, jamais de sa vie elle n’avait été aussi sûre d’elle et déterminée.

Les nettoyeurs se firent face, Kaori ne pu retenir un cri de stupéfaction en reconnaissant l’intrus.

Ryo, quant à lui, était simplement paralysé!

Ils restèrent face à face un bon moment, le temps de comprendre…Les yeux de Kaori s’agrandissaient au fur à mesure qu’elle comprenait qu’il était là, devant elle. Ryo mit également du temps à intégrer le fait que son ange était devant lui, une arme braquée sur lui, prête à tirer.D’un geste brusque elle baissa son arme, prenant le soin de remettre le cran de sécurité, elle était tellement surprise que tout se mit à tourner autours d’elle.

- Ryo…….. !!!!!



Le japonais fut tout d’abord rassuré quand il la vit baisser son arme. Pour la première fois de sa vie, il aurait pu être abattu à bout portant!Il était tout autant dans un état second que son ange. Jamais il n’avait pensé que leurs « retrouvailles » allaient se dérouler ainsi. Et qui plus est qu’il allait se faire « piéger ».Elle aurait pu le tuer !
La nettoyeuse recula de deux pas, elle n’y croyait pas ses yeux. Ryo était devant elle…Chez elle!
Par instinct, elle jeta un regard en direction de sa chambre et fut soulagée de constater que sa porte était à peine entrouverte.

Le nettoyeur ne savait pas quoi dire ou quoi faire. Il la fixait.Son regard était neutre. Kaori, qui reprenait peu à peu contrôle sur elle-même et son cœur, lui dit :


- Mais…Mais…Ryo…Comment ??? Enfin…


Prise de panique, elle ne fut pas capable de prononcer une phrase cohérente.Ryo, qui était resté maitre de lui-même, se rapprocha d’avantage de Kaori. Il la regardait sans dire un mot. De plus en plus décontenancée par cette situation, Kaori voulait absolument reprendre son assurance, sans trahir quoique ce soit.

Prenant sur elle-même, elle lui demanda :


- Ryo…Ryo qu’est ce que tu fais ici ???? Je …Enfin…

Décidément, elle n’arrivait même pas à aligner deux mots, elle était trop bouleversée...

Le nettoyeur, qui gérait beaucoup mieux la situation, brisa son mutisme :



- C’est à moi de poser la question, qu’est-ce que tu fais là ?



Le ton était sec.


La nettoyeuse commençait à trembler.Comment, comment avait il su ? Falcon lui aurait-il dit ? Pourquoi ?

Le nettoyeur fit quelques pas vers elle, par réflexe, elle recula. Il lui lança :



- Pourquoi Kaori… ? Pourquoi ?? Sa voix était emplie d’amertume…..

Kaori essayait d’affronter son regard,ce fichu regard qui la perdait à chaque fois…



- Je…Enfin….Je devais...



Agacé par ces bribes de phrases sans aucun sens, il haussa le ton :



- Mais réponds !!!! Pour une fois dans ta vie, arrête d’avoir peur de moi !!!

Kaori, touchée au plus profond d’elle-même par cette remarque acerbe, releva la tête. Ses yeux étaient remplis de larmes:


- Tu es mal placé pour me dire ça Saeba….


Le nettoyeur fut blessé par la manière qu’elle avait de l’appeler, il détestait lorsqu’elle l’appelait ainsi.Sa colère, sa frustration, sa joie, ses inquiétudes le rendaient fou. Il voulait comprendre :

- Partir comme une voleuse, laisser tes amis... et MOI !!! Il finit sa phrase dans un cri.


Paniquée par ce haussement de ton, elle essaya de calmer la tension :



- Ne crie pas Ryo, cela ne m’impressionne pas!


Excédé, le nettoyeur sentait cette tension revenir à la charge:


- ALORS REPONDS !! cria-t-il.

La nettoyeuse sursauta au ton de Ryo, qui avait hurlé. Elle avait peur qu’il ne réveille Hideyuki, il devait sortir d’ici:



- Ne crie pas Ryo, tu vas réveiller tout l’immeuble !


Malgré elle, elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers la porte de la chambre. Elle était paniquée, il fallait absolument le faire sortir d’ici!

Ryo, qui observait chacun des mouvement de Kaori, s’aperçut immédiatement qu’elle était mal à l’aise et qu’elle ne se lançait pas corps et âme dans cette discussion malgré la colère qu’elle dégageait. Quelque chose la retenait d’exploser. Il remarqua alors le regard qu’elle jeta en direction de cette porte : il y avait quelqu’un…


Le japonais sourit, Kaori paniqua, elle n’aimait pas ce sourire froid.


Il fit un nouveau pas vers elle, instinctivement, elle recula tout en essayant de dévier du chemin de la chambre. Il avait désormais la preuve de ce qu’il soupçonnait:



- Je te dérange peut être ? Tu as peut être de la visite Sugar ?



Ne comprenant pas sa question, la nettoyeuse, le défia du regard :



- Qu’est-ce que tu racontes ? De la visite…



Le nettoyeur était fou de rage ! Il savait, il savait désormais que Kaori n’était pas seule ! Déjà tout à l’heure il l’avait compris lorsqu’il l’avait vue partir du balcon en parlant. Il lui lança :

- Deviendrais tu complément folle Sugar ? Parler seule est un signe précurseur de la folie!


Kaori secoua la tête et commença à s’énerver, cela devait s’arrêter :


- Sors d’ici Ryo… Je t’en prie, sors d’ici!!!!!!


La nettoyeuse souffrait, son cœur se déchirait à chaque remarque de son ancien partenaire mais le japonais n’avait pas fini d’en découdre :


- Je suis venu ici pour savoir Kaori !! Et je ne partirais pas tant que je n’aurais pas eu ma réponse !


D’un geste brusque, il lui prit le bras afin qu’elle s’écarte du passage et il se dirigea vers la chambre de Kaori.

Encore sous le choc de ce geste, Kaori se retourna et cria :


- Non Ryo ! Non ! N’entre pas dans cette chambre !!!


Elle se précipita devant lui, levant les bras en croix. Ses yeux étaient emplis de colère, il ne devait pas passer.


- Sors d’ici Ryo!!


Le cœur de Kaori palpita.Elle pria pour qu’Hideyuki ne soit pas réveillé par tout ce bruit!

Devant la peur de Kaori, le nettoyeur sentit sa colère monter en flèche. Elle cachait quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Il était là ! Dans cette fichue chambre ! Ne prenant même pas la peine de venir la défendre ! Quel faible il devait être ! Il tuerai cet homme! Il le tuerai de la manière la plus horrible pour avoir oser toucher à son ange !!!

Le nettoyeur poussa Kaori sans ménagement, il voulait le voir.

Kaori, n’ayant plus l’équilibre, tomba sur ses genoux, ellle était résignée et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.Elle ferma les yeux comme pour se protéger.

Le nettoyeur jeta un dernier regard vers son ange qui l’avait trahi. Il ouvrit la porte et entra.

Chapitre 33: L'erreur

Mort de fatigue, Doc s'était affalé sur son fauteuil. La journée avait été dure et son esprit était aux abonnés absents uniquement préoccupé par ce qu’il venait de découvrir à Iwaki et qu'il n'arrêtait pas de ressasser. Il connaissait Ryo depuis son adolescence, pris d'affection pour le jeune homme devenu son protégé depuis, il était aux premières loges pour constater la bénéfique influence de la famille Makimura dans l'évolution de sa manière d’être.


D’abord avec Hideyuki devenu son meilleur ami et grâce à qui le tueur s'était éclipsé au profit du justicier lui faisant découvrir un monde jusque là inconnu. Puis arriva un énergique petit bout de femme brandissant une massue qu'elle sortait d'on ne sait où, et qui tel un ange, paracheva la métamorphose commencée par son frère, transperçant son armure avec sa si redoutable candeur ! Il avait pu voir alors apparaître dans les yeux de cet homme, restés si longtemps dénués de tout sentiment, une étincelle de vie.

Il était persuadé que cela faisait partie du destin...et que l'on n’y échappait jamais. Lorsque le tandem de choc Ryo- Kaori est né il fut d'abord intrigué par ce couple hors du commun. Il les avait souvent eus comme patients, alors très vite il sut que la jeune demoiselle réussirait à dompter l'étalon et à prendre possession de son cœur, bien qu’il refusait ouvertement de l'admettre en continuant de papillonner à droite et à gauche. Baby Face avait toujours eu une place importante dans son cœur.

Mais il devait avouer qu'il avait succombé lui aussi au charme de la petite ainsi que toute la bande, il sourit à l'évocation de cet affectueux surnom donné par Umi. Il savait que Ryo préférerait mourir plutôt que cet ange n'ait les mains souillées de sang, pouvait-on lui en vouloir pour cela il ne cherchait qu'à la protéger de son monde de ténèbres en s'interdisant de l'aimer. Torturé, ne sachant quelle décision prendre ; partagé entre l'envie de la garder ou de la laisser partir ?

Aujourd’hui… La situation était complètement différente et encore plus compliquée pour eux. Il savait juste par l’intermédiaire d’autres nettoyeurs se présentant à la clinique pour des soins qu'il recherchait activement sa partenaire. Pourquoi Kaori avait-elle décidé de partir ? Comment en étaient-ils arrivés là ? Était-il seulement au courant de l'existence de cet enfant ? Vu l’appel en catastrophe de Falcon, il était certain que non.

Toutes ces questions qui se bousculaient dans sa tête lui donnèrent mal au crane, épuisé il ôta ses lunettes et se frotta les yeux …S’apprêtant à se lever, un souvenir lui revint soudain à l’esprit :



- Mince, le fer pour Kaori, j’ai complément oublié d’appeler ce pharmacien de Yotsukura.

D’un geste agacé, il prit son téléphone et composa un numéro.


Yotsukura


Monsieur Fuggi Najjima s’apprêtait à quitter l'officine ...S’assurant que la caisse était bien verrouillée, il se dirigea clefs en main vers la sortie pour fermer et baisser le rideau de fer.

Quand il se sentit brusquement projeté à l’intérieur de la pharmacie ce qui lui fit perdre l'équilibre et atterrir violemment sur le sol ; voulant se relever il se sentit brutalement immobilisé par un poids qui lui écrasait le dos.

Il poussa un cri de douleur…


Les hommes s’engouffrèrent dans la pharmacie prenant le soin de fermer derrière eux afin d’être tranquilles.

Monsieur Najjima comprit immédiatement qu'il s’agissait de toxicomanes à la recherche de substituts de drogues et d'argent pour acheter de vraies doses. Il avait entendu parler d’une nouvelle bande qui sévissait depuis quelques temps sur Tokyo, l'état de manque et la peur de se faire prendre, les avaient surement décidé à s'éloigner de la capital pour commettre leur délit .

D’un geste brusque, l’un des malfrats le releva et le poussa devant la réserve.

-« donne nous ton fric et les petits médocs miracles !!!! lui hurla l’un d’entre eux

Le pharmacien resta calme, malgré les tremblements qui trahissaient sa peur. Il prit les médicaments et les déposa sur le comptoir

Un des voyous hurla :

-UN SAC le vieux !!! dépêche-toi, sinon je te fais exploser ta tête !


Et pendant que le pharmacien mettait les boites dans le sachet obéissant sans broncher de peur que le malfrat ne mette sa menace à exécution, le téléphone sonna.

Son cœur se mit à battre plus vite, il tourna la tête en direction des trois hommes, surpris eux aussi, puis vers l'appareil. Il reconnut le numéro qui s‘affichait. Il s’agissait d’un collègue en quelque sorte… En général quand il appelait c’était pour une urgence.

Un des malfrats eu un sourire ironique :

- Et si on s’amusait un peu ?...Décroche le vieux !!!!


Les deux autres pouffèrent de rire

- Attention !….Un mot de travers et je te descends tout de suite…!!! Allez décroche et montre nous tes talents de comédien !

Ils jubilaient de le voir trembler de peur.


Il obéit en essayant d'atténuer le tremblement de sa main, ces braqueurs n'en étaient pas à leur première pharmacie et vu leur réputation, il devait absolument garder son self control.

Le voyou mit le haut parleur afin de suivre la conversation.



- Allo ?



- Allo fuggi !!! Bonjour c’est doc, comment vas-tu mon vieux ???

Feignant l'assurance le pharmacien répondit :


- Bien bien et toi ca fait un bail dit moi !!!

- Oui je ne chôme pas ici !

- Je veux bien te croire, lui dit le pharmacien avec un rire


Les malfrats firent mine d'applaudir trouvant que le vieux se débrouillait très bien .



- Dis moi fuggi, j’aurai besoin de toi…J’ai une patiente qui aurait besoin de certains médicaments.

- Oui bien sur, je t’écoute

- Euh on fait comme d'habitude hein tu vois ce que je veux dire déclara le doc d’un air amusé

- Oui oui, t’inquiète pas..

- J’aurai besoin de fer, de compresses et de vitamines K…

- «Elle a un bébé ?

- « Oui ! excuse moi , j’ai oublié de te préciser…c'est pour une femme qui vient d’accoucher chez elle..

- « Ok je ferais l’ordonnance habituelle pour ce genre de situation ! Donne moi juste l'adresse et le nom exact de la patiente pour lui apporter .»

Tout en griffonnant sur un papier le pharmacien énonçait à haute voix les coordonnées :

- «Alors il s’agit de Mademoiselle Makimura Kaori, au 333/111 quartier sud, iwaki… »

Les malfrats qui s'amusaient pendant la conversation cessèrent immédiatement leur pitreries...avaient-ils bien entendu…Makimura ! Makimura…Kaori..

Le pharmacien raccrocha inconscient de l'erreur qu'il venait de commettre et des conséquences qu'elle risquait d'avoir . Il releva la tête et observa ses agresseurs .

Les regards complices ainsi que les sourires sarcastiques qu'ils échangèrent durant leur conciliabule ne lui dirent rien qui vaille .

Sa conscience professionnelle reprit le dessus il devait absolument se débarrasser de ces sales individus, interrompus dans leur sale besogne par ce coup de fil, il tendit la main vers la caisse pour leur en donner le contenu afin qu'ils partent et qu'il puisse enfin livrer les médicaments à cette femme mais le chef le stoppa brusquement en hurlant :

- Attend le vieux ! … on a changé nos plans !

A ces mots il blêmit et son coeur s'emballa quand il comprit que ces vermines avaient une autre idée en tête.

Il les fixa à nouveaux essayant d'appréhender leurs intentions, de comprendre ce brusque changement d'attitude .

Ils éclatèrent de rire tant ils jubilaient à l'idée de pouvoir enfin se venger car sans le savoir cet apothicaire venait de leur offrir sur un plateau d'argent l'info en or que tout le milieu recherchait : la planque de Kaori Makimura avec un bonus en prime, d'après cet appel elle venait d'avoir un enfant .


Elle était partie sans laisser d'adresse et personne n'avait réussi à avoir d'infos sur sa destination. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé mais en vain tout les indics avaient fait chou blanc comme si elle avait disparu de la surface de la terre. Pffft littéralement envolée !!! Le grand Ryo Saeba allait enfin payer ! il avait récemment tué un des leurs de la manière la plus abjecte qui soit …. Oui il allait morfler! !!

Ils s’approchèrent de l'homme .

Celui qui paraissait être le chef passa derrière le comptoir et sans aucun scrupule lui tira dessus à bout portant. Le pauvre homme s’effondra sur le sol...une flaque de sang se formait déjà prés de son corps .


- «Faites le disparaitre…ne laissez aucune trace ok ! toi…Va mettre un mot disant que la pharmacie va être fermée pendant quelques jours…ainsi on gagnera un peu de temps . »

Les deux autres trainèrent le corps jusque dans la réserve. Ils fermèrent la porte. Et prirent soin de nettoyer le sang.

- Vous avez fini ??? On a une petite visite à rendre. déclara t-il…

Le chef était aux anges. Affichant un sourire triomphant . Il jubilait d'avance .

Les malfrats sortirent de la pharmacie discrètement, fermant la devanture, ils se dirigèrent vers leur repère pour préparer leur arrivée sur Iwaki.

Chapitre 34 :: Quand Ryo rencontre Hideyuki


Le nettoyeur ouvrit doucement la porte. La pièce était plongée dans la pénombre, rien ne bougeait, rien ne vibrait. Il fit courir son regard à travers la pièce... Non, il ne voyait rien... Il était bien caché le bougre ! Quand il le trouverait...

Ryo essayait de contenir cette colère qui envahissait doucement tout son corps. D’un geste il alluma la lumière. Rien ne trahissait la présence d’une personne.





Se serait-il trompé ?





La nettoyeuse était toujours à genoux, par terre, les yeux fermés. Elle entendait les pas de Ryo qui se déplaçait à l’entrée de sa chambre. Il avait à peine franchi la porte... Avec un peu de chance, il ne verrait rien.





Le nettoyeur n’était pas convaincu. Il était persuadé qu'il y avait quelqu'un, mais il ne voulait pas commencer à retourner la pièce. Il était en colère, mais il n’irait pas jusque là.



Il se retourna donc pour se préparer à sortir...





...Quand soudain, il entendit un bruit.



Ce bruit avait certes été très discret, mais il avait été bien réel, et l’oreille de Ryo, largement plus développée que la moyenne, avait capté ce son étrange.





Le nettoyeur se retourna de nouveau et observa encore une fois la pièce, plus attentivement cette fois. Il s’agissait d’un bruit régulier. Cette présence dissimulée laissait Ryo perplexe, il n'arrivait pas à mettre un nom sur ce qu'il percevait. Se fiant cependant à son ouïe, il avança en direction du lit, avant de le contourner pour se diriger vers le placard.





C'est alors qu'il l'aperçut...





… Et il resta paralysé par ce qu'il venait de découvrir : un nourrisson.





Un tout petit bébé dormait dans un couffin, sa petite tête tournée vers la droite, ses jambes recroquevillées en grenouille et son petit ventre se soulevant et s’abaissant rapidement au rythme de sa respiration. Voilà d’où provenait le bruit ! C’était sa respiration !



Ryo en resta pétrifié, comme si un poids immense s’était subitement abattu sur lui. Il n’arrivait plus à faire le moindre geste, ses yeux fixant toujours ce petit être inconnu.





Tout se mélangeait dans sa tête : un bébé... Kaori ! Il ne voulait même pas faire le rapprochement ! Ce n’était pas possible ! Le nettoyeur fut prit de suées, il étouffait et il se sentit soudainement tellement mal qu'il dut poser la main sur le mur pour s'y appuyer.





Ne sachant comment réagir, il n'osait plus le regarder davantage et il détourna le regard. Ce qu'il venait de voir lui paraissait tellement impossible qu'il ressentait une sensation de brulure au niveau des yeux.



Et voilà que maintenant il sentait la peur le gagner ... Comme pris de panique, il sortit à reculons de la chambre. Arrivé au niveau du salon, il se retourna et fixa Kaori. Il ne savait s’il devait hurler ou partir, tout simplement.



Kaori comprit immédiatement. Il l’avait vu…Voilà, c’était fini !



Avec des gestes mal assurés, elle se releva tant bien que mal afin de livrer son dernier combat. D’une voix tremblante, elle lui dit sans le regarder :





- Je t’avais dit de ne pas entrer dans cette chambre Ryo….





Ryo, quant à lui, était dans un état second. Il la regardait, mais ses yeux étaient comme vides. Ce n’était pas possible ! Jamais ! Jamais il n’aurait imaginé cela ! Il était persuadé qu'il allait découvrir quelqu'un, mais la seule personne qu'il pensait découvrir était un homme, certainement pas un bébé !





Il y avait tellement de questions qui affluaient... Il essaya de revenir un peu à lui. Il la dévisagea et essaya de lui parler :





- C’est …C’est…





Non il n’y arrivait pas ! Il lui était définitivement trop difficile de gérer cette situation !





Une question le taraudait. Il connaissait déjà la réponse, mais il avait besoin de la lui poser, pour lui faire mal, pour pouvoir se venger à sa façon d’être partie sans rien dire :



- Qui…Qui est l’heureux élu ?





Incrédule, Kaori releva la tête dans sa direction. Était-il sérieux ?





- Pardon ?





Raclant sa gorge afin de reposer plus clairement sa question, il répéta sur un ton froid à faire tressaillir n’importe qui :



- Qui est l’heureux élu ??





De plus en plus déboussolée, la nettoyeuse sentait ses jambes se dérober sous ses pieds.





- Tu…Tu es sérieux Ryo ?





La réponse de Kaori ne lui plaisait pas ! Il détestait cette réponse !





N’ayant plus l’habitude, depuis quelques mois, d’apprivoiser sa colère, il dut faire un effort surhumain pour ne pas exploser.



De son côté, la nettoyeuse prenait sur elle. Elle s’approcha de Ryo



Il fit un geste pour qu’elle recule. Il ne voulait pas de ses explications. Tout recommençait à tourner autour de lui, il avait besoin de se poser. Il savait très bien que cet « heureux élu » n’était autre que lui-même, il le savait. Dans sa tête, toutes les pièces du puzzle se remettaient en place... Oui, il savait.





- Ryo…Ecoute-moi... lui dit-elle d’une voix douce, afin de pouvoir gérer cette situation qui lui avait échappé jusqu'alors.





- Tais-toi Kaori…Je t’en prie, tais-toi ! l’interrompit Ryo, toujours décontenancé par cette situation, inimaginable pour lui.





Le nettoyeur se laissa alors tomber dans le canapé et posa la tête entre ses deux mains. Il avait besoin de reprendre son souffle, de reprendre le contrôle de ce cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine.



La nettoyeuse le regardait, surprise de cette réaction quoique bien normale vues les circonstances. Elle ne voulait pas le brusquer, alors elle se tut. Son cœur se serra, Ryo avait l’air complètement perdu. Il savait affronter les ennemis les plus ignobles du monde, mais dès-lors qu’il s’agissait de lui-même, il était incapable de gérer.





Kaori s’assit alors à son tour sur un fauteuil en face du canapé et attendit que Ryo veuille bien discuter.





Le nettoyeur ferma les yeux, afin d’essayer de se concentrer sur la situation, mais le visage de ce bébé venait le narguer, empêchant tout discernement. Alors c’était donc çà le fin mot de l’histoire : Kaori était partie car elle attendait un enfant.



Il avait les lèvres sèches et ses membres étaient comme tétanisés. Elle lui avait caché cette grossesse inattendue ! Cela expliquait ses faiblesses, ses comportements un peu bizarres, il comprenait mieux aujourd’hui pourquoi elle avait accepté ces fichus défilés. Elle avait préparé sa sortie pour cet enfant. Il n’arrivait pas à imaginer une seconde qu’il était le père de ce petit être. C’était impossible ! Il était un nettoyeur, un homme qui devait rester sans attache. Il essaya un instant de se dire qu’il n’était peut-être pas le père de cet enfant, mais il savait que c’était pourtant bien le cas. Aucun homme n’avait touché son ange à part lui, lui qui s’était autorisé une fois, une seule fois, à la prendre dans ses bras.





Que de conséquences avaient découlé de cet instant de bonheur qu’ils s’étaient octroyé. Ryo secoua la tête… C’était fou ! Complètement surréaliste ! Mais, en même temps, ils n’avaient jamais pensé à cette possible « conséquence » ! Tout avait été tellement vite, la mission, leur rapprochement et leur « rupture ». Toute la vie de City Hunter s'était finalement trouvée chamboulée en un très court laps de temps.







A cet instant il se demanda s’il lui en voulait réellement de lui avoir menti. A cette question, il n’hésita pas une seconde : non ! Comment lui en vouloir ? Il n’avait pas le droit de se montrer autant en colère. Il avait aussi sa part de responsabilité. Et puis la situation était délicate : ils n’étaient pas « ensemble ». Elle aurait dû expliquer aux gens qu'elle était enceinte, mais qu’ils n’étaient pas en couple... Elle avait dû beaucoup réfléchir à tout cela et avait bien réussi son départ, il fallait être honnête.





Un imbécile, voilà, il avait été un imbécile ! Il avait pris peur ! Il repensa alors à cette nuit qui avait fait basculer leur vie à tout jamais. Il avait été tellement heureux qu’il en avait oublié son instinct. Et pourtant, à peine le soleil s’était-il levé que le destin avait toqué à leur porte. Il n’était plus en alerte et avait commis une erreur impardonnable, qui aurait pu leur couter cher, à lui mais également à elle. Il n’avait entendu aucun bruit, n’avait détecté aucune aura négative, alors que d'habitude il les ressentait dès leur apparition. Trop occupé à se lover contre ce corps tellement désiré, le grand Saeba avait eu une courte absence, qui aurait pu s’avérer fatale.





Combien de temps avait-il été inattentif ? Une minute ? Deux ?



Il se revoyait, sursautant comme un gamin lorsque son sixième sens s’était enfin décidé à refonctionner correctement.



Pitoyable !



A quelques secondes près, ils auraient été tués à bout portant par ces deux mercenaires enragés. Voilà quelle aurait été la fin de City Hunter : tués, chez eux, au beau milieu de leur chambre, enlacés dans leur lit ! Quel beau tableau dramatique !





Ils en avaient été ébranlés , car cela leur avait rappelé que leur monde ne permettait jamais le moindre écart, aussi petit soit-il.



Peut-être Mick ou Falcon pouvaient-ils combiner les deux, mais pas lui. Pas Ryo Saeba, trop détesté par tous les malfrats du milieu qui ne rêvaient que de se faire un nom et qui, un jour ou l’autre, arriveraient à l’abattre. Tout ça n'était qu'une question de temps, il ne serait pas éternellement jeune. Un jour, un homme robuste, plus jeune que lui, aux réflexes plus dynamiques, aurait la capacité de le tuer. Il le savait. Mais là, il avait pris cela comme une défaite flagrante ! Lui, le nettoyeur numéro 1 du Japon avait failli à son instinct. Sa fierté en avait pris un sacré coup !



Il se revoyait trainer avec rage ces corps le long de l’escalier, laissant derrière lui un sillage de sang le long de leur appartement. Il revoyait son ange regarder ces corps sans vie, ce sang coulant sur leur sol, dans leur univers. Il avait été sali, comme un sanctuaire qu’on aurait violé..



Oui, pour toutes ces raisons, il avait renoncé, prenant ce qui venait de se passer comme un signe, un avertissement.



Lorsqu'il était remonté chez eux, après avoir contacté ses indics pour faire disparaitre les corps, il avait ouvert la porte du salon et il avait vu son ange, assise sur le fauteuil, les jambes recroquevillées, fixant la flaque de sang.



Elle était plongée dans ses pensées, les sourcils froncés. Leurs regards s'étaient croisés et un long dialogue silencieux s'était ensuivi. Les larmes de Kaori avaient roulé le long de ses joues : elle avait compris. De son coté, le nettoyeur n'avait rien laissé paraitre de sa peine. Ils avaient alors tous les deux hoché la tête, comme pour conclure un accord tacite. Il avait ensuite refermé la porte et s'était dirigé vers la salle de tir. Point final. A cet instant, il n’avait pensé qu’à leur survie. Il avait été furieux contre lui-même et il en avait même voulu à son ange. Elle le rendait fou ! Il l’aimait trop ! Cela devenait impossible de rester vigilant en aimant si fort. Il avait décidé de tout faire pour faire taire cet amour, quitte à en devenir désagréable avec elle.





Ryo revenait doucement à la réalité. Aujourd'hui, il était de nouveau confronté à une situation délicate. Le destin l’avait rattrapé de manière imparable ! Là aussi, il pouvait dire qu’il avait foiré sur toute la ligne ! ! En se laissant aller à ses sentiments, il n’avait même pas pensé au risque éventuel d’une grossesse ! Il n’y avait même pas réfléchi…Lui le grand étalon de Shinjuku ! Fallait-il être idiot !



En repensant à ce nourrisson, son cœur s’affola de nouveau. Il se rendit alors enfin compte d’un fait, pourtant logique, qui lui fit l’effet d’une bombe : il était son père ! Et si Falcon n’était pas intervenu, il n’aurait jamais eu vent de son existence.



Il brisa alors ce silence plombant qui régnait dans la pièce :





- Tu…Tu comptais ne jamais me le dire ?





La nettoyeuse qui, jusqu’à présent, était restée assise et attendait une réaction de Ryo sursauta.



- Je…Oui Ryo... Je voulais... faire en sorte que tu ne sois pas au courant...J’allais…d’ici quelques temps partir pour...pour New York…Comprends-moi Ryo… hésita t-elle, la mine abattue.





Ryo releva la tête en entendant cette réponse :



- Sayuri était au courant ???? lui demanda t-il.





Kaori répondit négativement de la tête



- Non Ryo..Personne n’est au courant…Sauf Falcon..Et Doc maintenant..





Le nettoyeur La coupa brusquement:





- Comment ça Doc ?? Il était aussi au courant ???





Kaori se doutait que Ryo n’allait pas apprécier.





- Ce n’était pas…Ce n’était pas prévu Ryo... Je …Enfin, normalement, il n y avait que Falcon qui aurait dû être dans la confidence…On a dû faire appel au Doc…car.. enfin... la situation a fait qu’on était obligés.





- Obligés ??...





Le nettoyeur fut pris d'un rire nerveux et il s'affala de nouveau sur le sofa, retombant dans son mutisme.





Après quelques minutes de silence, il leva le regard vers Kaori. Elle était très pâle… Son cœur se serra malgré tout. Elle avait encore une fois pris sur elle-même. Elle avait vécu ici, seule, vivant cette grossesse en solitaire, sans ses amis. Elle avait une force intérieure incroyable, cela l’avait toujours étonné ! Quand il avait appris qu’adolescente elle avait su que Hide n’était pas son frère et qu’elle avait gardé ce secret pour elle-même, il avait immédiatement ressenti cette force ! Cette vérité avait dû lui faire mal pourtant, mais elle n’en avait jamais soufflé mot. Dieu qu’il était fort, ce petit bout de femme ! Et aujourd’hui encore, il constatait sa force de caractère. Repensant à ce nourrisson, il se dit qu'elle devait avoir accouché il y avait peu de temps pour que Falcon soit enfin venu le voir:





- Tu as accouché quand ?





Kaori lui répondit dans un souffle :





-Hier





- Hier ? répéta-t-il surpris, mais qu’est-ce que tu fais là ????? Il y a des maternités qui servent à ça non ? Vue la manière dont tu as programmé ta sortie, tu as surement dû vérifier ce détail !







Il n'arrivait pas à s'empêcher d'être dur avec elle. Bien qu'il l'aimât, il la faisait toujours souffrir.





Kaori ne voulait pas entrer dans ce genre de discussions. Elle préféra donc ne pas répliquer. Elle sentait que Ryo était frustré que certains soient au courant et pas lui... Elle le savait… Elle regrettait... Mais elle assumait ce choix.





- Alors voilà le fin mot de l’histoire ! lui lança le nettoyeur





Il la fixait intensément. Il n’arrivait pas à réagir autrement. D’un coté, il était tellement heureux d’avoir retrouvé son ange mais, d’un autre coté, il y avait cette colère insidieuse qui lui ordonnait de la blesser sans chercher à comprendre. Kaori était enceinte ! Elle avait caché durant tous ces mois cette grossesse !



A cet instant, il ressentit de la culpabilité. Si elle avait agi ainsi, c’était parce qu’elle le connaissait mieux que quiconque. Il tombait de très haut ! Lui qui pensait qu’elle cachait un amant dans sa chambre, il avait été sacrément à côté de la plaque ! Il n’arrivait plus à réfléchir. Il avait les idées confuses.





Comme Kaori ne voulait pas répondre ou s’exprimer davantage, Ryo se releva et se dirigea vers la porte-fenêtre. Il était à la fois contrarié et soulagé d’avoir eu sa réponse et se sentait toujours aussi mal. Il ressentait comme un poids qui se serait abattu sur son corps, tous ses membres étaient tétanisés. Il était prêt à repartir sur le champ, mais son corps restait immobile. Il n’arrivait plus à bouger et il sentait encore ces suées qui le faisaient trembler. Il ressentait un état de faiblesse qu’il n’avait encore jamais ressenti auparavant et, une chose était sûre, il était incapable de reprendre le volant. Pourtant, il savait que malgré son état intérieur, rien ne filtrait de sa panique. Il se retourna et fixa Kaori. Elle attendait , assise, et, comme une enfant prise en faute, regardait le sol. Puis les larmes apparurent. Elle pleurait, silencieusement.





Kaori était encore sous le choc. Brutalement arrachée de cette bulle qu’elle s’était créée durant ces derniers mois, elle venait de vivre l’un des moments les plus durs de tous ceux qu’elle avait dû affronter dans sa vie. Ryo était là, devant elle, demandant des explications. Elle aurait pu réagir agressivement et lui ordonner de sortir de chez elle. Mais elle n’y arrivait pas. Et elle ne le souhaitait pas non plus. Elle ressentait de la culpabilité elle-aussi. Elle lui avait caché l’existence de Hideyuki, alors qu’il était tout à fait en droit de le savoir. Mais ce n’était que par instinct de protection qu’elle était partie, rien d’autre. De plus, leur relation et leur partenariat ne rimaient plus à rien ! Elle comprenait sa douleur, mais elle assumait.



Cependant, cela lui faisait mal de le voir ainsi, dans un état qui lui était jusqu’alors inconnu : il était perdu. Elle pouvait le voir trembler, passant sa main dans ses cheveux comme pour évacuer un surplus de chaleur et le regard plongé dans le vide. Elle n’osait rien dire. Elle aurait pu lui dire qu'il s'agissait d'un petit garçon, qu'il était beau et si petit, elle aurait pu lui dire qu'il s'appelait Hideyuki, mais elle ne s'en sentait pas la force. Elle attendait qu’il pose les questions. De plus, elle se sentait tellement faible. Son corps lui réclamait du repos. Elle n’était plus en mesure de rentrer corps et âme dans une discussion aussi délicate, du moins pour ce soir.



Elle reprit alors la parole :





- Je n’avais pas le choix Ryo.





Ils restèrent ainsi, assis, à se dévisager sans vraiment parler. Tous les deux étaient exténués.





Ryo constata qu’elle était de plus en plus livide. A quoi cela servirait-il de continuer à parler ? Il était très tard... et il n’avait plus aucune envie de discuter pour le moment. Il essaya de se relever, mais ce fut sans succès. Ses jambes ne supportaient plus le poids de son corps, tant le choc émotionnel avait été violent. Constatant son propre état de faiblesse, il rompit le silence. Sa voix était dénudée de colère.





- ..Si ca te dérange pas…Je vais juste dormir quelques heures dans le sofa, avant de reprendre la route. je ne suis pas en mesure de conduire pour le moment ! Il manquerait plus que j’aie un accident …



Il dut faire une pause pour reprendre son souffle, tant son cœur le mettait à rude épreuve, et il reprit :





-Tu devrais aller te coucher…Ne t’inquiète pas, je resterai dans le salon. Je partirai à la première heure...





La nettoyeuse, exténuée, lui obéit, sans débattre plus avant...A quoi cela servirait-il d'ailleurs de débattre ? Elle se contenta de répondre :





- D’accord Ryo…





Elle se dirigea d’un pas lent vers sa chambre.



Ryo la suivit du regard. Il soupira. De plus en plus épuisé, il s’allongea sur le sofa, en prenant la précaution de placer son arme sur sa poitrine.

Chapitre 35 :: curiosité légitime

Plongé dans le noir, le japonais fixait le plafond en repensant, encore et encore, à tous ces mois qui avaient suivi leur rupture et au changement de comportement chez Kaori. Il repensait aussi à sa surprise en apprenant l’implication de Falcon... Lui qui n'interférait jamais dans la vie des autres et qui ne donnait son avis que si on le lui demandait – et encore ! - avait eu un rôle clé dans cette histoire. Il avait certainement dû faire marcher ses contacts et préparer minutieusement le départ de Kaori. Une vague de colère le saisit, l’obligeant à serrer les poings afin de tenter de la contenir. Comment avait-il fait pour ne pas remarquer ce qui se préparait sous ses yeux ? Il en voulait à Falcon d’avoir contribué à la fuite de Kaori, car il estimait qu’il n’aurait pas dû intervenir, mais il s'en voulait aussi de n'avoir rien remarqué et à elle, enfin, de ne lui avoir rien dit.

Mais il fallait aussi être honnête et regarder les choses en face. Qu’aurait-il fait de mieux si Kaori était venue lui annoncer la nouvelle ? Il aurait fui, comme à son habitude, et elle serait partie. Point. L’issue aurait été la même, à la différence près qu’il aurait été au courant de l’existence de cet enfant plus tôt. En venant se réfugier ici, Kaori avait trouvé un cocon sécurisé, loin des tumultes de Shinjuku, loin de lui, loin de ses frasques, loin de l’ange de la mort. Il aurait peut être dû la laisser.

Il repensa à ce qu’avait dit Falcon : en lui donnant l'adresse, l’ancien mercenaire lui avait lancé qu'il ne le faisait pas pour lui. Pourquoi était-il venu lui donner ces précieuses informations ? Il connaissait bien Falcon et il pouvait deviner qu’il avait tenu à ce qu’il soit averti, malgré tout. Ryo se dit alors qu'en le mettant au courant, Falcon avait misé sur le fait qu'il voudrait garder un œil, même de loin, sur Kaori et sur… Il soupira, il n'arrivait pas à prononcer le mot, même en pensée, tellement cela lui était encore difficile. Falcon avait pensé en priorité à la sécurité de ce bébé innocent qui allait, sans le savoir, chambouler à jamais le grand Ryo. Il avait accompli cette mission dans l’intérêt de son enfant. Quoi qu'il en soit, il fallait maintenant faire en sorte que ce petit être ait une vie normale et heureuse. A cette conclusion, la gorge du nettoyeur se noua.


Il avait beau essayer de ne pas la voir, l'image de ce nourrisson dansait devant ses yeux. Il ferma les yeux un instant et essaya de s’imprégner de ses traits. Un sentiment de culpabilité l’envahit alors brusquement lorsqu'il se rendit compte qu’il n’avait pas cherché à savoir si c’était une fille ou un garçon, ni quel était son prénom, ni si il ou elle allait bien ni même encore comment s'était passée sa naissance. Il eut un pincement au cœur en repensant à l'indifférence dont il avait fait preuve sur le moment. Comme mue par un instinct de protection, la colère avait fait surface : il n'avait pas voulu savoir. De plus, s’il avait demandé ces informations, cela aurait signifié qu’il portait de l’intérêt à cet enfant et il ne voulait pas montrer cet élan du cœur à Kaori, car un nettoyeur ne devait pas avoir d’attache.


Et là, maintenant, allongé sur le sofa, il cherchait à étouffer ce sentiment inconnu qui naissait en lui, malgré la résistance qu’il lui opposait. Il essayait de se persuader qu’il ne voulait pas connaitre ces « détails ». Néanmoins, ce besoin de savoir revenait à la charge, sans temps mort. Son cœur essayait de résister à l’assaut de ces questions qui le hantaient. Savoir qu’une partie de lui-même vivait dans ce petit être... cela le faisait frissonner. Lui, l’ange de la mort, avait donné la vie sans le savoir. Il pouvait sentir le sang affluer plus rapidement dans ses veines tant ce fait le bouleversait.

A son grand étonnement, il ressentit soudain un besoin irrépressible de le voir, ce qui rajouta à cette bataille des émotions qui faisait rage en lui. Dans un élan de rage, Il se releva alors précipitamment. Cette curiosité qui s’était infiltrée en lui le rendait fou !

Tournant en rond, comme un lion en cage, il retourna auprès de la fenêtre. Son cœur se mit à battre plus vite lorsqu’une idée lui traversa l’esprit.. Non, Il ne devait pas ! Malgré les barrières qu’il tentait désespérément d’ériger autour de lui à cet instant, son cœur prit soudain le contrôle de la situation. Il tourna la tête en direction de cette porte derrière laquelle dormaient les plus cadeaux que la vie lui ait donnés. Il n’arrivait plus à détourner son regard et il sentait que sa curiosité devenait de plus en plus impérieuse.


Malgré la résistance qu'opposait sa tête, ce fut son cœur qui remporta alors définitivement la bataille, et il se dirigea doucement vers cette porte. Lorsqu’il l’ouvrit sans un bruit, il sentit son cœur s’accélérer de nouveau.

Il posa son regard sur Kaori, qui était profondément endormie. Bien qu’il ressentît encore de la colère, il ne pouvait que constater qu’il n’arrivait pas à lui en vouloir bien longtemps. Reprenant sa marche silencieuse, il se dirigea doucement vers cet inconnu qui monopolisait déjà tellement ses pensées.



A la vue du couffin, le nettoyeur paniqua. Il s’apprêtait à fuir de nouveau, mais quelque chose le retint.



Dans un élan, il se baissa doucement et regarda cet enfant... Et son cœur de nettoyeur fondit à la vue de ce bébé. Il ne s’agissait pas de n’importe quel bébé ! C’était le sien, et son sang, mélangé à celui de Kaori, coulait dans ses veines. A cette pensée, il ressentit à nouveau ce frisson étrange et délicieux.



Hésitant, il caressa du bout du doigt sa petite joue si douce. Le nettoyeur était ému et se mit à sourire. Bien qu’il ne veuille pas l’admettre, il était fier. Ce bébé était tout simplement magnifique : des traits parfaits, une peau douce, une odeur tellement délicieuse qu'elle lui procurait un sentiment de pureté et de béatitude des plus totales. En l’observant, il constata également sa fragilité et comprit instinctivement ce qui pouvait pousser n’importe quels parents à se battre pour protéger leur petit.



Ryo le regarda de longues minutes, puis son attention fut attirée par la petite bouche de l'enfant, qui faisait de petits mouvements de succion...Il cherchait à téter en dormant ! Le sourire aux lèvres, Ryo ne put s’empêcher de constater qu’il s’agissait d’un petit goinfre jusque dans son sommeil ! « Un ou Une d'ailleurs ? » se demanda-t-il.

Voulant maintenant absolument savoir, il inspecta un peu autour du couffin pour essayer de deviner, en s’aidant de la lumière de la pleine lune qui pénétrait dans la pièce. Il chercha un peu partout, puis discerna quelque chose sur son petit pyjama et il se rapprocha davantage. Malgré la pénombre, il pouvait voir les ornements qui décoraient le petit vêtement et un mot lui sauta aux yeux : « boy ».



Le nettoyeur sentit alors de nouveau un sentiment de fierté l’envahir : c’était un garçon ! Il avait un fils ! Son cœur, mis à rude épreuve, cognait à tout rompre dans sa poitrine.

Il ferma les yeux. Il était submergé par une multitude d’émotions ; se redressant avec difficulté, il dut faire un effort pour reprendre le contrôle de lui-même. Après avoir jeté un dernier regard empli de tendresse sur ce petit être si parfait, il repartit discrètement, sans oublier de contempler de nouveau Kaori, qui venait de lui donner le plus beau cadeau au monde. Ce fut à ce moment-là qu’il comprit qu’il n’était pas un nettoyeur ordinaire : il avait tout de même un cœur, un cœur qui, à priori, lui jouait de nombreux tours.



Encore tout tremblant de cette rencontre, il retourna s’asseoir sur le canapé. Il avait vécu de nombreuses choses dans sa vie, pas toujours très gaies, et il avait rempli des centaines de missions, mais aujourd’hui, il avait accompli la plus belle chose de son existence de tueur : il avait donné la vie et cela lui offrait un échantillon de retour à l’innocence, de rédemption.



Mais la noirceur de sa réalité le rattrapa implacablement. Quel avenir pouvait-il donner à son fils ? Être le fils d’un nettoyeur n’était pas le meilleur atout pour débuter dans la vie. Cet enfant devait vivre loin, très loin de son monde de noirceur. Il comprenait aujourd’hui pourquoi Kaori avait fait ce choix en s’éloignant de lui. Ils devaient quitter le Japon, c’était la meilleure solution pour leur sécurité et il le savait. Il souffrirait de cette séparation, mais au moins il les saurait à l’abri. Son fils serait un homme « normal », loin de cette odeur de mort qui constituait le quotidien de son père.


A cet instant, sa colère contre Falcon s’évanouit et il lui fut reconnaissant de son geste. Grâce à lui, il avait pu voir son fils, ne serait-ce qu’une fois, ce qui lui donnerait ainsi la force de continuer à avancer malgré tout. Il avait aidé Kaori uniquement dans le but de protéger le petit. A son tour de faire quelque chose maintenant. Sa décision était prise : il partirait dès le lendemain, sans attirer les regards. Il savait que Falcon serait là pour aiguiller Kaori, afin qu’elle parte pour les états unis. Il l’aiderait également, de manière discrète, pour qu’elle puisse partir en toute sécurité. Cette décision prise, il ferma les yeux en esquissant un sourire et redessina en pensées les traits de son enfant jusqu'à que le sommeil le saisisse.

Chapitre 36 :: Un départ compliqué‏

Le nettoyeur fut tiré de son sommeil par des bruits émanant de la pièce d’à côté. Des pleurs de bébé l’avaient réveillé. Sursautant, il essaya de remettre de l’ordre dans ses idées. Et finalement la situation lui revint vite en mémoire. Il regarda l’heure : 9h00 ! Lui qui souhaitait partir tôt ! Il avait tellement dormi d’un sommeil pesant, qu’il n’avait pas réussi à se réveiller. Peu habitué à ces cris, le nettoyeur se sentit plus que mal à l’aise. Tournant la tête vers l'endroit d'où provenaient les pleurs du bébé, il vit la porte s'entrouvrir et aperçu Kaori tenant son trésor le plus précieux dans les bras





Également gênée de cette situation, la nettoyeuse prit une grande inspiration et rentra dans le salon comme si de rien n’était. Elle constata que le nettoyeur venait juste de se réveiller



- Bonjour Ryo ! se contenta-t-elle de dire, tout en mettant Hideyuki dans son petit cocon.



Puis, elle se dirigea dans la cuisine afin de préparer du café. Le nettoyeur n’osa pas regarder son fils. D’un geste, il se leva et préféra rejoindre Kaori dans la cuisine. Elle s’activait au mieux pour évacuer cette gêne qui plombait l’appartement. Sentant la présence de Ryo à l’entrée de la cuisine, elle se retourna et le regarda. Elle constata que le regard de Ryo avait changé, il n’était plus rempli d’incompréhension et de rancœur. De but en blanc il lui demanda :





- Comment l’as-tu appelé ?





D’abord surprise de sa question, Kaori se rendit compte qu'effectivement il ne savait même pas son prénom ni même si le bébé était une fille ou un garçon.





- Je l’ai appelé Hideyuki..



Le nettoyeur reçut comme une décharge électrique à l’annonce de ce prénom



Il entreprit de s’assoir en murmurant :





- Hideyuki…



Il soupira. Bien sûr, cela paraissait tellement logique. Ce prénom était tellement rempli de signification.



Reprenant sa préparation, Kaori décida de briser la tension qui régnait entre eux



- Je ne te demande rien Ryo… Tu entends… Personne ne saura rien pour Hideyuki. Tu n’auras pas à te préoccuper de quoi que ce soit Ryo..





Mettant la cafetière en marche, elle continua sur sa lancée :





- Je partirai à New York d’ici quelques semaines... Hide est trop petit pour voyager pour le moment ! et j’ai besoin de récupérer aussi…



Le nettoyeur se sentait étrange quand Kaori prononçait le prénom Hide.. Il avait retrouvé un second souffle mais cette fois ci il était rempli de vie.



Le japonais acquiesça de la tête. Il ne savait pas quoi dire. Il avait devant lui une Kaori qu'il ne connaissait pas. Il sentait une nouvelle maturité chez elle et n’avait aucun doute quant au fait qu’elle gérait très bien la situation. Néanmoins, il culpabilisait. Il n’aimait pas ce qu’il allait devoir faire en laissant son Sugar boy vivre sa vie loin de lui, et avec leur fils en prime. Il avait toujours détesté voir ces jeunes femmes qui élevaient, seules, leur enfant. Et il allait faire pareil que ces pères qu’il jugeait « irresponsables » en fuyant quelque part ses propres responsabilités. Falcon l'avait prévenu. Mais que pouvait-il faire d’autre ? Il ressentait un mal être incompréhensible : Il avait cette sensation de trahir à la fois Makimura et Falcon. Et il n’arrivait pas à définir pourquoi ? Pourtant, il était sûr qu’il s’agissait de la meilleure solution pour eux trois. Il n’avait plus le droit de mettre la vie de Kaori en danger, et maintenant encore moins celle d’ Hideyuki. Ryo se sentait perdu et torturé face à ce dilemme : Les laisser ? Les prendre avec lui et voir au jour le jour ? Il soupira. Cela serait compliqué et très dangereux. Il fallait mieux mettre un terme à cette torture sentimentale qu’ils se livraient depuis des années. Il regrettait seulement que Hideyuki, leur propre enfant, finisse par payer les déboires amoureux de ses parents. Ryo fixait sa tasse comme pour y trouver la meilleure des réponses possibles. Lui-même étant enfant, avait toujours eu cette douleur incessante de ne pas être auprès de ses parents. Il aurait tellement aimé les connaître. La seule chance que Hideyuki pouvait avoir, c’est d’être auprès de sa mère. Il se détestait à cet instant. Jamais il n'avait imaginé que City Hunter se terminerait ainsi. Il avait toujours pensé qui si fin, il devait y avoir, cela se passerait différemment. Il s'était toujours dit que Kaori finirait par partir, fatiguée de son comportement. Mais, tout avait été chamboulé ! Aujourd’hui ils se séparaient bien, mais un lien allait les unir à tout jamais : leur fils.



De son côté, Kaori ne savait pas si elle devait parler ou se taire. Dans quelques minutes, Ryo allait partir et elle savait pertinemment qu’il ne reviendrait pas. Ryo ne revenait jamais sur ses décisions. A cet instant, elle n’était plus sûre de rien. Elle se mit à penser au jour où Hideyuki demanderait après son père. Qu’allait-elle lui répondre ? Ryo était tellement un homme mystérieux qui pouvait changer de comportement en l’espace de quelques secondes.



Ils burent leur café en silence. Regardant l’heure, Ryo se leva comme pour prendre d’avantage de courage et annonça :





- J’y vais..





Il se dirigea vers le salon, enfila son holster et mit sa veste. Bien qu’il fût décidé, il se sentait hésitant, un poids sur le cœur lui plombait son départ. Il regarda finalement en direction de Hideyuki et eut un choc : Son fils avait les yeux grands ouverts et le fixait. Ryô se reprit : non c’était impossible à cet âge, sa vue n’était pas encore développée, il ne voyait que des ombres c'était bien trop tôt pour le reste. Mais ce regard le perturba.



Le nettoyeur se rapprocha de lui et se baissa à sa hauteur. Il lui caressa pour la seconde et dernière fois de sa vie sa petite joue et lui murmura :





- Bonne chance Hideyuki !



Il se releva et croisa le regard de Kaori qui était embué de larmes. Il lui fit un signe de la tête comme au revoir et sortit de l’appartement.



Une fois la porte refermée sur lui, le nettoyeur s’appuya contre le mur dans le couloir, afin de reprendre ses esprits. Il souffrait, mais il n’avait pas le choix et ne devait pas trainer plus longtemps ici pour leur sécurité. Il s’engagea dans le couloir quand il croisa une femme d’un certain âge. Le nettoyeur ressentit une aura particulière en cette femme qui le frôla. Elle le regardait avec un regard suspicieux. Ne voulant pas de soucis, il ne releva pas son regard et tourna à droite afin de prendre les escaliers. Mais, il entendit très bien que cette femme toquait à la porte de Kaori. Il put entendre aussi la porte s’ouvrir suivie de salutations familières.



Le nettoyeur souffla, rassuré par ses bruits rassurants et repartit aussi discrètement qu’il était venu.

Chapitre 37 :: La rumeur


Le nettoyeur reprit la route en direction de Shinjuku. Il n’avait pas la conscience tranquille loin de là. Un certain sentiment d’abandon le hantait. Mais il se reprit car il estimait avoir pris la meilleure décision. Voulant penser un temps soit peu à autre chose, il alluma instinctivement la radio et commença à fredonner l’air qu’il connaissait malgré lui. Kaori pouvait mettre une chanson en boucle une bonne dizaine de fois ! Normal qu’il commençait à connaitre par cœur ce morceau. Il sourit à cette pensée. Peu importe ce qu’il entreprenait, ses pensées le ramenaient directement vers Kaori. Le nettoyeur se rendit compte que sa vie passée lui manquait : Ses massues, ses réveils assez originaux... Oui tout çà lui manquait…Kaori lui manquerait !





Yotsukura





Le trio avait passé une partie de la nuit à préparer leur visite à Iwaki. Connaissant les environs, ils avaient pu organiser leur venue dans les moindres détails.



Comme une trainée de poudre, une rumeur folle courait dans les bas fonds de la ville selon laquelle des trafiquants auraient retrouvé la trace de la partenaire et du fils du nettoyeur numéro 1 un du Japon. Ces derniers avaient prévu de venir en matinée pour leur rendre une petite visite.



Les trois malfrats, s’engouffrèrent dans leur voiture. Ils jubilaient déjà à l'idée de surprendre Kaori Makimura. Ils s’étaient promis que cela resterait graver dans l'histoire du milieu. Ryo Saeba allait payer le prix fort, ils n’allaient pas attaquer directement Saeba car cela aurait été trop simple. Ils s’attaqueraient à ce qu’il devait chérir le plus au monde, ainsi, le grand nettoyeur serait torturé à vie d’avoir perdu les êtres qu’il l’aimait le plus au monde.



Iwaki









Kaori se retrouva seule, plantée au beau milieu du salon. Ryo venait de sortir définitivement de sa vie et de celle d'Hideyuki. Elle se mit à pleurer silencieusement. Passant rageusement sa main sur son visage pour essuyer les larmes, elle ne put s’en vouloir qu’à elle-même. Qu’attendait-elle ? Qu’il lui dise de rentrer avec lui et de vivre une vie familiale ?

Elle devait désormais aller de l’avant. Elle était désormais impliquée de la mission la plus belle, mais de la plus dure de sa vie : élever leur fils. Une force indescriptible l’avait envahie depuis qu’elle avait posé son regard sur Hideyuki. Malgré sa tristesse, elle était soulagée car Ryo était désormais au courant. En plus, il avait tout de même fait un geste en direction de son fils. Aussi petit soit il, il lui avait dit au revoir…à sa manière.



Elle fut tirée de ses pensées par des coups à la porte… Puis reconnaissant cette manière si énergique de frapper, elle sourit. Il n'y avait que madame Tsukasa pour toquer ainsi.

Après avoir croisé le nettoyeur, Madame Tsukasa alla voir directement sa protégée. Un peu inquiète, elle frappa fortement à la porte. Et la nettoyeuse ouvrit avec un large sourire.



Shinjuku





Le Doc, loin de savoir tout ce qui se tramait, entra dans son bureau, café à la main. Voulant s’accorder cinq minutes de détente avant d’affronter une longue journée, il alluma la radio.

Prêtant peut d’importance aux dialogues des présentateurs, il feuilletait ses dossiers tout en buvant son café. Lorsque son attention fut attirée lorsque le journaliste prononça le nom « Yotsukura »



Il augmenta le volume afin de mieux entendre : C’était un flash info : un pharmacien avait été retrouvé mort dans sa réserve. Un ami et habituée qui avait rendez-vous avec le pharmacien avait lancé l'alerte. A la vue de cette fermeture non prévue, et des coups de fil passés aux proches de l’homme, il avait informé la police trouvant ce silence anormal . Vue les nombreuses attaques de pharmacie, la police s’était alors directement rendue sur les lieux, découvrant le corps de monsieur Najjima.

Le Doc blêmit à l’extrême Monsieur Najjima ! C’était lui… Son cœur rata un battement… Comme un éclair de lucidité, il fit tout de suite le rapprochement :



Kaori… il lui avait donné l’adresse exacte, le nom…





Il lança son café à travers son bureau et hurla:



- Quel crétin !!! Ce n’est pas possible ! Je suis vraiment un abruti !





Il prit son portable et composa un numéro. Le téléphone sonna mais sans aucune réponse. Falcon ne décrochait pas… Le Doc commençait vraiment à paniquer, il n’avait pas pris les coordonnées téléphoniques de Kaori. Il se mit à transpirer abondamment ! Quelle faute il avait commise ! Il décida d’appeler un de ces anciens patients, nettoyeur lui aussi, qui lui donnait toujours la température du milieu... au cas où… afin de savoir s'il n y avait pas des nouvelles qui circulaient.

Le réveillant, Doc n’alla pas par quatre chemins :



-Bonjour ! T’as du nouveau pour moi ?



-Tu m’appelles d’aussi bonne heure pour avoir les potins du milieu t’a pas froid aux yeux Doc !



-Répond s'il te plaît !



- hummmmm écoute, oui y a une rumeur folle qui commence à enfler depuis cette nuit.. Mais elle est complètement infondée et improbable Doc !!



-Quelle rumeur ??? demanda le vieil homme en serrant d’avantage son téléphone



-Y'a une bande de malfrats qui auraient retrouvé la trace de la partenaire de Saeba.. Elle serait à Iwaki..



Le nettoyeur se mit à rire :



- Et attend ce n’est pas fini toujours selon cette rumeur complètement débile, elle ne serait pas seule, elle aurait eu un gosse. Il éclata cette fois de rire pour de bon .



-C’est quoi ces conneries ?? hurla le Doc, en essayant de prêcher le faux pour obtenir le vrai





- Non mais Doc, des rumeurs comme ça, il y en a toujours eu ! Surtout pour Saeba ! Perso, je n’y crois pas, c’est pour se faire mousser et titiller Saeba ! Faut avouer qu’il ne va pas de mains mortes en ce moment ! Faudrait qu’il se calme un peu ! Il ne nous laisse que des miettes !



Le Doc le remercia et s'excusa de l'avoir réveillé, puis raccrocha



Il était tétanisé. Ses doutes étaient confirmés : le pharmacien n’était pas seul lorsqu’il l’avait appelé et avait été abattu pour éviter qu’il ne parle. Repensant à Kaori et au petit, il ressentit un froid immense l'envahir ! Ils étaient en danger !





Qui contacter ? Il ne chercha pas d’avantage, tant pis, même s'il ne savait rien, il était bien obligé de le prévenir !



Il composa un nouveau numéro en suppliant qu’il lui réponde



De son coté, le nettoyeur, roulait doucement. Il venait d’apprendre par le biais de la radio qu’un pauvre pharmacien avait été froidement abattu pour un maigre butin composé de médicaments et une faible somme d’argent. Le nettoyeur soupira… La violence était devenue monnaie courante… Il n’en n’avait pas fini avec ces rats ! Son portable sonna. Mais il ne voulait pas répondre car il ne souhaitait pas parler à qui que ce soit. Tombant sur le répondeur, son correspondant chercha à nouveau à le joindre. La sonnerie se déclencha à nouveau. Agacé il jeta un coup d’œil sur cet enquiquineur. : Le Doc….



Ryo sentait sa colère remontait. Ce fichu Doc !… Il avait été au courant! Il hésitait à lui répondre. Remonté contre lui, il n’avait aucune envie de converser avec lui. Mais s'il appelait, en général c’était quand même pour une bonne raison.



Tout en regardant la route, il décrocha rageusement :



-Qu’est que tu veux, le vieux ?



Le Doc ne releva pas cette insulte, tellement il était paniqué :



- Ryo …Ryo.. Il faut absolument que tu te rendes sur Iwaki tout de suite !!!!!!!… Sa voix était tremblante





Le nettoyeur ne comprenait pas pourquoi une telle requête :



-Mais qu’est ce que tu raconte Doc ??? lui hurla t-il





-J’ai... j’ai... enfin je crois que j’ai commis une faute impardonnable...



Le japonais commençait à perdre patience:



-Je comprends rien Doc ! Reprend toi !





Ryo avait de plus en plus de mal à rester concentrer sur la route tout en écoutant le vieil homme :



- Ryo, un ami collègue a été abattu et je...



-Oui oui je l’ai entendu ! Mais quel rapport avec moi ?



Le Doc n’arrivait pas à s’expliquer, il avait beaucoup d’informations à lui donner tout en ayant le temps compté



-Mon dieu je l’avais appelé Ryo.. Je l’avais appelé pour qu’il fasse une ordonnance pour… pour… pour Kaori !!!!!!





Bien que Ryo ne comprenait pas, son sang se glaça.



Face au silence de Ryo, le Doc continua dans sa lancée :



-Dans notre… notre procédure habituelle, je suis, je dois lui donner l’identité de mes patients.. Et je n’ai pas pensé...



Le japonais serra les dents et lui lança :



- Continue...



-J’ai donné l’identité de Kaori et son adresse… Je… je viens de savoir d’une source sûre qu’il ya une rumeur qui circule déjà dans le milieu.



Le Doc enleva ses lunettes.



- Ryo.. enfin… je veux dire…. il y a eu une fuite… Ils savent où est Kaori et.. Ils doivent sûrement être déjà en route…Tu…Tu avais tué l’un d’entre eux… Ils ont décidé de se venger dés ce matin...





Le japonais resta sans réaction, ses yeux rivés sur la route.



Le Doc attendait de son côté une réaction de son protégé



- Ryo … Ryo.. Tu es là ????? Je … je suis désolé Baby Face.. Je je n’arrive pas à joindre Falcon… Et Je ne sais pas comment faire pour prévenir Kaori.. Pardonne-moi Ryo



Ryô, resté silencieux jusqu'à présent finit par lui répondre



- Je m’en occupe...


- Tu ??? le Doc n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Ryo avait déjà raccroché.

*** La suite dans le prochain épisode ^^***

Chapitre 38 :: Course contre la montre


Iwaki


La nettoyeuse se remettait doucement de la venue de Ryo et de cette nuit si spéciale, qui avait scellé à jamais leur vie. Comment avait-il fait pour savoir où elle était ? Comment avait-il fait pour rentrer aussi facilement ? Hormis Falcon, qui aurait pu lui donner ces informations ? Elle n’arrivait pas à trouver une réponse valable hormis celle que ce soit Falcon qui avait vendu la mèche.



Son cœur était lourd, et elle se sentait très fatiguée…Seulement quarante-huit heures étaient passées depuis son accouchement, et elle devait déjà surmonter beaucoup d'épreuves. Elle soupira malgré elle. Kimiko, qui contemplait Hideyuki avait bien remarqué sa tristesse. Elle en avait déduit que cet homme, qu’elle avait rencontré dans le couloir, devait avoir un lien étroit avec elle. Elle était quasi certaine que c'était le père d’Hideyuki.. Lorsqu’elle l’avait aperçu dans le couloir, elle avait ressenti l'aura très forte qui se dégageait de cet homme mystérieux. Vue son expérience, ce n’était pas quelqu’un d’ordinaire, mais également un nettoyeur. Il n'y avait nul doute à cela. De plus ce visage ne lui était pas totalement inconnu, mais elle ne chercha pas plus loin, estimant que cela ne la regardait pas.

Devant le mutisme de Kaori, elle essaya encore une fois de lui remonter le moral à sa manière.



Shinjuku


Le Doc regardait encore son combiné. Ryo avait mis fin à la conversation par « je m’en occupe »… Comment pouvait-il agir? Iwaki n’était pas la porte à côté. De plus, Ryo n’était pas du tout au courant. Il cherchait depuis des mois après Kaori. Quel choc il avait du avoir !



Le médecin secoua la tête. Il s’en voulait tellement ! Tout était de sa faute ! Kaori avait réussi avec beaucoup de finesse à se fondre dans la masse, se rendant totalement transparente. Et lui, avec un simple coup de fil, il avait tout détruit.



Pas loin de Iwaki,


Une mini rouge venait de prendre la voie du secteur d’Iwaki. D’un coup sec et précis, il venait de doubler des voitures, sans se soucier de leurs mécontentements traduits par des coups de klaxon intempestifs. Il s’en fichait royalement !

Ryo appuya sur l’accélérateur, demandant à sa fidèle coéquipière rouge de donner tout ce qu’elle avait dans son moteur.

Le cœur du nettoyeur cognait tellement fort dans sa poitrine, qu’il pouvait sentir dans ses tempes les battements de celui-ci. Il repensa au coup de fil du Doc.



Un simple coup de fil, une coïncidence… Il avait fallu que ces malfrats choisissent cette pharmacie et pas une autre. Le hasard ? Il n’y croyait plus…



Dans un élan de colère contre ce destin si cruel, il frappa d’un coup de poing sur son volant. Il était en rage ! En rage contre la vie, en rage contre ce destin qui le poursuivait ! Pourquoi ? Pourquoi le destin s’acharnait ainsi sur eux. Comme un flash, l’image de Hideyuki lui revint en tête et cette vision le fit trembler. Il n avait que deux jours de vie et déjà il était en danger. A cette pensée, sa colère monta encore d’un cran. Non, il ne devait pas dès ces premiers instants de vie entendre déjà des détonations ! Il ne devait pas sentir la poudre, cette odeur si piquante qu’elle reste imprégnée à tout jamais sur la peau de celui qui a pu la sentir ! Son cœur ne devait jamais ressentir cette peur malsaine. Cet enfant devait rester pur ! Ils n’avaient pas le droit de lui infliger cela… Si ce n’est même la mort ! Sachant comment il avait abattu l’un des leurs, ils n’allaient certainement pas y aller de mains mortes ! Il se détesta lui-même en estimant que tout était de sa faute car il était redevenu l’ange de la mort ! Ses ennemis allaient pouvoir le toucher à son tour en visant ses points faibles ! Le nettoyeur repensa à la fragilité d’ Hideyuki, cela eut pour effet que son sang ne fit qu’un tour ! Il était responsable de sa protection aujourd’hui, tout comme il l’était pour Kaori ! Il hurla :


-Mais qu’est ce que j’ai foutu bon sang !!!!! Je n’aurai pas du les laisser seuls ! Hé Merde !!!!


Encore une fois, il estima avoir fait une faute professionnelle : ne jamais laisser des personnes vulnérables seules ! Kaori était dans un état de fatigue extrême, l’empêchant de pouvoir se défendre, et encore moins assurer la protection de Hideyuki !


A ce moment précis Ryo, n’avait qu’un objectif : arriver avant ces déchets de la société. Il ne voulait pas de confrontation directe avec ces rats, bien que l’envie de leur infliger une mort des plus horribles le démangeait. Il ne voulait pas de violence en présence de Hideyuki. Cela lui était simplement insupportable !


Il devait absolument arriver avant eux afin de prendre Kaori et le petit, et partir pour les mettre à l’abri. Ainsi, en arrivant ces truands ne constateraient aucune présence de sa partenaire, ni même celle du petit. La rumeur descendrait tout de suite d’un cran et serait non fondée comme beaucoup d’autres qui avaient circulé à son sujet.

Le nettoyeur arriva à l’entrée de la ville et il accéléra d’avantage. Il se gara un peu plus loin que l'endroit où vivait Kaori. Pas le choix, il ne devait pas les rencontrer. Il sentait un danger qui se rapprochait dangereusement. Sa respiration s’accélérait face à cette angoisse qui lui étreignait le cœur. Il devait faire vite… Chaque minute était comptée. Il se mit à courir précipitamment à travers les ruelles pour rejoindre l’appartement de Kaori.


Prés de la résidence de Kaori Makimura


Une camionnette arriva à sa destination. Les malfrats se préparaient tranquillement en mâchant leur chewing-gum. Ils s’équipèrent de leurs holsters, et mirent tranquillement leurs vestes par dessus afin de dissimuler leurs armes.

D’un sourire sadique, l'un d’entre eux admirait la lame de son poignard. Il pensait à la manière dont il allait l’utiliser. Oh, avant toute chose, il prendrait le temps de savourer un peu de cette femme qu’il avait déjà pu voir, Saeba savait choisir des morceaux de premier choix tout de même… et il allait sûrement s’amuser aussi avec sa progéniture ! Bien que cela allait être une première pour lui. Il n’avait jamais abimé un enfant. Mais aujourd’hui, Saeba allait payait très cher son arrogance ! Il n’aurait aucune pitié, comme Saeba n’en avait pas eu pour son frère ! Tout en pouffant de rire, il glissa son arme blanche dans un étui accroché à la ceinture de son pantalon. Le chef leur dit :


- On va s’arrêter ici.. Makimura habite à deux pâtés de maison. On y va tranquillement ok ? Pas besoin de se faire remarquer… S’il a un interphone, tu sais quoi faire ok ?

Le patron regarda dans son rétro en direction de son comparse.

Ils avaient tout prévu. Ils avaient étudié où se situait la partenaire de Saeba. Internet était devenu un outil très intéressant pour cela. Pouvant naviguer à travers les rues, ils avaient pu noter toutes les caméras de sécurité, le portail muni d’un code. Un jeu d’enfant… En moins de deux, tout serait désactivé… Comme par magie…

Le nettoyeur composa fébrilement le code d’accès du portail et se remit à courir rapidement. Après avoir à nouveau franchi le hall d’entrée, il décida de passer par les escaliers. Accélérant sa course, Il sentait que cette aura meurtrière se rapprochait. Il était essoufflé tellement que son cœur était mis à rude épreuve. Arrivé prés de la porte de Kaori, il hurla :

- KAORIIIIIIIIIIIII

Sans ménagement, il ouvra avec fracas la porte d’entrée de l’appartement qui était entrouverte, car kimiko était sur le point de partir
La nettoyeuse qui avait entendu son prénom s’était immobilisée dans la pièce. Elle était pétrifiée en reconnaissant la voix de RYO. Son sang se glaça à l’appel de son prénom

La porte s’était ouverte brutalement sur un Ryo pâle et dans un état méconnaissable ! Ses yeux trahissaient sa rage et son inquiétude.
Kimiko qui avait reconnu cet homme, était complètement déboussolée par cette arrivée inattendue. Elle s’apprêta à se diriger vers lui, mais elle n’en eut pas le temps car elle comprit immédiatement qu’il ne venait pas en ennemi.
Le nettoyeur se précipita vers Kaori en lui sommant :

- KAORI, il faut partir d’ici en vitesse ! Vous êtes en danger !!!!!!!!


La nettoyeuse était tellement abasourdie par cette arrivée fracassante qu’elle n’arrivait pas à faire un seul mouvement essayant de comprendre ce qu'il voulait dire

« En danger ?????… » Mais qu’est ce qu’il raconte ??? »


Elle le fixait et voyait des flammes dans les yeux de Ryo tellement qu’il celui-ci était dans un état secondaire. Mais il s’agissait d’un état qu’elle connaissait bien : quand Ryo était comme ca, c’est qu’il y avait un danger imminent.
Voyant l’immobilisme de sa partenaire, Ryo se précipita sur Hideyuki et le prit délicatement dans ses bras. Sans perdre de temps, Il se retourna rapidement et attrapa le bras de Kaori l’obligeant ainsi à sortir de l’appartement
Madame Tsukasa, qui assistait à la scène ressentit l'aura meurtrière qui approchait.
Elle lui lança :


- Prenez la porte de sortie au fond du couloir à gauche ! C’est une porte dissimulée ! Je les attends !


Le nettoyeur sentait qu’ils étaient là… Il se précipita avec Kaori vers le couloir tout en serrant contre lui Hideyuki qui s’était mis à hurler.
Kaori prenant enfin conscience de ce qu’il se passait accéléra le mouvement, et fit un geste pour que Ryo lui lâche le bras. Ils dévalèrent les escaliers de secours. Arrivés en bas, Ryo appuyé contre le mur évaluait la situation et se décidait à franchir le cours chemin le menant au mur afin de sortir de l’enceinte. Ils devaient se dépêcher : avec un nourrisson hurlant, ils allaient se faire repérer si les ennemis n’étaient pas loin. Il regarda avec impuissance son fils qui hurlait. Ryo commença à paniquer. Bien qu’il ait l’habitude de gérer n’importe quelle situation, il était moins à l’aise : accompagné d'une femme, il pouvait encore gérer ; mais avec un nourrisson. Il passa instinctivement le petit à Kaori, et tenta de se concentrer et de se ressaisir…

De leur coté, les tueurs entrèrent dans le hall d’entrée en tout aisance. Un devait rester dans l’entrée pour filtrer le passage.
Ryo fermait les yeux pour essayer de se concentrer et ressentir leur présence. Il devait faire abstraction des cris d' Hideyuki. Quand soudain, il entendit un bruit infime : celui du déclencheur de la porte d'entrée qui indiquait qu'elle s'ouvrait.


C’était maintenant….


Il saisit à nouveau le bras de Kaori. Ils ne devaient pas passer par le portail d’entrée ! Cela était beaucoup trop dangereux, et à la vue de tous. Ils étaient obligés de passer par le mur situé derrière la résidence, caché par de nombreux buissons.
D’un geste précis, il tira sur les caméras de sécurité avoisinant le mur.

De son coté, Madame Tsukaza attendait les intrus à sa manière. Prenant le soin de désactiver les alarmes pour faciliter le départ de Kaori, elle s’assit dans le sofa en attendant les visiteurs. Après avoir eu un vécu bien rempli, elle était sereine. Voir Kaori devoir s’enfuir ainsi, l’avait secouée. Elle était prête à se sacrifier pour elle et son fils. Ils avaient droit à leur part de bonheur.
De leur coté, City hunter arrivèrent prés des buissons collés au mur. Comment allaient-ils escalader ce mur si haut, avec un nourrisson. ? Il regarda Kaori. Essoufflé, il prit un instant de réflexion et lui dit :

- Kaori… Kaori Tu vas passer la première !

Il se baissa pour lui faire la courte échelle :

- Pose Hideyuki ! Je le prendrai !

Kaori secoua la tête:

- Non je le prends, je ne le pose pas par terre !!! dit- elle sur un ton proche de l’hystérie.


Excédé, Ryo arracha Hideyuki des bras de Kaori :

- Pas de discussion Kaori !!!!!!! Obéit moi !!!!!!!!!!


Il posa délicatement Hideyuki sur le sol.

Kaori était comme tétanisée…


Comme un robot, elle obéit à Ryo. Avec l’aide de ce dernier, elle prit de l’élan afin de passer au dessus du mur.
Se réceptionnant sur ses pieds de l’autre coté, elle leva le regard en haut. Rien qu'à penser à son enfant encore de l'autre côté de ce mur, elle angoissait. Ryo devait passer à son tour avec Hideyuki dans les bras…

Le nettoyeur reprit Hide dans ses bras. Il devait monter avec la force d’une seule main… Il serra les dents et puisa dans ses forces.


Il ne devait pas blesser Hideyuki. Il tenta de sauter une première fois pour s’agripper, mais ce fut sans succès. Il serra les dents, il devait se concentrer ! Il retenta une deuxième fois. Sa main réussit à s’accrocher, mais pas aussi bien qu’il le fallait. Ryo leva les yeux vers ce mur infranchissable ! Puis, il baissa son regard vers Hideyuki qui hurlait. Devant ces pleurs, Ryo ressentit une colère montée en lui ! Il devait se reprendre ! Il évalua encore la hauteur du mur et dans un élan, il retenta son saut.
Ce n’est qu’à la troisième tentative qu’il arriva à accéder en haut du mur. Ryo mis Hide de sorte à le protéger de ses bras et sauta de l’autre coté.
Le cœur de Kaori accéléra quand elle vit la main de Ryo apparaitre en haut du mur. Elle pria intérieurement…
Lorsqu’elle le vit passer par dessus le mur, Kaori en fut soulagée un temps soit peu.


Instinctivement elle reprit le petit des bras de Ryo et le posa contre son cœur. Mais l’heure n’était pas aux effusions sentimentales ! Il la reprit à nouveau par le bras afin de se remettre à courir.


Ainsi le duo City Hunter se mis à courir à travers les ruelles qui par chance, étaient désertes.

Les truands arrivèrent avec des démarches nonchalantes devant la porte de l’appartement. Etant sûrs de leur coup, ils sortirent leur armes et d’un coup de pied, ils défoncèrent la porte.


Madame Tsukasa était assise sans sourciller lorsque les malfrats fracassèrent la porte. Elle resta de marbre.
Etonné de ne trouver qu’une dame d’un certain âge, le chef pointa son arme en sa direction.

Comme un réflexe, et d’une à une vitesse incroyable pour son âge, elle pointa à son tour un revolver vers celui-ci :

- Qui vous a permis de rentrer chez moi ainsi ??? lui hurla-t-elle.


Les malfrats étaient décontenancés pensant trouver Kaori Makimura et pas une autre femme.

Le chef se reprit :

- On cherche une Kaori Makimura.

- Connais pas… Sortez de chez moi...

Le chef n’était pas convaincu pour autant :
- Écoute-moi la vieille, on sait qu’elle est ici !!! Si tu veux vivre encore un peu de temps t’as intérêt à me dire où elle se cache.
- Je trouve ça culoté de me faire des menaces chez moi pour une personne que je ne connais même pas !!!!… Dégagez de chez moi… Y' a pas de Makimura ici...
Sans voir le danger venir, un des ennemis qui était en retrait, se rua sur elle. Elle voulut tirer mais la trajectoire de sa balle fut déviée par le bras de son adversaire.
Il lui asséna une gifle la mettant qui la mit à terre. Ayant cette rage au cœur, le chef des truands, voulait vite trouver Makimura. Il posa le canon de son arme contre sa tempe
- Maintenant fini de jouer… Dis nous où est cette garce !
Le chef fit un signe à son comparse pour qu’il fouille l’appartement.
Madame Tsukaza sourit. Elle avait pris le soin d’enlever tout les détails, vêtements, ou objets qui auraient pu la perdre. Cela avait été la règle depuis son arrivée ! Tous les achats étaient faits au compte goutte ! Au cas où cette situation se présenterait, aucune trace de Kaori ou du bébé, ne serait détectée !

- Il n y a pas de Makimura ici… J’habite seule ici...
Le chef commençait à avoir des doutes… Et s’ils s’étaient trompés ? Non impossible !!!! Vu l’entretien téléphonique qu’ils avaient entendu, il n'y avait pas de doute. Il voulait sa revanche !!!! Il voulait massacrer cette jolie famille si chère aux yeux de Saeba !
Dans un élan de rage, il ordonna à ses hommes de sortir et de parcourir le parc et les ruelles alentours. Il était certain qu’elle s‘était enfuie. Comme des chiens enragés, ils sortirent de l’appartement. Le chef, fou de rage, leur hurla :
- Pas de pitié les mecs, butez la direct, elle et le gamin !!!!!!!
Pendant ce temps, City Hunter arriva à la voiture. Ils s’y engouffrèrent précipitamment. Le nettoyeur mit fébrilement la clé dans le contact et démarra en trombe…
Ryo se retourna pour effectuer une marche arrière et Kaori aperçut sur son visage des gouttelettes de sueur qui y déferlaient. La partie n’était pas encore terminée… Ils devaient encore sortir de cette ville sans qu’on les voit.
Il regarda à droite, puis à gauche.. Par où prendre aller ??? Décidant d’écouter son instinct, il prit le chemin de droite. Il s'adressa alors à Kaori
- Baisse-toi… Le temps qu’on sorte d’Iwaki !
La nettoyeuse s’allongea de tout son long sur la banquette arrière avec Hideyuki dans ses bras.
Il savait que ces hommes allaient vite ressortir pour les chercher dans le quartier, il devait se dépêcher de les sortir d ici. Néanmoins, il ne pouvait pas rouler vite sinon cela attirerait l’attention des passants…
Ces quelques mètres pour sortir de la ville lui parurent une éternité… Kaori avait fermé les yeux, faisant des prières silencieuses. La Mini prit l’artère principale annonçant la fin de la ville.
Voilà ils y étaient, plus que quelques mètres encore……………
Lorsqu’ il franchit la sortie de la ville, il poussa un soupir de soulagement. Toute la tension qui s’était accumulée ces dernières minutes s’envola. D’un coup de pied sur la pédale, Ryo accéléra sa conduite. Ils ne devaient pas trainer plus longtemps dans les parages.

Chapitre 40 :: le retour à Shinjuku


La tension redescendait dans l’habitacle de la voiture au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de Iwaki.

Kaori s’était relevée et regardait par la fenêtre. Elle pleurait silencieusement en pensant à ses rêves…Ses rêves d’une nouvelle vie qui venaient d’être brisés. Pourquoi ? Elle avait tellement enduré afin de pouvoir accéder à cette nouvelle vie qui allait s’offrir à elle. Elle était restée ces six derniers mois à rêver à ce futur avec son enfant

Son regard se posa sur son fils, qui dormait dans ses bras. Son cœur se serra d’avantage en pensant aux intentions des malfrats. Comment… Comment l’être humain pouvait il être aussi méchant en voulant s’attaquer à un être aussi fragile…. Elle le serra d’avantage contre son cœur. Elle leva doucement son visage afin d’observer Ryo, ne pouvant voir que ses yeux grâce au rétro. Son regard était dur, concentré sur la route…



Elle se demanda ce qu'il se serait passé s’il n’avait pas été là ? En un instant, elle avait vu revenir Ryo en trombe dans son appartement, la poussant pour sortir. Tout avait été si vite ! Rien que d’imaginer ce qui aurait pu se produire si Ryo n’était pas intervenu. Elle frissonna.

Elle soupira de soulagement malgré tout car il avait toujours été là pour la sauver, oui toujours. Prêt à se sacrifier pour qu’elle soit vivante. Il avait renouvelé sa promesse encore une fois aujourd’hui. A cette constatation,ses larmes redoublèrent. Pourquoi la vie ne leur accordait pas un peu de repos ? Elle ne voulait plus être la cause de la perte de Ryo ! Hors aujourd’hui, elle le mettait davantage en danger. Rien qu’en y repensant à : devoir escalader un simple mur, cela avait laborieux ! Qu’est ce qu’elle avait eu peur… Elle avait senti que Ryo n’était pas à son aise.. Bien qu’il soit agile, il avait dû s'y prendre à trois fois… Si les ennemis étaient arrivés à ce moment là ? Ryo et Hideyuki auraient été abattus sur place… Elle en trembla davantage.

De son coté, Ryo était concentré sur la route tout en pensant à ce qu’il venait de se produire. Lui, qui voulait repartir et les laisser vivre une autre vie. Le voilà reparti, avec Kaori et Hideyuki. En repensant à cette fuite, il éprouvait de l’angoisse… Comment ferait il ? Il avait pu constater que protéger un bébé n’était pas une chose aussi simple.

Lui aussi, il remercia le « hasard » de l’avoir poussé à venir à Iwaki… Il ne regrettait pas. Son regard se radoucit malgré lui. Il était soulagé d’avoir pu les sauver.



Il contrôlait maintenant la situation. Il n’en savait pas la fin, mais il en serait acteur.

Il repensa à la condition de Falcon s’il se rendait à Iwaki : il devait prendre ses responsabilités. Il comprenait maintenant toute la portée de cette condition. Sacré Falcon !



Il était décidé : il allait les emmener là où ils ne risqueraient rien ! Et quel est ce lieu qui pourrait les protéger, si ce n’est Shinjuku ?

C’était sa ville, son territoire… Il serait sur son terrain! Il les cacherait le temps d’évaluer la situation ! Il les protégerait corps et âmes le temps de réduire à néant cette rumeur ! Ainsi il pourrait les aider à quitter le pays pour trouver une vie normale. Il regarda dans son retro afin de voir Kaori. Elle regardait par la fenêtre, et pleurait.



Le nettoyeur en eut mal au cœur. Il savait ce qu’elle pensait… Mais il se promit de tout faire pour qu’elle et Hide puissent vivre loin de cette violence. Jamais de sa vie, il n'avait pensé avoir un jour une telle mission. Il devait protéger la vie de son ange, non pas de son ange… de ses anges !.



Hideyuki Makimura, son ancien partenaire savait-il en qu’en confiant sa petite sœur, il le transformerait à tout jamais ? Savait-il que sa sœur allait lui redonner une âme ? Réanimer ce cœur si longtemps éteint ? Jamais il ne le saurait... Aujourd’hui un petit garçon portait son prénom… Hideyuki ! Qui aurait dit qu’un jour, il aurait un fils, portant le prénom de son partenaire, de son meilleur ami ?



Ce fils était une rédemption pour ce nettoyeur dans l’âme qu'il était. Ryo savait que ses jours étaient comptés : un nettoyeur ne vivait pas vieux dans le milieu. Mais aujourd’hui, il y aurait une trace de lui sur cette terre. Lui qui n’avait jamais eu de véritable famille, aucune identité formelle, il avait réussi, quelque peu, à contrer le destin. Il se battrait pour eux comme il ne s’était jamais battu.
Le nettoyeur croisa le regard de Kaori.. Son regard était triste et rempli d’interrogations.

Afin de la rassurer, il lui dit :

- Kaori… Pour le moment, je te ramène à Shinjuku… Juste le temps que les choses se calment… D’accord ?


Kaori s’affaissa dans son siège et soupira :

- D’accord Ryo... Je te fais confiance…


Kaori reprit son observation de l'extérieur de la voiture...

Le reste du trajet se fit dans le silence le plus total.

Et voilà, Kaori Makimura retournant dans la ville qui avait vu la naissance du duo City Hunter… Shinjuku !

Chapitre 41 :: Il s'en est fallu de peu...



Le chef voyant ses hommes revenir bredouilles se retourna brusquement vers Kimiko restée, quant à elle d'un calme désarçonnant. Il se rapprocha vers elle avec un regard froid et suspicieux.

Toujours maîtresse d’elle-même, elle lui lança :

- Je ne sais pas qui vous a donné vos informations, mais il s’est bien fichu de vous.

Excédé de l’insolence de la nettoyeuse, le malfrat s’apprêta à la gifler lorsqu’elle lui déclara :

-Avant de vous défouler, regardez…

Elle pointa du doigt le coin d’un mur sur le plafond… Un boitier blanc y était accroché.

- Toute notre conversation a été enregistrée… Et télésurveillance en prime !



En regardant sa montre, elle poursuivit :



La police devrait être là d’ici même pas cinq minutes. Vous êtes dans une résidence protégée ici ! Un vrai bunker !

A peine avait elle dit cela, que l’alarme se mit en marche, déclenchant une sirène à rompre les tympans.


Le chef s’affola car rien ne s’était déroulé comme prévu.

Néanmoins il était sûr que la partenaire de Saeba était là. Il serra les dents. Il avait une envie folle de régler son compte à cette femme. Son sourire ironique l’énervait au plus au point mais il privilégia la prudence et opta pour la fuite avec ses complices. Ce dernier se jura que ce n’était que partie remise ! Il était convaincu que cette histoire d’enfant était vraie ! Il le trouverait ce gamin ! Sa rage pour Saeba avait doublé depuis la mort de son frère ! Il était envahi par ce besoin de vengeance !

Madame Tsukasa les regarda s’enfuir avec une mine dégoutée de leur attitude tellement basse. Des voyous de pacotille.. Ils avaient vraiment cru qu’une caméra les surveillait ? PFFFF Les voyous d’aujourd’hui étaient vraiment dénués d’intelligence et de ruse.



Elle se détendit un peu gardant toujours sur elle la télécommande pour la surveillance des lieux. Elle regarda autour d’elle… Elle était comme perdue et déçue que cela se finisse comme çà. Elle pensa à Kaori, au bébé et soupira. Elle prit son téléphone et entreprit de composer un numéro. Ces bandits n’allaient sûrement pas en rester là !



Shinjuku


Umi se réveilla plus tard que d’habitude. Il avait été épuisé par ces derniers jours. Mais lorsqu'il se leva, il se sentit léger.

Vue l’heure, Miki devait déjà servir au Cat’s , alors il se prépara rapidement afin de la rejoindre au plus vite. Arrivé dans le café, il se mit derrière le comptoir et commença son travail pendant que Miki servait les clients. Vue le nombre de personnes à servir, la journée s’annonçait excellente.

Alors qu’il commençait à faire la vaisselle, un détail lui revint en mémoire. Prenant le soin de s’essuyer les mains, il prit son téléphone et l’alluma. Il entreprit de le remettre dans sa poche, quand il se mit vibrer de nombreuses fois. Il le reprit à nouveau et regarda : dix appels en absence, trois messages sur le répondeur. Il s’était passé quelque chose. Sur cette conclusion, il partit précipitamment dans la réserve.



Miki, qui avait assisté à toute la scène, soupira lorsqu’elle vit son mari partir dans la réserve. Ne voulant pas faire d’histoire, elle reprit son travail comme ci rien n’était.



La sonnette retentit annonçant la venue d’un nouveau client. Comme une tornade, Mick se jeta sur Miki, qui lui balança son plateau habituel. Prenant le soin d’enlever celui-ci, qui était venu se loger dans sa bouche, il prit place au comptoir:



- Alors comment vas-tu Miki ????? lui demanda Mick qui avait repris son sérieux.



- Çà va se contenta-t-elle de dire.


Voyant la mine triste de l’ancienne mercenaire, il lui demanda<:


- Çà a pas l’air d’être la grande forme dis moi !

Voyant que Miki n’était pas prête à engager une conversation sur le sujet, il lui demanda:



- Il est où Umi, je ne l’ai pas encore vu cette tête de poulpe???



En faisant un signe de la tête en direction de la réserve, elle lui répondit:



- Il va arriver, il passe un coup de fil.

Voyant que la situation était peu propice au dialogue, l’américain se contenta de boire son café tranquillement en attendant le retour de Falcon.

Ce dernier resta un moment dans la réserve. Venant de recevoir les informations du Doc, il était complètement abasourdi. Comment la situation avait-elle pu aussi vite dégénérer ? Mais ce qui le rassura, c’est que Ryo s'était apparemment chargé de la suite. L’ancien nettoyeur ne peut réprimander un sourire en constatant que Ryo avait fait son choix en partant sur Iwaki.



Il devait désormais attendre les nouvelles. Ryo ne devrait pas tarder à le contacter… Du moins il espérait. Il s’inquiétait tout de même. Il pensa à Hideyuki, à Kaori et soupira.

Ne voulant pas davantage être absent, il repartit aussitôt dans le café. En passant la porte, Il aperçut tout de suite la présence d’Angel. Il manquait plus que lui. Il se replaça derrière le comptoir afin de reprendre son travail. Il devait désormais attendre. Pas de nouvelle, bonne nouvelle ?

Aux abords de Shinjuku, une Mini roulait à une allure raisonnable. Le trajet avait été silencieux. Beaucoup de question affluaient dans l’esprit de Kaori.. Comment Ryo avait-il su ? Pourquoi des hommes étaient venus pour les tuer ? Comment avaient-ils fait pour les retrouver ? En suivant Ryo ?



Par chance Hideyuki avait dormi tout le long du trajet. Comme un instinct de protection ? Le cœur de Kaori se serra. Qu’allaient-ils faire maintenant ? Revenir à Shinjuku… Elle devrait affronter le regard de ses amis et pire celui des les ennemis qui n’attendaient que ça pour découdre leurs différents avec Ryo. Avait il pensé à tout çà.. ? Elle regarda à nouveau son partenaire. Comme il lui avait manqué pendant ces mois de solitude, jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse venir la voir jusqu'à’ à Iwaki, et encore moins qu’elle soit obligée de retourner à Shinjuku avec lui. Elle repensa également à kimiko et se mit à parler à voix haute malgré elle



- J’espère qu’il n’est rien arrivé à Madame Tsukasa...

N’attendant pas de réponse de Ryo, elle replongea immédiatement dans ses pensées.



La Mini traversa les rues de Shinjuku. Toutes ces dernières années défilaient sous les yeux de Kaori, Ils avaient tellement vécu de choses ensembles, des rires, des larmes, mais ils avaient toujours fait qu’un. La mort de son frère les avait soudés. Elle avait perdu un frère. Il avait perdu son meilleur ami. Et C’est avec émotion qu’elle aperçut cet immeuble aux briques rouges, si cher à ses yeux.



La voiture s’engouffra dans le garage. Ils y étaient enfin.

Le nettoyeur éteignit le contact. Il était parti seul, et revenait avec son ange… et son fils.

D’un geste lent, il sortit de la voiture et ouvrit la porte arrière pour laisser passer Kaori. Celle-ci, épuisée, fit un effort surhumain afin de sortir. Elle n’avait plus aucune force dans les membres. Tenant son fils, elle prit directement les escaliers pour remontrer à l’appartement.


Le nettoyeur l’observa. Malgré les circonstances, il était heureux. Heureux que son ange réinvestisse leur appartement. La lumière allait envahir à nouveau ce lieu. Cela allait être temporaire, il le savait. Mais il allait apprécier ce retour à la vie aussi court soit il.

Chapitre 42 :: La vie à trois

Attendant que son partenaire arrive près de la porte d’entrée, la jeune femme se mit en retrait. D’une main fébrile, Ryo ouvrit finalement la porte et laissa passer Kaori. Celle-ci d’abord hésitante, passa devant lui et entra chez eux.



Elle fit quelques pas et regarda la pièce : le salon ne ressemblait plus en rien à celui qu’elle avait quitté.. Des amonts de verre brisé, des bouteilles, des canettes jonchaient le sol. Elle se retourna vers Ryo mais celui-ci évita son regard. Il ne voulait pas lui montrer qu'il avait souffert de son absence, mais ce fut peine perdue : Kaori se rapprocha du nettoyeur. Maintenant dans un bras Hideyuki qui s’était recroquevillé en boule sur elle, elle passa sa main sur sa joue. en un geste délicat.



- Tu m’as manqué Ryo...



Le nettoyeur prit doucement cette main et la serra:





-Tu m’as manqué aussi Sugar...



Doucement, il la rapprocha, en faisant attention à ce petit invité, et la prit dans ses bras. Ce qu'il ressentit à ce moment là, était indéfinissable. Un bien être, un soulagement immense. Il avait entre ses bras ses deux raisons de vivre. Il sentait la chaleur à nouveau envahir son corps, comme un souffle de vie. Ryo ressentit un soulagement.



Toutes les tensions, toutes les rancunes et les frustrations venaient d’être balayées par ce retour imprévu. Ils venaient de vivre une des plus grosses frayeurs de leurs vies.



N’ayant même pas eu le temps d’analyser la situation.



Ils restèrent ainsi dans les bras l’un de l’autre de longues minutes. Aucune parole n’était nécessaire dans un moment pareil.



Kaori, qui était, dans un état de fatigue immense sentait ses jambes s’affaiblir.



Sentant son tremblement Ryo, lui dit à voix basse



- Tu devrais aller t’allonger Kaori...



Hochant la tête, elle se défit de cette étreinte, et prit la direction des escaliers avec son trésor dans les bras. Elle monta doucement et arriva dans le couloir. Elle se sentait bizarre, heureuse et mélancolique à la fois… Retourner dans son ancienne chambre, la chamboulait.



Kaori avança la main sur la poignet de la porte afin d’ouvrir celle-ci, mais elle n’y arriva pas. Elle retenta plusieurs fois. Elle fronça des sourcils. Sa porte était tout simplement fermée. Elle allait faire demi tour pour redescendre, mais elle vit la main de Ryo qui mettait la clé dans la porte. Kaori se retourna brusquement vers lui. Ce dernier était toujours impassible. Il fit tourner la clé et ouvrit la porte…



- Pourquoi as-tu fermé cette porte Ryo ?



Celui-ci s’apprêtait déjà à redescendre. Sans se retourner il lui dit :



- C’est ta chambre Kaori, personne n’a y rentré en ton absence.



Serrant davantage Hideyuki, elle fût touchée par ce geste. Ryo avait toujours eu ce coté énigmatique. Ce coté insondable, qui empêche les gens, de vraiment savoir ce qu’il pense ou ce qu’il ressent.



Elle rentra doucement dans son antre et Elle regarda autour d’elle… Rien n’avait bougé… Ryo avait tout laissé tel qu'à son départ. Elle sentit à travers le comportement de Ryo, qu’il avait autant souffert qu’elle. Même si il ne disait rien, c’est ces gestes qui le trahissaient. Elle posa son regard son Hide qui n’allait pas tarder à se réveiller. Il allait falloir lui donner à manger, le changer….



Elle soupira…Elle n'avait guère eu le temps de prendre ce qu'il fallait... Rien… Elle s’apprêta à redescendre, mais son corps était trop fatigué.



Elle s’allongea dans son lit mettant Hide sur le coté prés du mur afin qu’il ne tombe pas.



- Laisse moi juste dix minutes Hide… Dix petites minutes pour que je récupère un peu...





Elle n’avait pas fini sa phrase que ses yeux se fermèrent…





Le nourrisson ouvrit les yeux… Comme un accord entendu, il les referma aussitôt et se rendormit…



Le nettoyeur qui était resté à proximité, revint sur ses pas et ouvrit la porte de Kaori.. Il l' entrouvra à peine afin de la voir. Qu’il était bon de pouvoir à nouveau la revoir ici … S’assurant qu’elle dormait, il ferma doucement la porte et repartit pour de bon dans le salon.



Les mains dans les poches, il descendit les escaliers d’un pas lent. Tout devenait confus… Son cœur, sa raison, tout se mélangeait en lui.



Il regarda la pièce qui était sans dessus dessous. Comme si depuis des mois il avait été aveugle, la lucidité lui revenait. Le salon était le reflet de ce qu’il était devenu.



Il s’abaissa et commença à ramasser les morceaux de verre en soupirant.





- Quel gâchis ! se contenta-t-il de dire tout en serrant un des morceaux de verre dans ses mains. Des gouttes de sangs tombèrent sur le sol....



Il se releva. Il rangerait plus tard. Il avait besoin aussi de repos.



Il s’allongea sur le sofa en décidant qu’il repenserait… plus tard… Pour le moment, il voulait se reposer. Il ferma également, à son tour, les yeux et partit dans un pays où, durant quelques minutes ou quelques heures, son cœur se sentirait apaisé

Chapitre 43 :: cohabitation non évidente‏

Le nettoyeur fut réveillé brusquement par des pleurs aigus ! Il sursauta du sofa.



- Qu’est ce qui se passe ? Cria t-il en se remettant debout avec assurance



Il vit Kaori descendre dans les escaliers en courant. La pauvre nettoyeuse s’était réveillée en sursaut,en entendant les cris d’Hideyuki. Le bout de chou avait assez patienté ! Il avait faim et était trempé. Paniquée, Kaori n’avait trouvé qu’une seule solution !



- Ryooooooo !!!! Il faut absolument que tu ailles me chercher çà !!!!!



Elle lui mit devant le visage une liste de course.



Ryo encore à moitié réveillé, la prit tout se grattant la tête avec l’autre main.



Il essaya de lire,malgré le sommeil qui lui plombait encore les yeux. Mais ces derniers s’agrandissaient au fur et à mesure qu’il lisait la liste:



- QUOI ???????? Non hors de question Kaori !! Jamais je n’irai acheter çà !



Le nettoyeur se retourna, croisant les bras et prenant sa mine boudeuse.



La nettoyeuse, excédée lui répondit :



-Arrête de jouer le gamin !!!! Tu sais très bien qu’on n’a pas le choix ! Je ne peux pas sortir Ryo… Donc y a il n'y a que toi qui peut y aller !!!





Kaori essayait de parler au dessus des cris de Hide lesquels redoublaient



Ryo devint rouge comme une écrevisse, il se retourna :



- Non non non Kaori, demande moi tout mais pas ça !!!!!



- Arrête Ryo, ce n’est pas la mort d’aller acheter des couches, des biberons, du lait, des vêtements, ... ... ... ... ... ... ... ..



Ryo la regardait médusé devant ce flot de requêtes. Il courut à travers le salon levant les bras au ciel





- JAMAIS Kaori !!!!!!!!



Il s’immobilisa levant le poing au ciel:



-N’oublie pas Kaori, je suis l’étalon de Shinjuku !!! Ma réputation serait à jamais brisée.



Les yeux remplis de flamme il continua :



-Tu n’imagines pas la détresse que tu va provoquer à mes admiratrices si elles apprennent que leur étalon est parti acheter ces trucs .



Un corbeau passa derrière Kaori.



Elle se dirigea vers Ryo. Elle était étrangement calme. Sans qu’il s’y attende, elle lui mit Hide dans les bras.



Celui-ci s’immobilisa comme tétanisé.



Elle repartit et entreprit de mettre sa veste:



- Très bien Ryo… Si tu le prends ainsi, j’irai moi-même.



Les larmes coulaient comme une rivière sur les joues de Ryo… Il serra les dents. Il était très mal à l’aise :Jamais il n’avait pris dans ses bras un bébé… Encore moins un nourrisson en pleurs.



- Attend Kaori… Tu ne peux pas me laisser comme çà… lui hurla t-il sans bouger.



- Je n' ai pas le choix Ryo… Hide a faim et il est trempé...



La nettoyeuse allait ouvrit la porte, quand Ryo lui cria :





- Bon d’accord !!!!!!!!!!!!!! t’as gagné !!!!!!!! J’irai acheter ces machins !!!!!!





La nettoyeuse se retourna vers Ryo avec un regard malicieux :



- Ben tu vois… Quand tu veux...





Le nettoyeur se dépêcha de redonner Hide à Kaori, et partit en claquant la porte tout en marmonnant.

Kaori resta là sans bouger, regardant cette porte. Elle sourit… Elle avait retrouvé son idiot de partenaire. Il pouvait être têtu, mais il acceptait toujours …



Elle reporta son attention à son fils, en le berçant





- Courage mon amour.. Ton têtu de père est parti chercher ce qu’il faut. Rien qu’en imaginant Ryo dans le rayon des couches, la nettoyeuse pouffa de rire toute seule. Elle continua à bercer son fils à travers l’appartement afin de le faire patienter.



Le nettoyeur sortit en trombe. Il prit sa voiture et se dirigea vers le centre commercial le plus proche. Des gouttes de sueur déferlèrent sur son front tellement qu’il était gêné de devoir aller acheter ce genre de choses. Mais il savait qu’il n’avait pas le choix. Kaori ne devait être en aucun cas vue par qui ce soit. Il soupira de désespoir…





Reprenant un temps soit peu son sérieux, il regarda son rétro afin de s’assurer qu’il n’était pas suivi. Cela devait jaser dans le milieu. La nouvelle s’était répandue à une vitesse impressionnante selon les dires de Doc. Il fallait absolument faire redescendre la pression en mettant vite cette rumeur aux oubliettes et qu’elle fasse partie des autres rumeurs totalement fausses qui avaient été dites sur lui. Ainsi le calme reviendrait. . C'est seulement à ce moment là que Kaori et le petit pourraient partir. Ce serait moins risqué.



Il ressentit un pincement au cœur au mot « rumeur »Et il repensa à son fils qui était loin pour lui d'en être une !.Il était réellement là chamboulant comme jamais le nettoyeur numéro 1 ! Il s’en voulait de devoir parler ainsi en faisant comme si il n’existait pas. Mais Il voulait le protéger en contestant haut et fort son existence aux yeux du milieu. Ryo Saeba n’avait pas le droit d’avoir d’attaches ; Il espérait que son fils comprendrait un jour son geste. Il était surpris lui-même de l'attachement qu’il pouvait déjà éprouver pour Hide.



« Pardonne moi Hide… Je suis obligé….. » pensa t-il.. Il serra son volant pour aller chercher ces fichues couches et accéléra sa vitesse.



Quelle journée…………….

Chapitre 44 :: La mission de Ryo



Un homme parcourait les rayons en faisant des pauses pour s’assurer que personne ne le voit. Il se voulait discret... Il prit un panier et se dirigea vers le rayon concerné… Fallait-il déjà le trouver ? Il n’avait jamais mis les pieds dans un rayon pareil…

IL leva les yeux au ciel, les larmes coulant le long de ses joues, tellement qu’il trouvait la situation gênante pour lui (on voit qu’il ne sait pas ce que Falcon a dû affronter lol).



« Pourquoi ?? »Le nettoyeur voulait rester naturel donc, reprenant une démarche assurée il partit en direction de ce fameux rayon. Ce serait une simple formalité. Voilà tout…



Il tourna dans le rayon et s’immobilisa : Les yeux du nettoyeur s’agrandirent à la vue de l’étalage contenant les couches : un rayon ENTIER de couches !



Il hurla :



-Mais c’est pas possible… !!!!!



Ryo commença à regarder tout les paquets.Il ne comprenait rien et surtout il ne savait pas quoi prendre !!



-Mais quelle idée d’avoir autant de couches de marques différentes !!!



Il devint rouge,et s'assura en regardant à droite à gauche que personne ne l'ait remarqué



Il souffla : oufff personne à l’horizon. Il entreprit son décodage des paquets, quand une jeune femme apparut dans le rayon



Comme par magie, sa mine de pervers fit son apparition… Il avait bien longtemps qu’elle n’avait pas refait surface. Mais, elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée, car cette femme venait également acheter des couches donc cela voulait dire soit mariée ou avec quelqu'un. Il soupira, tout en reprenant ses recherches, mais une idée lui vint en tête. Il se rapprocha d’avantage de la jeune femme. Le nettoyeur fit une pause et se mit à réfléchir.



Pourquoi pas ??? Après tout, il n'y avait rien de mal à demander un renseignement.



Il se rapprocha encore de cette jeune femme.Celle-ci avait remarqué cet homme avec son regard un peu bizarre. Se sentant observée, la jeune maman commençait à avoir peur.



Ryo prit une grande inspiration et s’adressa à la femme :



- Excusez-moi...



La jeune femme qui était sur ses gardes sursauta et était à deux doigts de s’enfuir, quand le nettoyeur ajouta :



- Vous pouvez m’aider s’il vous plait ?



D’abord hésitante, la jeune femme se retourna et observa cet inconnu. Elle se rassura .Il avait un papier à la main et était visiblement perdu..



- Oui ?? lui dit-elle d’une voix mal assurée...



Le nettoyeur qui était autant gêné qu’elle se racla la voix et se lança :



-Je... Enfin.. Je cherche, je ne sais pas quoi prendre, annonça-t-il finalement en désignant les couches.



Voyant la gêne de cet homme, la dame en fut touchée et voulut l’aider.



-Ha vous cherchez des couches !!!!



Elle regarda le rayon et continua :





-C’est vrai que c’est pas évident quand on n’est pas dedans !



Le nettoyeur fut soulagé… Il s’apprêtait à répondre, quand la jeune femme lui dit :



- Quel âge à votre bébé ?



- Hummmm



Cela lui faisait bizarre qu’une femme lui parle comme un père de famille, respectable et ne fuyait pas devant lui. Il n’y était pas habitué.



Cette dernière sourcilla devant l’hésitation de l’homme…



- Il a à peine quelques jours à vrai dire, lui lança Ryo et maintenant sa main derrière la tête...



-Ha d'accord !! C’est votre premier ????



- Euh oui oui !!!



Le jeune femme, soulagée que ce soit un jeune papa en détresse, regarda le rayon et y prit un paquet avant de le mettre dans les mains de Ryo



- Ce sont des couches spéciales nouveaux nés !!! C’est ce qu’il vous faut !!



- Merci.. Merci bien.



- Mais de rien… Bonne journée...



La dame prit son paquet et sortit du rayon, laissant Ryo planté en plein milieu de celui-ci



Il se reprit vite : il devait se dépêcher et continuer car la liste était encore longue… Non mécontent que cette dame lui ait facilité la tache, il partit dans un autre rayon.





Pendant ce temps, Kaori essayait de calmer son fils comme elle le pouvait. Elle avait mal au cœur de le voir pleurer ainsi, sans pouvoir le soulager. Elle regarda l’heure. Cela fait plus d’une heure et demi que Ryo était parti.



- Mais qu’est ce qu’il fait ???? cria-t-elle.





Le pauvre Ryo était en fait coincer dans le rayon puériculture.. A la recherche d’un couffin… Il ne savait même pas à quoi cela correspondait.



Il en pouvait plus… Jamais il ne réussirait à venir à bout de sa liste.



Quelqu’un lui vint tapoter l’épaule,il se retourna et reconnut la dame qui l’avait aidé dans le rayon des couches.



- Vous avez l’air perdu ? Je peux peut-être encore vous aider ??



Cette jeune femme avait eu mal au cœur face à ce jeune papa complètement déboussolé.



D’abord hésitant, il lui présenta la liste. Celle-ci la saisit.. Elle était longue en effet. Elle ne put retenir sa pensée :



- Hé bien hé bien on peut dire que vous vous y êtes pris à la dernière minute ! s’exclama-t-elle.



Ryo était vraiment mal à l’aise..



- On peut dire ça comme ça lui répondit en rigolant.



- Bon, si vous voulez, je peux vous conseiller.. Vous me faites de la peine.



Ryo resta immobile et vit la dame aller et venir lui en rapportant tout les produits demandés.



Voyant la montagne de produits mis devant lui en deux, trois mouvements,il laissa exploser sa joie.



Prenant les deux mains de la dame, il sautilla de joie :



-Merci merci madame .



Le nettoyeur entreprit de prendre cette montagne et commença à courir à la caisse.



La dame le regarda partir avec un sourire amusé..



-Quel drôle de père...







Elle se retourna et continua ses propres courses.





Ryo arriva en caisse. Sa mission n’était pas terminée… Vue le nombre hallucinant d’articles, il allait passer un moment ici.Il soupira et parla tout seul :



- Quand même, Kaori aurait pu avoir la main moins lourde !!!!!



Les autres clients le regardèrent bizarrement en le voyant discuter avec lui-même.



Remarquant qu'il était devenu le centre d'attention, Il mit ses mains dans ses poches, l'air gêné et attendit son tour.



Arrivé enfin devant la caissière, celle-ci lui adressa un merveilleux sourire en voyant les articles qu'il déposait sur le tapis roulant. Le nettoyeur surpris par autant de sympathie depuis tout à l’heure se dit que cela n’était pas totalement désagréable de faire des courses pour un bébé.



Un sourire baveux apparut sur le visage de Ryo et au même instant, celui de la caissière s’effaça à la vue de l’expression perverse de Ryo.



Le nettoyeur se ressaisit et adressa un sourire charmeur à la jeune femme.



Elle commença alors à passer les articles. Une fois son travail terminé, elle annonça le montant.



On put entendre à travers le magasin :



-QUOI ????????????????????????????? Mais il doit avoir une erreur ce n’est pas possible !!!!







Gênée, la caissière lui assura l’exactitude du montant. Prenant son portefeuille en marmonnant, il lui donna l’argent en liquide. Elle lui rendit la monnaie d’une main tremblante.



Ryo la saisit rapidement et se précipita sur la sortie. C’était fini : OUFFFFF.



Il ouvrit son coffre en tentant de mettre tout les articles, mais certains se montrèrent plus coriaces à caser. Le coffre ne voulait pas fermer. Il commença à frapper sur ce satané coffre maudissant sa malchance.





Il fut interrompu par une voix qu’il connaissait bien :



-Hé bien Ryo, tu as du mal à fermer ton coffre ? lui demanda Reika.



Celui-ci eut une sueur froide et se retourna pour lui faire face



-Ha Reika. Ca fait longtemps !!! Comment vas-tu ??? lui dit-il avec un rire idiot.



Reika le regarda bizarrement.



-Bien bien.. C’est rare de te voir ici… Tu as besoin d’aide pour ranger tes courses.





Elle lui prit un sac des bras pour le soulager.



Ryo commença à paniquer : si celle-ci en voyait le contenu, il était cuit. C’était trop tôt.



D’un geste brusque, il saisit le sac, se précipita dans sa voiture et ferma la porte. Il démarra devant le regard incrédule de Reika.





- Merci Reika, désolé je suis pressé !! On se recontacte plus tard hein… lui lança-t-il toujours avec un rire idiot.



Le nettoyeur partit précipitamment laissant la pauvre Reika seule... en plein milieu du parking.



-« Et ton coffre ? » se contenta-t-elle de dire en voyant que celui n’avait même pas pris la peine de le fermer correctement.

Chapitre 45 :: Retour à la maison



Hideyuki s’était finalement endormi. Kaori avait les larmes aux yeux tellement elle s'était sentie impuissante devant ses pleurs .Elle n'avait pu que le consoler en le berçant dans ses bras en sachant qu’il était trempé, et qu’il avait faim. Elle culpabilisait de devoir lui faire subir cela. Peut être aurait-elle dû allaiter ? Vue les circonstances, elle avait eu à peine le temps de se faire à cette nouvelle maternité, en étant seule. Heureusement que madame Tsukaza avait été là pour l’aiguiller. Et en ne voyant pas Ryo revenir, sa colère augmentait de minute en minute…

Elle déposa Hideyuki délicatement sur son lit, le calant avec des coussins et lui chuchota :



- Pardonne moi mon amour… Je te promets que c’est la dernière fois que tu auras à pleurer pour ce genre de choses.





Elle éclata en sanglots. Non.. Elle n’avait pas espéré cela pour son fils ! Il souffrait déjà à cause d’elle… Elle estimait à cet instant, être une mauvaise mère… Voilà ce qu’elle était ! Ses pensées furent interrompues par la porte d’entrée qui claqua.

N’écoutant que son instinct maternel, elle se précipita dans les escaliers. Elle s’interrompit quand elle vit Ryo chargé de paquets à ne plus en voir sa tête.



Elle se précipita sur le nettoyeur, lui prenant tout les sacs et recourut vers la chambre sans lui adresser un moindre regard. Le pauvre Ryo resta planter devant la porte regardant sa furie de partenaire courir rapidement avec tous les paquets à l’étage.

Ayant toujours les bras dans la position où il tenait les sacs, il se contenta de dire :



-Même pas un merci ?





Et il entendit le claquement d’une porte pour toute réponse.



Il rabaissa ses bras et soupira :



-Les femmes…Quelle ingratitude...



Il s’affala sur le sofa … Sa mission avait été éreintante.

Maintenant, il devait penser aux choses sérieuses. Il prit son portable et composa un numéro.



Le Cat’s





Une atmosphère plombante régnait dans le café. Falcon n’avait pas dit un mot et Miki vaquait à ses occupations. Mick se contentait d’observer ce couple qui était apparemment en conflit. Le portable de Falcon se mit à vibrer. Ce dernier le sortit de sa poche et regarda qui l’appelait. Un sourire apparut sur son visage. C’était Ryo !



Décrochant, il se contenta d’un :



-Oui !



Il prit la direction de la réserve. Au même moment Miki brisa un verre : elle n’en pouvait plus de toutes ces cachoteries.





De son côté, l’américain était mal à l’aise d’assister à cette tension. Retournant son attention vers Miki, il ne put s’empêcher de l’interroger:



- Tu es sûre que tout va bien ?



D’abord hésitante, l’ancienne mercenaire n’en pouvait plus de prendre sur elle… Sa confiance s’effritait, malgré elle :



-Ça fait des mois que c’est comme ça, dit-elle en montrant de la tête la réserve...



Comprenant qu’il s’agissait de Falcon, Mick fut surpris:



-Voyons Miki.. Pas Falcon !!



- Il a cette attitude depuis des mois Mick… Il part comme ça, sans que je sache sa destination... Des coups de fils , des absences...



L’américain ne savait pas trop quoi penser car ce n’était pas du tout le genre de Umi à de faire des cachoteries à sa femme:



- Ne t’y méprend pas, Umi n'est pas le genre de personne à tromper sa femme



Les larmes envahissaient les yeux de Miki :



-Je sais… Mais aujourd’hui je n’arrive plus à faire comme ci de rien n’était. Il a tellement changé depuis...



Miki n’arrivait même pas à prononcer son prénom car elle avait trop mal : mal de l’absence de son amie, mal de l’attitude de son mari. Elle passa rageusement sa main sur ses yeux afin d’essuyer ses larmes.



-Tout a tellement changé depuis le départ de Kaori… Falcon est souvent absent… Et Ryo est redevenu...



Comme un mot devenu tabou à prononcer, elle se retint de le dire. Mick avait très bien compris de toute façon. Il mit ses bras derrière la tête et soupira…Oui, tout avait tellement changé depuis le départ de Kaori… Un gout amer naquit en lui..



Miki, elle, continua sur sa lancée..



- C’est de notre faute… Tout le monde a vu que Kaori n’allait pas bien, moi la première et qu’est ce que j’ai fait pour l’aider ??? Rien ! s'écria Miki.



Elle s’appuya sur le comptoir et remit à pleurer à chaude larmes.

Mick lui prit la main et la serra pour la réconforter.



Malgré ce geste de réconfort, elle ne put s'empêcher de continuer ;



-Et Ryo ??? Qu’est ce qu’il a fait pour la retenir ?? Rien, rien du tout !!! Il ne faisait que la blesser, l’humilier, sans lui prêter la moindre intention !!





La mine de Mick s’assombrit… C’était faux..



-Ne soit pas si dur avec Ryo… Il souffre aussi du départ de Kaori..



Miki releva rageusement sa figure en direction de Mick :



- Tu oses prendre sa défense ??? lui cria-t-elle



Mal à l’aise, Mick se remémora la lettre de Kaori..



- C’est plus compliqué qu’on ne puisse l’imaginer.



Miki le regarda l’air suspicieux :



- Tu sais quelque chose lui demanda-t-elle froidement



L’américain secoua négativement la tête.



Miki donna alors un coup de poing sur le comptoir



-Tu mens TOI AUSSI ! Mais qui va enfin me dire ce qu’il se passe à la fin !!!!!



Elle s’apprêta à continuer lorsqu’ elle entendit la porte de la réserve s’ouvrir à nouveau, laissant la place à un Falcon, enlevant son tablier.



- Je dois sortir...



Miki soupira bruyamment. L’américain tenta une action afin de rassurer la jeune femme :



-Tu veux que je t’accompagne demanda-t-il à Falcon



- Non, çà ira lui répondit celui-ci



Le nettoyeur partit sous les regards interrogateurs et suspicieux de Miki et Mick.



Mick se retourna en direction de Miki et lui adressa un sourire rassurant :



-Je suis sûr qu’il y a une bonne explication...

Chapitre 46 :: Protection rapprochée ??


Kaori était en train d'enfiler à Hideyuki un nouveau pyjama après lui avoir fait une toilette complète en le regardant avec les yeux emplis de larmes tellement qu’elle se sentait torturée de lui avoir fait subir tout ça. En boutonnant les pressions de son ensemble pour la nuit, elle s’aperçut qu’Hideyuki la regardait fixement. Elle était surprise de sa vivacité malgré son très jeune âge. Il était différent des autres bébés. Au-delà du fait, qu’il était son fils, elle avait ressenti cette différence singulière. Elle lui caressa ses petites mains et ses petites jambes, comme pour lui faire comprendre qu’elle s’excusait de cette attente trop longue.


Il était tellement calme comme s' il comprenait la situation. Il était resté discret jusqu'à présent comme s'il n'avait pas voulu perturber d’avantage son père dans cette cohabitation non prévue. Elle lui sourit tendrement..


- Je t’aime tellement Hide..


Le reprenant délicatement contre son cœur, elle partit avec lui dans la cuisine pour lui préparer son biberon. Elle était tellement absorbée par le regard de son fils, qu’elle ne fit même pas attention à Ryo en passant dans le salon



Ryo qui était au téléphone, l’observa partir dans la cuisine avec curiosité, n’écoutant plus vraiment son interlocuteur. Il était perturbé par cette nouvelle Kaori qu’il avait devant lui car elle avait changé, cela était indéniable !



Voulant reprendre le fil de la conversation, il se reconcentra d’avantage vers ce que lui disait son interlocuteur.



Après plus de vingt minutes de conversation et d'autres coups de fil en tout genre, le nettoyeur reposa enfin l'appareil avec un air satisfait. Il tendit l’oreille en direction de la cuisine : aucun son n’émanait de la pièce. Piqué par la curiosité, Ryo se leva et alla discrètement prés de la porte.



Kaori déposa le biberon vide sur la table, puis elle prit Hide contre elle en lui tapotant doucement le dos. Elle ferma les yeux pour éviter que ses larmes ne recoulent. Son cœur de maman avait saigné aujourd’hui.



- Pardonne moi Hide, pardonne moi lui susurra-t-elle dans son oreille.



Les larmes finirent tout de même par couler malgré elle. Elle n'avait plus la force de contrôler ses émotions. Voir son fils pleurait l’avait vraiment chamboulée au point de se poser de multiple questions sur son rôle de maman. Elle était désormais sûre d’une seule chose : elle voulait une vie loin de cette agitation malsaine pour son fils.



Ryo fut touché par ce qu’il était en train de voir. Se sentant de trop, il partit en direction du toit pour prendre l’air et réfléchir. Depuis hier soir, il n’avait fait qu’entrevoir Hide. Essayant de ne lui montrer aucun signe d’affection en présence de Kaori, il voulait rester indifférent estimant qu’il y était obligé afin de les protéger efficacement. Il n’avait pas réussi à faire partir Kaori, lorsque son frère était mort alors qu’il savait déjà à l'époque que c’était la meilleure solution afin qu’elle soit loin du danger et du milieu. Il avait, ce jour là, laissé parler son cœur plutôt que sa raison. Aujourd’hui, il ne reculerait pas pour Hideyuki.





Le nettoyeur se posta à son endroit favori. Profitant de l’air frais pour remettre ses idées en place, la journée défila sous ses yeux. Il avait vraiment fallu pas grand-chose pour qu’un drame n’arrive aujourd’hui. Instinctivement, il alluma une cigarette et laissa vagabondait ses pensée en attendant Umi, qui ne devrait plus tarder à arriver. Il avait tellement de questions en suspens.


Il pensa au but de cette mission : les faire partir comme il était prévu…



Mais les Etats-Unis étaient tellement loin ! Certes, il avait des contacts là bas, mais il ne pourrait pas autant les protéger que s’ils restaient ici au Japon. Il secoua la tête, rester au Japon condamnerait Hide d’une manière ou d’une autre à connaitre le milieu de son père et ceci était une chose qu’il refusait plus que tout. Il se battrait corps et âme pour que Hide ne connaisse ou même n'approche que de loin de son monde. Oui ! Jamais il ne devrait le connaitre, ni même s’en approcher.Il essaya d'être honnête avec lui-même : il savait pertinemment que s'ils restaient au Japon, il n’arriverait pas à en faire abstraction, et aurait ce besoin de les voir.

Regardant le ciel, il sourit en pensant que le destin lui avait encore réservé une des surprises dont il avait le secret. Et aujourd'hui, il était père d’un petit garçon dont il devrait, d’une manière ou d’une autre, assurer l'avenir. Peut être que certains le prendront pour un être irresponsable ou sans cœur en les faisant partir, mais il savait que c’était faux : c’était pour l'avenir de son fils justement qu’il faisait çà ! La vie était vraiment bizarre, il savait depuis peu qu’il avait quand même endossé son rôle de père, que déjà les mécanismes de ce sentiment si fort s’étaient enclenchés en lui. C'était pour cela qu'il était différent de certains nettoyeurs, c'était cela que Hideyuki Makimura avait perçu en lui d’une manière imparable, avant même qu'il ne s'en aperçoivent lui-même.


Le nettoyeur ne put s’empêcher de sourire en repensant à son partenariat avec lui.


Il tira nerveusement une bouffée supplémentaire de sa cigarette à la pensée du petit Hideyuki.. Ce petit garçon qui le perturbait tant. Repensant aux mois précédents le départ de Kaori, il essayait de remettre les morceaux du puzzle en place. Il repensa au malaise de Kaori, à ses absence prolongées la journée, à la façon, dont elle avait réussi à cacher son état. Il ressentit un pincement au cœur : il avait été dur avec elle. Aujourd'hui, il en éprouvait du regret car il aurait dû voir ou avoir d’avantage un œil sur elle… Peut être, l’aurait-il même retenu ? A quoi bon ? Tout était confus dans son esprit, il n’arrivait pas à trouver des réponses, ni même avoir une attitude raisonnable.


S’il écoutait son cœur, il descendrait immédiatement dans la cuisine pour pouvoir prendre son fils dans ses bras et regarder le moindre détail de son visage. S’extasier devant le miracle de la vie. Certes, il avait eu le temps de le voir durant la nuit… Mais ce n’était pas suffisant. Il aimerait d’avantage faire connaissance avec lui. Il se surprit lui-même de la manière dont il l’aimait déjà.



Repensant à Kaori dans la cuisine, il pensa à son attitude avec elle. A elle aussi, il demandait pardon. Pardon de son attitude détaché, pardon de ne pas pouvoir faire comme les autres pères, de ne pas le prendre dans ses bras, de ne pas l’embrasser car il estimait qu’ Il n’en n’avait pas le droit.





Sa plus grosse crainte aujourd’hui était que Hideyuki lui en veuille plus tard. C’était peut être absurde de penser cela, alors qu’il n’avait que quelques jours. Mais il avait cette peur enfouie désormais en lui et il n'arrivait pas à se faire à cette idée. Il était certain que son fils le détesterait. C’était normal… Son père n'était qu'un lâche, tout simplement.



Il savait qu’il se construisait en ce moment même une carapace... Une carapace pour affronter le jour où cette proximité serait terminée. Une carapace pour le jour où ils partiraient loin d’ici.


Peut être qu’un jour un autre homme comblerait le vide de ce rôle de père qu'il abandonnait ? Peut-être qu' Hideyuki aurait un jour la chance d’avoir un père affectueux à ses côtés ? Rien que cette idée le fit frissonner et lui broya le cœur.


Il soupira…



Il sentait bien le regard de Kaori peser sur lui chaque fois. Elle scrutait le moindre de ses gestes à l’égard de leur fils. « Leur fils » !!! Quelle douce sensation il éprouvait en énonçant ces mots. Kaori devait le prendre pour un homme insensible face à Hide. Si elle se doutait qu’il était déjà torturé rien qu’à l’idée qu’il ne ferait jamais partie de leurs vies. Il ne voulait tout simplement pas s’attacher à lui : se séparer de lui n'en serait que trop dur.



Son attention fut attirée par une voiture qui venait de se garer. Umi venait enfin d’arriver.


Jetant le restant de sa cigarette, il reprit la direction de l’appartement. Il devenait beaucoup trop sentimental... Ca finirait par lui jouer des tours.

Chapitre 47: Falcon reprend du service!!!


La nettoyeuse qui s’apprêtait à remonter coucher Hideyuki entendit frapper à la porte. Ne sachant pas si elle devait ouvrir ou non, elle continua à remontrer à l'étage. Elle entendit Ryo descendre rapidement et ils se croisèrent sans même s’adresser un regard. La nettoyeuse s’en voulut. C’est vrai qu’elle ne l’avait même pas remercié. Il avait fait un gros effort sur lui-même en allant acheter toute la liste des courses qu'elle avait réclamées. Promis, elle le remercierait plus tard.



Du haut de l’étage, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Le grognement signifiant un bonjour permit à Kaori d'en déduire que Falcon était là. Depuis la naissance de Hide, son respect envers lui avait décuplé.



Ryo, lui, accueillit Falcon, avec un :



- Salut tête de poulpe… C’est ça être rapide ?





- hUMMM se contenta de dire l’ancien nettoyeur. A peine arrivé, il s’assit sur le sofa et croisa les bras.





Ryo, ne voulant pas la situation lui échappe, alla droit au but, bien que de multiples questions l’envahissaient :



- J’aurai besoin de toi pendant quelque temps…



Umi hocha de la tête en attendant la suite



- Je vais devoir faire en sorte que cette rumeur se taise au plus vite… Rien de tel que de trainer d’avantage parmi les indics et faire comme si de rien n'était. Mais pour cela, je dois être sur que quelqu’un puisse veiller sur Kaori et Hide pendant mon absence...



Il se retourna en direction de Falcon :



- Tu es le seul qui est en mesure de m’aider vue l’urgence.. pour ce soir du moins..



Falcon hocha de la tête :



- C’est entendu Ryo..



Ryo fut satisfait !



- Juste le temps de calmer les esprits.. Et ensuite..



Ryo ne termina pas sa phrase.



- Que comptes-tu faires après Ryo ? lui demanda Falcon.



Surpris de cet élan de curiosité, Ryo fit mine de sourire. :



- Je vais prendre mes responsabilités, en mettant Kaori et Hide dans un pays où ils trouveront une vie normale.



Un long silence suivit la décision de Ryo. Falcon, toujours les bras croisés, acquiesça de la tête.



Le nettoyeur palpa sa poche à la recherche d’une cigarette et la mit machinalement à sa bouche. Il avait perdu l'habitude des règles établies par Kaori, qui interdisait, en autres, de fumer dans l’appartement, et fit en sorte de l’allumer.



-Allume pas çà… Ce n’est pas bon pour les bébés, déclara Falcon.



Surpris, Ryo se retourna vers Umi, toujours la cigarette en bouche



- C’est vrai… J’avais oublié que tu es devenu un spécialiste en matière de bébés..



Falcon allait répliquer, mais il se fit devancer par une voix émanant des escaliers :



- Tu ne crois pas si bien dire Ryo, affirma Kaori en descendant.



Elle se dirigea directement vers Falcon.



- Bonjour Falcon, dit-elle en s'adressant à lui avec une joie réelle de le voir.



Fidèle à lui-même, Falcon lui adressa un grognement en signe de bonjour.

Elle se retourna en direction de Ryo et s’avança vers lui. Elle lui prit la cigarette de la bouche.



- Interdit de fumer ici compris ?





Ryo la regarda de travers : il avait oublié le caractère trempé de Kaori.



Contre toute attente, Falcon demanda :



- Comment va Hideyuki ?



Kaori se retourna vers Falcon, tellement heureuse que ce dernier demande de ses nouvelles



- Bien…Très bien !! S’exclama-t-elle.



Excédé par la question de Falcon, Ryo lui lança tout en partant se servir un verre :



- Depuis quand tu t’intéresses aux gamins tête de poulpe ? lui dit il en prenant une gorgée du breuvage ambré.



- Ça suffit Ryo… lui rétorqua Kaori.



Elle était tellement reconnaissante envers Falcon qu’elle ne laisserait pas passer les pics lancés par Ryo..



- Ryo…Tu es devant l’homme qui as mis au monde Hideyuki, alors un peu de respect !!!!



Ryo recracha une partie de la gorgée d’alcool qu'il venait de mettre dans sa bouche. Il avait été tellement choqué par l’annonce de Kaori, qu’il avala ce qui lui restait de travers, l’obligeant à se frapper sur le poitrine..



- Quoi ?? quu.... ce géant à lunette ??? Hideyuki… ????



Ryo ne s’en remettait pas. Prenant peur, Kaori lui vint en aide en lui tapant à son tour sur le dos



Passant son bras sur sa bouche, le nettoyeur fixa Falcon, qui n’avait pas bougé d’un cil.



- Toi.. Tu as fait çà toi ??



Falcon piqua un fard monumental, de la fumée sortit de ses oreilles.



Toujours, dans cet élan d’admiration envers Falcon, Kaori continua :



- Bien sûr qu’il l’a fait !!! Et crois moi, il a assuré et est resté maître de lui-même jusqu’au bout !!



Joignant ses mains, elle déclara à Falcon :



- Merci encore Falcon !!!



- N’en… n’en parlons plus Kaori, lui dit-il toujours aussi rouge.



Ryo eu un sourire moqueur..



- Je t’imagine bien Falcon… C’est décidé, je t’appelle plus tête de poulpe : ce sera Falcon, la sage femme !



Il fut prit d’un fou rire et en tapa du poing sur le meuble, tellement il avait mal au ventre à s'égosiller ainsi.



Falcon restait toujours aussi immobile qu’une statue :



- Mpfffffffffffffff





Kaori allait répliquer quand elle entendit à l'étage les pleurs de Hide. Elle remonta alors directement dans sa chambre.



Falcon se releva, il ne devait pas tarder vue les tensions qu’il avait avec Miki



Le nettoyeur scruta Falcon avec beaucoup de curiosité. Quel choc !!! C’était donc cette tête de poulpe qui avait mis Hideyuki au monde ! C’était le monde à l’envers. Néanmoins, son regard s’adoucit. On pouvait dire que Falcon s’était totalement investi dans cette mission !



Le nettoyeur se rapprocha de Umi ;



- Je te demanderai de venir ce soir pour 23 heures.. Je dois aller prendre la température dans le milieu.



- D’accord, je serai là … Je dois y aller maintenant… Miki commence à se poser des questions..



- Laisse-nous encore un peu de temps... Pour y voir un peu plus clair, lui demanda Ryo



- Bien.. Je rassurerai Miki comme je peux en attendant..



Dans un élan, Ryo lui serra la main fermement :



- Merci… Merci pour tout.



Falcon ouvrit la porte et s’apprêta à partir quand il ajouta :



- Ryo… Comme je t’ai dit, j’ai fait tout çà pour Hideyuki.. Ta décision est prise… Alors profite des moments que tu auras avec lui avant qu’il parte pour New York.. Sinon tu risques de le regretter toute ta vie..



Sur ce, il prit le chemin de la sortie, laissant un Ryo remué par ses paroles.



Il fut tiré de ses pensées par le retour de Kaori dans la pièce. Celle-ci fut surprise de constater le départ de Falcon :



- Oh Falcon est déjà parti ?



- Oui.. Il avait des choses à faire..



Se contentant de cette réponse, Kaori partit en direction de la cuisine. Ils n’avaient pas mangé depuis ce matin. Elle ouvra le frigo et fut surprise : vide. Elle ouvra les placards. Tous étaient vides !



- Mais ce n’est pas vrai !!! S’exclama-t-elle.



Elle se retourna pour rejoindre Ryo mais remarqua que ce dernier était déjà là :



- Ryo… Mais comment faisais tu ?? Les placards sont vides ?? lui demanda-t-elle d’un regard surpris.



- Je me débrouillais..



Le japonais soupira : il aurait dû en profiter lorsqu’il était au centre commercial pour acheter aussi de quoi manger. Il se dirigea alors vers le téléphone :



- On va commander… Je n’ai vraiment plus envie de remettre les pieds dans un magasin pour aujourd’hui.



Satisfaite de la réponse de Ryo, la nettoyeuse retourna dans le salon. Elle fut tentée de regarder par la fenêtre les lumières de la ville… Mais elle y renonça… Impossible. Elle devait se cacher. Elle soupira et se laissa tomber dans le sofa.



- On étouffe déjà Kaori ? lui lança Ryo en revenant dans le salon



- Pour être honnête oui…



- C’est temporaire ajouta-t-il



- Je sais….





Une gène s’installa entre eux. Ils se retrouvaient seuls, Hideyuki dormant à l’étage. Sentant ce malaise flottait dans la pièce, chacun essayait de trouver un sujet de conversation.



- Ryo..



- Hum ?



- Dis moi.. Comment ont-ils fait... Comment ont-ils fait pour me retrouver ? demanda finalement Kaori.



Ryo entreprit d’expliquer ce qu’il s’était passé. A la fin de son récit, Kaori avait les yeux embués de larmes.



- Et.. Et ce pharmacien… Il est... Il est mort ????





Le japonais se contenta d’affirmer la nouvelle par la tête.





Le cœur de Kaori se brisa. Les larmes coulèrent le long de ses joues.



- Tout est de ma faute…



- Ne dis pas ça… Tu n'y est pour rien…C’est le hasard c’est tout...répondit le nettoyeur



- Le hasard n’existe pas Ryo…



- Oh Kaori, je t’en prie !… Ce pauvre monsieur a été une victime de voyous peu scrupuleux, c’est tout. Tu n’y es pour rien.



La sonnette de l’appartement coupa court leur conversation. Prenant les précautions d’usage, et attendant que Kaori se cache dans la cuisine, Ryo ouvrit à un livreur.



Réglant ce qu’il devait, il ferma la porte et alla poser les paquets dans la cuisine.



Il annonça à Kaori en les posant sur la table.



-Voilà… C’est bon ??? Madame est satisfaite ?



Il s’apprêta à repartir dans le salon lorsque Kaori le retient :



- Ryo… Attend..



Le nettoyeur s’immobilisa. Il sentit deux bras lui encercler la taille : Kaori s’était collée contre son dos.



- Merci Ryo… Merci pour… pour ce matin … merci pour les courses de Hide.. Merci.. Lui dit-elle dans un sanglot.



Posant ses mains, sur celles de la nettoyeuse, il lui répondit :



- Mais de rien Sugar…